Les algues, amies ou ennemies ?

© Claude Payri

« Beurk ». C’est souvent ce qui nous traverse l’esprit lorsque, par malchance, notre main, notre orteil ou (pire) notre visage entre en contact avec elles.

Des montagnes de matière gluante se forment parfois sur les plages et l’odeur qui s’en dégage provoque, généralement, un sentiment de dégoût. Les algues nous répugnent autant qu’elles nous fascinent. En Nouvelle-Calédonie, elles attisent la curiosité des scientifiques à partir du XIXe siècle.

Plusieurs grandes figures du territoire, comme le chirurgien naval Eugène Vieillard ou le naturaliste Benjamin Balansa, ont constitué les premières collections de référence entre 1855 et 1872. Au milieu des années 1950 et 1970, les algues calédoniennes connaissent un regain d’intérêt. Le travail d’Ida Catala-Stucki, cofondatrice de l’Aquarium de Nouméa, et de Gabriel Valet, président de la Société d’études historiques, aide à en apprendre davantage sur ces végétaux aquatiques.

Les recherches sont ensuite menées par l’Orstom, puis l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Les différents programmes s’intéressent à l’écologie, aux molécules que contiennent ces organismes, leur taxonomie*, leur histoire évolutive, mais aussi leurs possibles usages.

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Claude Payri et Lydiane Mattio de l’IRD, spécialistes en la matière, contribuent à valoriser et à faire connaître ce patrimoine marin. À travers le monde, les algues font le bonheur de l’industrie agroalimentaire, cosmétique ou du secteur de la santé. Et pourquoi pas ici ? Les espèces locales ont un véritable potentiel. Plusieurs projets sont étudiés pour développer une filière de macroalgues, mais aussi de microalgues.

E.B.

Dans notre dossier

Des végétaux mal-aimés et pourtant si fascinants
Si elles renvoient souvent une mauvaise image lorsqu’elles s’échouent sur les plages, les grandes algues restent indispensables à la biodiversité. En Nouvelle-Calédonie, elles constituent une grande richesse avec presque autant d’espèces qu’en mer Méditerranée. →

Le potentiel des macroalgues examiné à la loupe
Après avoir été longtemps boudées, les algues ont désormais la cote. On les trouve dans l’alimentation humaine ou animale, dans les produits cosmétiques, mais aussi dans les bioplastiques. Lydiane Mattio et Laura Lagourgue les étudient minutieusement afin de les développer localement. →

Des microalgues tout aussi prometteuses
Les grandes algues ne sont pas les seules à susciter l’intérêt. Depuis dix ans, le programme Amical (Aquaculture de microalgues en Nouvelle-Calédonie) étudie la faisabilité de production de microalgues locales. Et les premiers résultats sont encourageants. →

Nicolas Job : « On n’imagine pas la beauté des algues »
Jusqu’au 1er octobre, l’artiste fait découvrir la beauté cachée des algues calédoniennes à travers son exposition Alga ! au musée maritime à Nouméa. Un travail qu’il mène depuis 2016 pour dévoiler cette biodiversité incroyable, mais sous-estimée.→