Rugby : « Accompagner leur rêve »

Depuis le 19 septembre, le rugby est sorti des sports à contraintes particulières impliquant un certificat médical pour les joueurs des écoles de rugby et de rugby touch à 5 (enfants de primaire et collège). La licence qui permet de s’affilier dans ces écoles est gratuite.© Ligue de Rugby

Restructurée, la Ligue de rugby s’attache à promouvoir la discipline sur l’ensemble du territoire, et accompagner les meilleurs vers le haut-niveau. L’accent est mis sur les scolaires.

Douze clubs actifs, près de 1200 licenciés, dont une majorité de moins de 18 ans et de garçons (920 pour 250 filles), l’ovalie a subit une perte de vitesse ces dernières années accentuée par la crise du Covid. À titre de comparaison, le football recense 15 000 licenciés.

Mais en termes de niveau, la donne est incomparable avec plusieurs joueurs en équipe de France à XV (Peato Mauvaka et Yoram Meofana qui sont nés ici et les frères Taofineua), un champion du monde U20 (Brent Luifau), une capitaine de France U18 (Elina Folituu) et plusieurs tricolores en rugby à 7 (Yolaine Yengo, Nisié Huyard, Sefo Siega).

D’autres suivent en Métropole, Anaïk Konyi, Maël Duchateau, Ludovic Taufana. En 2023, sept garçons ont été présentés aux Élites et 4 filles aux Interligues à XV et à 7. Quatre jeunes minimum rejoignent les pôles métropolitains chaque année.

LE RUGBY EN 6e DANS LA MOITIÉ DES COLLÈGES

La ligue, dotée d’une nouvelle équipe et de nouveaux moyens financiers et humains de la Fédération française, s’attèle à relever le challenge sur les effectifs. À l’échelon national, la volonté est de surfer sur la Coupe du monde. L’objectif est de capter les jeunes dès le plus jeune âge, au collège, l’affaire étant plus ardue au lycée.

Après plusieurs années d’une présence importante en UNSS, la discipline a progressivement disparu de la programmation. La réinstauration de la Coupe des collèges en 6e a comme objectif de ramener le rugby au sein des cours d’EPS.

« C’est une opération qui marche très bien », souligne Pierre Forest, vice-président de la ligue. En 2022, 27 collèges dans 18 communes des trois provinces ont dispensé cet enseignement, soit la moitié des établissements pour près de 1 200 élèves (39 % des effectifs).

Les rencontres, organisées par secteur géographique pour huit équipes en finale territoriale, ont été financées par la ligue à hauteur d’1,8 million de francs. Elle travaille avec le vice-rectorat pour améliorer le programme et créer un lien entre les établissements et les clubs à proximité.

Il s’agit de les faire rentrer dans le système en 5e ou en 4e. « Car l’entrée au pôle espoirs va se faire un an avant, dès la 3e, explique Pierre Forest. Les jeunes pourront ainsi prétendre au France Élite Jeunes. On préfère aussi les faire partir en 1ère après un premier semestre en Nouvelle-Calédonie, pour ne pas perturber l’année du bac. »

Le pôle, seule structure du genre en Outre-mer, accueille 20 jeunes du territoire et de Wallis-et-Futuna. Deux CTC, conseillers techniques de clubs, sont déployés par la Fédération pour préparer à l’entrée au pôle : « Ils font tout le brassage des moins de 14 et 15 ans ».

Ils sont les « chevilles ouvrières » de la réforme du rugby français avec le conseiller technique de la ligue pour la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et Futuna, Gilles Estève, qui a pour mission de donner de la cohérence au projet de formation des joueurs et des encadrants, quand le manager Raphael Steyer suit les jeunes en détection fédérale. Des alternants sont actuellement formés à l’encadrement en immersion à la Coupe du monde.

Pierre Forest vice-président de la ligue de rugby et Raphaël Steyer responsable du pôle espoirs © C.M.

JEUX DU PACIFIQUE : « ON A LES BOULES »

Certains jeunes partent avec leur club ou leurs propres moyens en France majoritairement, parfois en Nouvelle-Zélande. « C’est une autre chance qui est offerte », affirme Pierre Forest, qui « croit fondamentalement aux parcours singuliers ». Il ne voit pas non plus d’un mauvais œil ce qui a pu être qualifié de « pillage » des joueurs locaux. « Tous veulent partir, nous sommes là pour accompagner leur rêve. »

Accompagner leur rêve, c’est ce qui n’a pas été fait par le CTOS pour les Jeux du Pacifique, estime Pierre Forest. Le rugby à 7 masculin, jugé trop peu compétitif, n’a pas été sélectionné. « Ces jeux, on en avait besoin pour s’étalonner comme Yolaine Yengo ou Nisié Huyard, 4e et 5e aux Jeux de 2015, qui sont maintenant en équipe de France et vont postuler pour les prochains JO de Paris 2024. »

« On a les boules », résume le vice-président, qui rappelle les sacrifices des joueurs, ceux effectués sur le XV pour cette échéance. Selon lui, « le CTOS est beaucoup plus indulgent avec la voile ou le judo et c’est tant mieux pour les sportifs de ces disciplines », mais elle fait payer la nouvelle équipe pour d’anciens résultats sur des critères politiques et financiers.

« On sait qu’on ne fera pas de podium avec Fidji, Tonga, Samoa. Mais il faut affronter les meilleurs pour progresser. Même la Coupe du monde présente des équipes de niveaux différents avec des résultats intéressants. » Espérons que le rêve demeure, agrémenté par le mondial.

Chloé Maingourd

Pour rappel, trois Fans Zone ouvrent leurs portes en partenariat avec la Ligue à l’occasion des matchs de la Coupe du Monde : Le Rick’s à Dumbéa, le SportsBar du Ramada et le Fronton Etchekhan à Nouméa.

 

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