Échanges ouverts sur l’intimité

Samar Hachem, engagée dans une discussion bienveillante avec les femmes du quartier.

L’association Les Kimonos du cœur continue d’organiser en 2024 des ateliers de prévention les mercredis après-midi au dojo Antoine Kombouaré avec le groupe Sofical. Cette semaine, place à un thé sur la santé affective et sexuelle.

L’atelier organisé en 2023 sur ce thème à destination des adolescentes avait peu attiré. Sauf les mères et grands-mères du quartier des Tours de Magenta. Raison pour laquelle l’association leur a dédié ce rendez-vous avec la même intervenante, Samar Hachem, professeure et formatrice en prévention affective et sexuelle dans les établissements scolaires. Avec elle pour cette séance, Alice, Evelyne, Elvina… En tout, une dizaine de femmes.

Catherine est mère de quatre enfants, elle a trouvé l’idée de cet atelier très intéressante. « Je suis là pour écouter et m’inspirer pour avoir ce dialogue avec eux. » La démarche est la même pour les grands-mères.

« Avancer avec notre temps »

Toutes affirment que la sexualité est un tabou religieux, coutumier, social, familial. « Presque quelque chose de sacré », selon Alice. Pour leur part, elles n’ont jamais été sensibilisées lorsqu’elles étaient jeunes. « Même pas aux règles, on ne comprenait pas ce qui nous arrivait. » Mais elles ont conscience qu’il faut maintenant « surmonter la gêne » pour accompagner les jeunes, filles ou garçons. « Il faut oser, avancer avec notre temps. »

Samar, également mère de quatre enfants, abonde. « Ils ont accès à plus de choses par internet et ne savent pas forcément comment gérer cela. Nous, on intervient deux heures par an auprès des élèves donc ce n’est rien, c’est à vous de prendre le relai. »

Alice a déjà sauté le pas. « J’ai peur que mes filles aient des enfants avant de se marier. Je préfère qu’elles fassent des études. J’ai réussi à surmonter cette gêne et à leur expliquer comment il faut se protéger. » Sa voisine explique aussi qu’elle les fait asseoir et leur explique les choses. « Ils ont de la chance. »

Idées reçues 

Le groupe estime néanmoins qu’il y a encore beaucoup d’ignorance. Entendu ici et là ce florilège : « les règles, c’est sale, ça pue », « ça empêche de faire du sport ou de se baigner à la mer », « si on se baigne les règles s’arrêtent », « le bébé, les règles et le pipi sortent par le même trou ».

Samar Hachem leur donne des clés pour répondre. « Les règles, c’est ce qui fait que l’on peut donner la vie. C’est le berceau du bébé en devenir. Et ce que l’on sent, c’est l’odeur du sang et non, le pipi ne sort pas par le même trou. » Pour elle, ces fausses idées illustrent cette pensée selon laquelle les règles c’est mal, comme la sexualité.

La séance s’est ensuite poursuivie par une série de questions enga- geant une discussion autour de la virginité, les violences envers les femmes, les viols, la notion de consentement au sein même du couple et les inégalités entre les femmes et les hommes notamment en matière de règles, de contraception. « En fait, ce sont toujours les femmes qui trinquent », note une participante. L’information est justement là pour faire évoluer les mentalités.