Devenir mangaka requiert de la patience et de la passion. Deux qualités que revendique Nolwenn Lavigne, 19 ans, dont le rêve est de devenir la première auteure calédonienne de bande dessinée japonaise.
Quelques coups de crayon suffisent à Nolwenn Lavigne pour s’enfermer dans sa bulle. Un univers en noir et blanc où elle invente des péripéties pour ses propres personnages. D’étranges chimères hautes en couleur, rebuts d’une expérimentation scientifique horrible, méprisées par leur créateur et pourchassées par des milices militaires, peuplent ses cases. Sa créativité n’a de limites que les bouts de papier à sa disposition et l’usure de sa mine. L’étudiante de 19 ans, inscrite en langues étrangères japonais et anglais à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, n’a qu’un seul rêve en tête : dessiner et publier ses propres mangas. Elle adore les expressions et les onomatopées, qui retranscrivent les bruitages, des bandes dessinées japonaises. « Les personnages apportent des leçons de vie, une bonne humeur. J’adore leur écriture. » Sa spécialisation universitaire sert cet « objectif de vie » mûrement réfléchi depuis le collège. Plus tard, l’ambitieuse dessinatrice s’en servira pour commercialiser ses premiers tomes en français, anglais et japonais.
PERSÉVÉRANCE
Ses débuts sont prometteurs. Son style, mélange de cartoon et de shōnen, a gommé ses premières esquisses de Nami, Zoro et des autres personnages de l’équipage de Monkey D. Luffy de One Piece qu’elle recopiait pour s’entraîner. Aujourd’hui, la jeune femme s’inspire de Hiromu Arakawa (Fullmetal Alchimist), adule Hirohiko Araki (JoJo’s Bizarre Adventure), respecte Gege Akutami (Jujutsu Kaisen) et adore Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man). « J’ai appris toute seule, en pratiquant tous les jours pour m’améliorer petit à petit. Je suis assez fière de ma progression. »
Un de ses dessins a été récompensé l’an dernier au concours organisé à l’occasion du festival Go Manga. Elle a remporté le premier prix dans la catégorie adulte avec un croquis travaillé pendant trois jours, dans lequel elle avait insufflé « toute son âme ». La jeune femme n’avait jamais dévoilé, en dehors des réseaux sociaux, ses créations. Des aventures que Nolwenn Lavigne peaufine jour après jour dans ses carnets. « C’est toujours en cours que j’ai le plus d’inspiration », reconnaît-elle.
TROIS TOMES EN TÊTE
Deux histoires sont déjà nées du fruit de son imagination. La plus aboutie raconte les fameuses expériences ratées d’un scientifique immoral, les « failed experiments » qui donnent le nom à son manga. « Un savant fou veut créer la fusion parfaite entre les humains et les animaux. Il va utiliser des enfants comme cobayes. Ce seront les seize personnages principaux, explique-t- elle. J’ai commencé il y a environ trois ans. Je suis toujours en train d’écrire l’histoire parce que je veux que ce soit précis et détaillé, sans faille. » Sa matière lui permettrait de réaliser trois tomes. Elle signe déjà son œuvre du pseudonyme Kazu. Avec ses histoires et ses dessins, la future mangaka cherche à « émerveiller » ses lecteurs. Elle sait qu’il y a encore « énormément de chemin à faire ». « Je me considère comme une débutante, il y a du travail et de la marge encore. » Après sa licence, l’étudiante espère intégrer la Human Academy, une école française proposant une filière spécialisée. Un jour, Nolwenn Lavigne sera mangaka. Elle dessinera sans répit, elle fera tout pour être la meilleure.
Brice Bacquet