Tchia, une vitrine virtuelle de la Nouvelle-Calédonie

La sortie du jeu vidéo Tchia pourrait-elle faire connaître un peu plus le territoire et ses cultures ? Sa diffusion sur deux plateformes, des poids lourds du milieu, offre une visibilité inédite.

Survoler le cœur de Voh, nager dans le lagon classé au patrimoine mondial de l’Unesco, marcher dans une impressionnante végétation tropicale… Le jeu vidéo Tchia donne un aperçu pixelisé des beautés du territoire aux joueurs et joueuses du monde entier.

À force d’arpenter les alentours de la poule de Hienghène et de traîner autour du kiosque à musique de Nouméa, ils auront peut-être des envies de voyage en Nouvelle-Calédonie. « On en espère beaucoup, ce sera un bon levier pour promouvoir la destination, confirme Philippe Artigue, directeur marketing et communication de NC Tourisme. Tant qu’on parle positivement de la Nouvelle-Calédonie, on est preneur. »

Les développeurs se sont largement inspirés des paysages, des cultures, de la musique, des langues et des traditions d’ici pour créer leur univers fictif. La garde-robe de l’héroïne regorge de chapeaux, pagnes, robes mission, claquettes et autres vêtements typiques à collectionner.

« L’AMBIANCE DU PAYS »

Tchia peut sortir sa plate, une pirogue en l’occurrence, pour voguer sur le lagon. Et dialoguer en drehu avec certains personnages. « C’est une reconnaissance et c’est original de voir une langue kanak dans un jeu, souligne Cédric Ixeko, responsable communication pour Îles Loyauté Explorer. Si on peut jouer du ukulélé autour d’un feu, l’ambiance du pays sera bien représentée. »

Un large public pourra découvrir cette atmosphère à la calédonienne. Le jeu vidéo est sorti sur ordinateur et sur les consoles de Sony, qui battent des records de vente. Sur PlayStation, il est disponible à travers les abonnements premium, qui proposent chaque mois de nouveaux jeux téléchargeables sans frais supplémentaires. Les différentes formules comptabilisent près de 45 millions d’abonnés.

Sur ordinateur, il apparaît en Une de l’Epic Game Store, une plateforme lancée par le studio à l’origine du succès mondial Fortnite et prisée des joueurs PC. « De la poule de Hienghène aux falaises de Jokin, on revoit tous nos lieux incontournables, c’est une belle opportunité de promotion touristique. C’est aussi une grande fierté pour nous, parce qu’il est fait par des jeunes du pays », poursuit le profes- sionnel du tourisme d’Ouvéa, Lifou et Maré.

UNE NOUVELLE AMBASSADRICE DU TERRITOIRE

© Awaceb

À NC Tourisme, le développement du jeu est suivi depuis son annonce, il y a trois ans. Sa sortie sera relayée sur ses réseaux sociaux pour toucher ses clients métropolitains, japonais, néo-zélandais, australiens et singapouriens. « On s’attend à plus de réactions en France et au Japon, explique Philippe Artigue. Les Japonais sont à fond, c’est quelque chose qui peut plaire. Le nom de Sony crédibilise le jeu pour eux. »

Son succès pourrait contribuer au rayonne- ment du territoire, comme d’autres créations culturelles avant lui. Dans le septième art, le film japonais L’Île la plus proche du paradis continue d’attirer les touristes de l’archipel nippon. Le long métrage, tourné à Ouvéa et tiré du roman du même nom, est sorti en 1984. NC Tourisme y fait toujours référence pour vendre la destination calédonienne au Japon. « Le film et le roman ont dopé le tourisme en Nouvelle-Calédonie pendant vingt ans. Au Japon, notre signature est restée “L’île la plus proche du paradis” », indique Philippe Artigue.

© Awaceb

Dans un tout autre registre, le tournage de la finale australienne du télé-crochet Bachelor attire nos voisins de l’autre côté de la mer de Corail. « Cette émission a une grosse audience en Australie, cela a eu un énorme impact. » En photographie, c’est le cliché de Yann Arthus-Bertrand immortalisant le cœur de Voh qui a fait le tour du monde. « C’est une œuvre culturelle qui est devenue le logo de la destination et le symbole du pays », selon le directeur marketing et communication de NC Tourisme.

Difficile, pour l’instant, quelques jours seulement après sa sortie, de prédire si l’histoire de cette jeune héroïne aux pouvoirs surnaturels aura autant de réussite. Cédric Ixeco espère déjà que l’aventure d’Awaceb en inspirera d’autres pour faire rayonner toujours plus loin les merveilles du lagon et de la chaîne. Une partie de la renommée du Japon repose bien sur un célèbre plombier moustachu et un hérisson bleu supersonique.

Brice Bacquet