Ludik avance ses pions

Ludik Michel-Ange fête son premier anniversaire en octobre © B.B.

Il y a un an, l’enseigne de la Vallée-des-Colons s’implantait à Motor Pool. La librairie et magasin spécialisé en profitait pour agrandir et développer son offre de jeux de société. Les rayons arborent aujourd’hui des milliers de références.

L’oeil non initié pénétrant pour la première fois à Ludik ne d’abord pas où se poser. Enchanté par les illustrations, intimidé par l’offre pléthorique ou intrigué par certains rayons, il s’égare dans les étagères de la boutique de Nouméa qui semblent presque s’écrouler sous le poids de tous les jeux de société qu’elles supportent.

« Nous avons aujourd’hui plus de 2 000 références, en excluant les cartes à collectionner, précise avec fierté Sébastien Boudon, gérant de Ludik depuis 2014. Ce qui est beaucoup plus qu’une boutique classique française. » Le joueur, curieux de sortir des plateaux de Monopoly ou de La Bonne Paye, ne reste pourtant pas longtemps hébété. « On oriente les clients vers des jeux simples à prendre en main. Ce qui est peut être compliqué pour quelqu’un qui n’en a pas l’habitude, c’est apprendre une règle. »

Bienvenue à Ludik Michel-Ange. Cette nouvelle antenne, ouverte en octobre 2022, est entièrement dédiée aux jeux de société. Mis à la porte de la Vallée-des-Colons par le phénomène manga, les boîtes de figurines et les paquets de cartes ont trouvé refuge à Motor Pool. Un pari « difficile », mais payant. « Nous avons gagné une autre clientèle. Nos passionnés viennent ici, mais de nouvelles personnes qui ne connaissaient pas franchissent le pas de la porte. »

Résultat aussi d’un long travail de promotion de toutes celles et ceux qui ont participé à l’aventure Ludik. En 2012, la société proposait des soirées jeux à domicile. En 2014, avec Sébastien Boudon et deux autres associés, elle s’est mise à la vente en ligne, avant de se matérialiser à la Vallée-des-Colons en 2016.

« Depuis qu’on a ouvert, on a eu une belle croissance. Cela a permis de faire pas mal découvrir le jeu auprès des familles, mais aussi des écoles qui cherchaient à apprendre aux enfants à perdre, soutient-il. Le Covid a créé un bond en termes de ventes. Les foyers qui ne connaissaient rien se sont équipés. On a fait découvrir des jeux 100 % famille, comme Les Aventuriers du rail ou Catan. »

ENGOUEMENT

Les Calédoniens ont pris goût aux parties à la maison ou chez des amis. « Quand je suis arrivé en 2014, ce n’était pas dans les mœurs. » Des communautés de joueurs se sont organisées sur les réseaux sociaux.

Les jeux d’ambiance se hissent sans contestation en haut du top des ventes. «Skyjo est le numéro 1. Il finira comme le Uno, toutes les familles l’auront », prophétise Sébastien Boudon. Dixit et ses extensions cartonnent chaque année. Les jeux d’évasion, inspirés du succès mondial des salles d’escape game, tirent leur épingle du jeu, portés par Unlock ou Exit. Ces best-sellers attirent au-delà du monde restreint des passionnés. « Notre clientèle s’est développée. On touche plus de Calédoniens qu’il y a 3 ou 4 ans », constate Sébastien Boudon.

À l’instant de souffler la première bougie de la boutique, l’équipe Ludik souhaite continuer à « populariser et à démocratiser » le jeu de société. « Si on se cantonne à un public averti, on ne peut pas vivre. La niche est beaucoup trop petite. »

Les soirées en partenariat avec le Fronton basque, à Nouméa, contribuent depuis 2014 à élargir sa clientèle et le nombre de joueurs. « Elles ont vraiment permis de faire rentrer le jeu dans les foyers. » Une salle doit en plus être aménagée à l’étage du magasin de la route de l’Anse-Vata. Des initiations aux jeux plus complexes et des tournois thématiques y seront organisés. « On veut mettre en relation les joueurs. » Si tous les Calédoniens ne le sont pas encore, il y a un « potentiel de développement » indéniable.

Brice Bacquet

Par où commencer ?

Marre du Scrabble, envie d’une enquête plus poussée que la résolution d’un Cluedo ou de tout simplement jouer à votre premier jeu de société ? De nombreuses possibilités s’offrent à vous parmi les milliers de références. « On oriente d’abord vers les grands classiques modernes : Dixit, Aventuriers du Rail ou Catan, explique Sébastien Boudon. Ils ne sont pas plus compliqués que jeter les dés du Monopoly ou payer les factures de La Bonne Paye, mais ils apportent des mécaniques totalement innovantes. »

Le plateau de Carcassonne se construit par exemple au fur et à mesure.
Dans Catan, il est possible de commercer avec les autres. « Quand un joueur a fait le tour de ces jeux, on essaie de comprendre ce qu’il aime et de l’orienter vers les « familiales plus », à mi-chemin entre le jeu simple et expert. » Et il y en a pour tous les goûts : bluff, coopération, évasion,
bataille, conquête… À vous de jouer !

Dans notre dossier

Ils forment la communauté des créateurs de jeux de société
Un collectif de joueurs s’est récemment constitué, aspirant retrouver un jour en magasin un des univers qu’ils ont imaginé. Un travail de longue haleine qui implique des réunions, des tests, du temps et beaucoup de passion. →

Jeux de société : sur les étagères de l’expert
Sébastien Boudon, gérant de la boutique spécialisée Ludik, délivre une sélection non exhaustive des jeux de société à avoir, à tester, à découvrir ou à attendre la sortie pour les débutants, les amateurs et les fins connaisseurs. →

Les jeux de société raflent la mise
Ils nous font passer du bon temps en famille, nous mettent au défi face à nos amis, inculquent des valeurs aux enfants. Ces dernières années, les jeux de société n’ont plus le temps de prendre la poussière. →

Au Spot, la partie ne fait que commencer
Depuis le 26 juillet, le premier bar à jeux de société de Nouméa étanche la soif et rassasie les passionnés de dés, de cartes, de tuiles et de pions. Bonus : son créateur, Victor Bergon, propose des boissons sans alcool 100% locales. →