Alors Tchia, il est bon ?

Tchia n’est pas qu’une aventure en monde ouvert sous les cocotiers. C’est une ode à l’innocence et à la poésie, inspirée par la Nouvelle-Calédonie et développée par un studio fondé par des Calédoniens. Sorti le 21 mars sur PlayStation 4, PlayStation 5 et PC, le nouveau jeu vidéo d’Awaceb raconte la quête d’une petite fille pour secourir son père, enlevé par l’infâme Meavora et ses démoniaques pantins de tissu.

Dire qu’un jeu vidéo s’inspire de la Nouvelle-Calédonie suffit-il à séduire n’importe quel joueur ou joueuse calédonien ? Tchia dépasse cette simple question par l’expérience unique et originale qu’il offre. Au départ, la comparaison avec les dernières aventures de Link (The Legend of Zelda :Breath of the Wild, 2017, Nintendo Switch) saute aux yeux. Tchia peut grimper sur tous les obstacles qui barrent sa route ou planer au-dessus en sortant un deltaplane dans des paysages très colorés.

Naviguer, courrir, voler, rouler, sauter… Tout est possible pour se déplacer. / © Awaceb

En creusant un peu plus, l’influence calédonienne, le ton décalé, l’histoire de cette adolescente habile et aux pouvoirs extraordinaires confèrent au premier jeu inspiré du territoire, une aura particulière. Elle se traduit par cette irrésistible envie d’aller voir ce qui peut se cacher après chaque cocotier. En prenant le contrôle de l’une de ses noix de coco grâce à son don, le « soul jumping » ou saut d’âme, ou en galopant naïvement à travers cette grande terre virtuelle.

Ça de wizz !

Les joueurs qui finiront le jeu à 100 % obtiendront le trophée «Ça de wizz !», une expression locale (aussi écrit « Ça de ouiz !») bien connue pour signifier son admiration ou sa satisfaction.

Sur l’eau, la navigation ne laisse aucun répit. Tchia n’attend pas bêtement derrière la barre. Elle doit se déplacer sur la pirogue pour jauger sa vitesse ou jeter l’ancre. Sous l’eau, l’attention passe d’un détail à un autre, d’un sublime poisson à une paisible tortue. Hors de l’eau, d’innombrables rencontres et découvertes éveillent la curiosité.

ATTENTION LA TÊTE

Après Fossil Echo, un jeu en 2D sans dialogue, le petit studio Awaceb réussit à proposer un monde ouvert, attrayant et convaincant. L’aventure de la jeune fille pour retrouver son père, enlevé par un dieu maléfique autoproclamé souverain de l’archipel, a été saluée par la presse spécialisée française et internationale.

L’intrigue oscille entre humour et gravité, dévoilant à son rythme, parfois trop lent, les différentes activités et mécaniques du jeu. Sans jamais frustrer le joueur ou la joueuse. Toutes les séquences qui ne sont pas à son goût peuvent être zappées à l’aide d’une simple option dans les menus. Le jeu est un appel à prendre le temps de tester tout ce qu’il a à offrir.


Que ce soit de la country ou de la danse traditionnelle, Tchia met en avant la musique du territoire. / © Awaceb

Les développeurs cherchent constamment à renvoyer en enfance, à la poursuite de ce sens de l’étonnement qui pousse à s’émerveiller du moindre petit caillou. Oui, on peut devenir un dugong. Oui, les arbres peuvent servir à catapulter l’héroïne à travers la Brousse. Oui, Tchia peut sauter de cette falaise et planer jusqu’à cet îlot. Et oui, le ukulélé sert autant de moyen de locomotion, de projectile ou de baguette magique que d’instrument de musique.

Dans Tchia, rien que de se déplacer devient un jeu. La plupart du voyage peut se faire en devenant un oiseau ou un cerf. Marre de marcher ? La pirogue permet de prendre le large. Une autre possibilité consiste à propulser un rocher dans les airs pour le posséder avant de le renvoyer plus loin. Et ainsi de suite. Traverser la carte d’un jeu n’a jamais été aussi plaisant.

Tchia doit faire la coutume à certains moments du jeu. / © Awaceb

Cette inventivité peine cependant à renouveler les scènes de combat qui, à force, répètent le même schéma : jeter un objet inflammable sur les diaboliques poupées de chiffon et de bois. Tant pis. À côté, Tchia conserve toutes ses promesses. L’aventure d’Awaceb demeure avant tout un voyage au cours duquel rien n’est programmé.

Brice Bacquet

On aime :

• La bande originale inspirée des sonorités locales, de la country et du kaneka

• L’accessibilité du jeu qui permet à tout le monde de trouver son compte

• L’exploration sous-marine et la liberté de se déplacer en pirogue

• Les détails et le respect de la culture locale jusqu’à la coutume

• Revoir tous les paysages calédoniens magnifiquement modélisés

• L’adorable héroïne Tchia et ses mille façons de la personnaliser

• L’originalité du pouvoir saut d’âme

 

On aime moins :

  • Le système de combat très répétitif sur le long terme
  • Des gros ralentissements et des temps de chargement trop longs
  • Les finitions des personnages
  • Certains bruitages très peu convaincants. Dommage, les claquettes ne font pas « vout-vout »