Randonner en toute sécurité

La montée rapide du niveau des rivières est un des principaux dangers dont il faut se méfier. Ici, le gué de la petite rivière bleue de Prony. © J.-F. C.

Ces dernières années, l’engouement dont jouit la randonnée attire des débutants parfois mal préparés à l’activité et aux risques qu’elle peut comporter en montagne. Dans la dernière édition de Nouvelle-Calédonie Sauvage, dont le premier tome est consacré aux treks et expéditions sur plusieurs jours, Jean-Francis Clair rappelle les règles à observer pour s’assurer une sortie sans accroc. 

La crue inattendue d’une rivière, un grand soleil soudain recouvert de nuages menaçants laissant place à de fortes pluies, ou encore la survenue d’un épais brouillard. En Nouvelle-Calédonie, quand il s’agit de s’aventurer en montagne, mieux vaut prendre ses précautions, surtout avant de partir plusieurs jours en autonomie, le temps étant très changeant.

Ce n’est pas pour rien si Jean-Francis Clair, auteur avec sa fille Delphine de Nouvelle-Calédonie Sauvage, treks et expéditions, y consacre une quarantaine de pages. Des conseils valables toute l’année, même si la saison chaude et humide, de janvier à mars, avec les risques de fortes dépressions, n’est pas conseillée pour ces longues randonnées.

« BAISSE DU NIVEAU TECHNIQUE »

Le rappel de ces règles, qui forment une sorte de guide des bonnes pratiques du randonneur, était inévitable. « C’est une question d’actualité, indique Jean-Francis Clair. Depuis deux à trois ans, ça coïncide avec le Covid, il y a eu une explosion de la fréquentation des activités nature, dont la randonnée pédestre. »

Autre constat, évoqué par la majorité des gestionnaires d’installations aussi bien dans l’Hexagone qu’en Nouvelle-Calédonie, « la baisse du niveau technique et de connaissances des pratiquants ». L’afflux de néophytes n’y est sans doute pas étranger. « La popularité de la discipline attire des gens qui se lancent sans se dire qu’il faut être un minimum préparé. » Pour s’en rendre compte, il suffit d’aller sur internet. « On le voit parfois sur les réseaux sociaux dans les groupes dédiés avec des interventions d’une grande naïveté. » D’ailleurs, estime Jean-Francis Clair, l’augmentation des applications outdoor « donne sans doute le sentiment que tout est facilement accessible, ce qui n’est pas vrai ».

DEGRÉ DE DIFFICULTÉ ET ORIENTATION

Or, le randonneur prend des risques à ne pas être prêt : se perdre et se retrouver isolé dans une zone non couverte par le réseau téléphonique, se blesser ‒ voire pire. Le plus grand danger ? « Les rivières et la fluctuation rapide de leur débit et hauteur. Récemment, deux randonneurs partis sur le GR Sud se sont retrouvés bloqués à la Dumbéa par la montée des eaux. » Tout cela peut poser des problèmes de sécurité.

Randonner fait en réalité appel à d’autres compétences que celle de savoir marcher. « Il y a un contexte dont il faut se méfier, ici particulièrement. » La météo, le degré de difficulté de l’itinéraire et s’il est adapté à son niveau, car le terrain calédonien est bien spécifique. « Il est assez difficile, notamment avec des dénivelés parfois importants sur des distances courtes », développe le consultant, ancien professeur de sport.

L’activité requiert également d’être capable de lire une carte et de s’orienter. Il n’est donc pas toujours évident, pour les acteurs du secteur, de faire correspondre la condition physique du marcheur avec celle des itinéraires proposés. « Il existe beaucoup de sentiers, mais ils sont nombreux à être trop ardus pour la clientèle actuelle. Il y a une réelle demande de parcours faciles et familiaux qui ne sont pas encore disponibles. »

En attendant, de petites évolutions sont menées, notamment dans la façon de rédiger les fiches randonnées qui, « de documents arides et un peu techniques », font désormais preuve de davantage « de pédagogie ». « On essaie de s’adapter, il faut arriver à créer de l’interactivité avec ces nouveaux utilisateurs. »

Anne-Claire Pophillat

5 conseils à respecter

Vérifier la météo

Partir tôt car il fait vite chaud

Bien jauger sa forme pour choisir une randonnée adaptée à son niveau

Être équipé : chaussures, short, pantalon long « parce que la végétation peut être agressive », eau, nourriture…

Préparer son itinéraire la veille en regardant la carte et en lisant les topos guides ‒ « peut-être la chose la plus importante ».

 

QUATRE VOLUMES

Nouvelle-Calédonie Sauvage, treks et expéditions est le 1er volume de la réédition de cette bible du randonneur (dernière parution en 2009). Sorti en août aux éditions Thupaca, il s’adresse aux marcheurs confirmés et comporte
une présentation de la Nouvelle-Calédonie, des informations touristiques, des conseils de navigation terrestre, le descriptif détaillé de 16 treks, soit
56 jours de marche dans les provinces Sud et Nord, avec traces et points GPS. Côte oubliée, ascension de la dent de Saint-Vincent, traversé du Dogny de Sarraméa à Canala, GR, etc.

Le deuxième tome, sur les balades à la journée en province Sud, devrait sortir au 1er semestre 2024. Viendra ensuite celui consacré à la province Nord, puis peut-être un sur les Îles. Autre projet en cours, un ouvrage sur les circuits VTT. Jean-Francis Clair envisage également de proposer des livres de randonnées thématiques autour des cascades ou des sites historiques liés au bagne et à la mine.