Mermaid Camille a réveillé la sirène qui sommeillait en elle

Mermaid Camille sera présente à l’Aquarium des lagons, jeudi 22 juin, pour la dernière nocturne dédiée aux dugongs. © E.B.

Le saviez-vous ? Des dugongs serait née la légende des sirènes contée par Homère dans l’Odyssée. À Nouméa, une sirène a refait surface depuis près d’un an. Son nom : Mermaid Camille. Son rôle : vous vendre du rêve.

Splash ! Des nageoires scintillantes brisent les vagues. Splash ! Non ! Si ? Serait-ce possible que ce soit… Des cheveux d’un blond platine éclatant. Une couronne de perles et de coquillages posée soigneusement au-dessus de la tête. Des joues recouvertes de paillettes. Un peu de rouge sur les lèvres. Et surtout des écailles brillantes à la place des jambes… Une sirène ! Une vraie de vrai qui pourrait sortir tout droit d’un conte pour enfants. Voici Pauline, alias Mermaid Camille. C’est son « mersonnage », comme on dit dans le jargon du « mermaiding », l’art de revêtir une sublime queue de poisson et de nager avec. Dans La petite sirène, Ariel rêve de se transformer en humaine. Dans la vie réelle, Pauline, esthéticienne, rêve de devenir l’une de ces créatures légendaires. « J’ai mon institut depuis sept ans à Nouméa. J’avais envie d’un peu plus de fantaisie dans ma vie », confie-t-elle en enlevant les mèches blondes qui lui gâchent la vue à cause du vent.

Le monde aquatique l’a toujours fait vibrer. On peut dire qu’elle est à l’aise comme un poisson dans l’eau. Et si elle alliait cet amour de l’océan avec une activité passionnante et en même temps innovante ? Comme un clown ou un magicien, elle pourrait animer des goûters d’anniversaire. Sauf qu’à la place du nez rouge, elle porterait une queue de sirène. Pauline plonge dans le fabuleux monde du mermaiding, phénomène très populaire aux États-Unis. « Je me suis renseignée et ça été une révélation, autant l’univers que les costumes. Ça a réveillé mon côté créatif. »

DES PAILLETTES DANS SA VIE

Mermaid Camille recherche des tenues sur internet, visionne des vidéos, grapille des conseils. « J’ai fabriqué des hauts avec des coquillages. J’ai cousu une bande de sequins et j’ai rajouté des perles », montre-t-elle fièrement sur son téléphone. Une fois son équipement au complet, place à l’entraînement physique. On ne devient pas une sirène en un battement de nageoire. « On enfile les pieds dans une monopalme. Il faut avoir une bonne souplesse au niveau des chevilles, garder toujours les pieds en pointe pour avoir cette image de poisson. » Pauline en parle comme si elle avait pratiqué toute sa vie. « Je fais de la danse tribal fusion, ce sont des bases de danse orientale, ça m’a beaucoup aidée. » Histoire de se perfectionner en natation, l’apprentie sirène prend un abonnement à la piscine et s’inscrit aux cours d’apnée. « C’était assez rigolo car quand on arrive au club, ils nous demandent pourquoi on vient. La plupart, c’est pour s’améliorer en chasse sous-marine ou être plus à l’aise en PMT », rit-elle en repensant à sa réponse.

DANS LE GRAND BAIN

L’anniversaire de la fille de sa meilleure amie acte son premier événement public. Les enfants apprennent la nage en ondulation, à faire des bisous bulles sous l’eau. « Tu mets ta main près de la bouche et tu souffles, et en même temps tu avances la main. Ça va créer un courant qui va entraîner l’air que tu as expulsé », explique-t-elle. Mermaid Camille cherche à s’adresser à un plus large public. « J’avais démarché l’aquarium de Nouméa et l’équipe est revenue vers moi. » Son activité décalée tombe à pic. L’aquarium a choisi de faire un focus sur le dugong cette année. Le mammifère marin menacé n’est pas étranger au mythe des sirènes. « Les marins, qui n’avaient pas bu que de l’eau sur les navires, pouvaient les confondre avec des sirènes », sourit- elle. Une opportunité qu’elle saisit afin de donner vie à son personnage.

© E. B.

La voici dans son élément, au milieu du corail et d’un requin léopard. Ici, elle peut incarner Mermaid Camille et la réinventer à l’infini. « Je mets des lunettes de piscine car comme il y a beaucoup de décors, je suis obligée de voir là où je suis. Je ne veux pas déranger les poissons », insiste-t-elle. L’avantage, c’est que lorsqu’elle s’approche de la vitre, elle distingue des enfants émerveillés et des mains qui essayent de l’attraper. En retour, elle leur envoie des baisers qui éclatent contre la vitre. Le bonheur qu’elle aperçoit sur leur visage efface bien les moqueries auxquelles elle fait face. Car oui, bien sûr, se changer en sirène peut paraître insensé et étrange. Mais si c’est ce qui lui plaît ? « J’ai eu des moments de doute mais je me suis reboostée. Je crois en ce que je fais. » Laissons simplement Mermaid Camille nous émerveiller avec son rêve de princesse des mers.

Edwige Blanchon

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