Partie gagnée d’avance pour la communauté geek

Les fervents joueurs du territoire avaient inscrit la date du 21 mars en gras dans leur agenda. Tous attendaient avec impatience d’être aux manettes de cet univers incroyable et de découvrir tous les détails typiques de la Nouvelle-Calédonie.

À peine annoncé, déjà acheté. À peine sorti, déjà testé. La communauté geek en a rêvé… Awaceb l’a fait. Mardi soir, les joueurs calédoniens avaient rendez-vous avec leur console et leur canapé pour s’enfermer dans la bulle Tchia. Une œuvre dont ils se languissent depuis de (très) longs mois. « Je suis ce qu’ils font depuis plus d’un an. J’en ai fait le relais sur la page du musée de Nouvelle-Calédonie avant que ce soit à la mode », rappelle Marianne Tissandier, responsable des collections du musée, membre également du Sci-Fi Club. Nils Rouch est tombé dessus en farfouillant sur Twitter, fin 2021. La carte bleue du gamer expérimenté de 26 ans a très vite chauffé. « Un quart d’heure après, il était dans ma bibliothèque. »

Guillaume Hervouët l’a découvert à peu près à la même période lors d’une présentation sur les jeux vidéo indépendants. Le médiateur culturel de la médiathèque de Rivière-Salée a été « ébloui » par les paysages calédoniens. « Ça fait plaisir de pouvoir évoluer dans les décors que l’on connaît. » Quant à Adrien Ductane, président d’Esport NC, il voit ses anciens camarades de classe adresser une véritable « lettre d’amour pour leur terre natale ». Autant de raisons qui les ont poussés à garder Tchia bien au chaud dans un coin de leur tête.

« UNE LETTRE D’AMOUR »

Les images diffusées pour en faire sa promotion ont largement suffi à les séduire. « De tout ce que j’ai vu, je suis très “hypé”. Ils n’ont pas révolutionné le genre non plus, mais ça reste très efficace », confie Nils Rouch. Lui qui a touché sa première manette avant ses 10 ans. Joué sur PC, PlayStation, Game Boy et tant d’autres consoles. « Charbonné » sur des milliers d’univers différents, « streamé » sur Twitch (il s’est même fait tatouer les épées de The Witcher sur le bras). Qui pourrait croire qu’un jeu de plus serait l’événement de l’année ? Et pourtant…

« J’attendais vraiment beaucoup de l’ambiance, de l’environnement, des interactions, les animaux qu’on peut rencontrer, les personnes. Voir les petits détails qui ont pu être amenés, la représentation fidèle des décors comme la forêt humide ou les terres du Sud », dévoile celui qui l’a finalement trouvé « magnifique et vraiment agréable à jouer ». Le président d’Esport NC est soulagé du genre « bac à sable ». « On avait peur qu’il ne soit pas facile pour tout le monde, en fait, il est ouvert à tous. »

« UN JEU VIDÉO EN DREHU, C’EST LA CLASSE »

Marianne Tissandier a très vite été convaincue par les graphismes, les propositions au niveau de la narration et le « soul jumping ». Sans oublier le choix des comédiens locaux et le drehu. « J’ai pu tester Tchia à sa sortie pendant deux petites heures et j’ai adoré ! Il est très beau, très fluide, avec de bonnes idées de gameplay. Et puis un jeu vidéo en drehu, c’est la classe ! » Le côté culturel et tradition, avec la bande originale en langue, a totalement charmé Adrien Ductane. « Ce n’est pas juste un jeu. Il y a un travail de fond. » Un parti pris qui paye déjà.

Guillaume Hervouët en a eu la preuve lorsqu’il a présenté cet univers à des petits Mélanésiens de la médiathèque. « Ils ont été beaucoup touchés d’écouter le drehu et de reconnaître les paysages. » Pour lui, c’est une évidence, Tchia va faire partie de ces jeux coup de cœur. Il va devenir une « des meilleures vitrines du territoire ».

Les geeks d’ici sont très fiers. Car même à l’autre bout du monde des personnes motivées ont réussi à mettre sur pied un beau projet. « Le Pacifique peut être représenté dans ce milieu très complexe qu’est le jeu vidéo et qui regroupe plusieurs domaines artistiques », se réjouit Nils Rouch. Se faire une place dans ce marché mondial n’est pas évident. La partie n’est jamais gagnée d’avance. Mais Marianne Tissandier est confiante. « Tchia peut tirer son épingle du jeu. » Les développeurs peuvent en tout cas compter sur leur communauté calédonienne pour avancer leurs pions.

Edwige Blanchon

Le vocabulaire essentiel pour tout comprendre

Geek : se dit d’une personne passionnée par une activité, dont le jeu vidéo.

Gamers : désigne les joueurs.

Esport : désigne le jeu vidéo de compétition.

Être hypé : se dit lorsqu’on est enthousiaste, excité par un événement.

Streamer : se dit d’un joueur qui retransmet en direct ses parties à travers la plateforme Twitch, par exemple.

Soul jumping : désigne le pouvoir de Tchia de prendre le contrôle de n’importe quel objet ou animal.

Gameplay : désigne les caractéristiques et les mécaniques d’un jeu.