Les sportifs à l’épreuve du changement climatique

Depuis la crise sanitaire, David Esposito remarque que la pratique du VTT est en plein essor. (© Photo Action)

Course à pied, voile, va’a, VTT : quel avenir pour ces sports dans un monde voué à subir de plein fouet les événements climatiques extrêmes ? Revoir sa pratique, les équipements, les compétitions… La parole aux sportifs calédoniens David Esposito et Angélique Plaire.

Comment continuer à exercer sa passion lorsque les pics de chaleur nous font suffoquer, que la montée des eaux commence à nous menacer et que notre bilan carbone grimpe dès qu’il faut se déplacer ? Les sportifs subissent directement les conséquences du changement climatique et se posent déjà des questions sur leurs pratiques. Que ce soit lors de leurs entraînements ou durant les compétitions.

David Esposito, champion de VTT, se souvient très bien des courses annulées en Australie suite aux mégafeux qui avaient ravagé le pays. « C’est le premier impact sur le compétiteur dans la zone. » Il se rappelle aussi des images sidérantes des championnats du monde d’athlétisme de Doha, en 2019, lorsque les marathoniens tombaient comme des mouches. « Ce qui m’a choqué en tant que sportif, c’est que la santé des athlètes n’avait absolument pas été prise en compte. »

S’adapter au monde qui se transforme semble le premier défi à relever pour tous les pays, en revoyant, par exemple, le calendrier des grandes compétitions. « Actuellement, on voit bien qu’ils organisent des événements majeurs là où il y a de l’argent. Pour le sport de haut niveau, il ne faut pas voir que le côté économique », souligne le sportif.

S’ACCLIMATER

Sur le territoire, la question de l’adaptation au climat se pose déjà, surtout en pleine saison chaude. David Esposito pédale de moins en moins à midi. Lorsqu’il travaille le matin à 7 heures, il est sur son vélo à 5 heures. « C’est du bon sens. C’est aussi mon âge », sourit-il. Le cycliste fait moins de déplacements et limite ses allers-retours.

La traileuse Angélique Plaire pense que sa discipline n’est pas menacée « tant que l’on écoute son corps et ses besoins ». (© D.R.)

L’athlète Angélique Plaire, spécialiste de l’ultra-trail, doit également jongler entre sa passion, le sport d’endurance, et les dangers de l’exposition au soleil. « Il y a un besoin de mieux s’hydrater pour éviter les crampes et les problèmes de déshydratation. » Lorsque les traileurs de l’Hexagone pratiquent du ski en décembre et janvier, les traileurs calédoniens, eux, optent pour des sports aquatiques, tout en s’entraînant à des heures moins exposées aux fortes chaleurs.

Seul hic. « Les compétitions sont fixées aux heures des organisateurs et la plupart des trails ici sont pratiqués le matin. Donc s’entraîner uniquement le soir ou tôt le matin reste dangereux », rappelle la championne. Pour elle, il est essentiel de réussir à s’adapter à toutes les températures « de manière intelligente », avec un coach, des conseils nutritionnels et un avis médical régulier.

Bien sûr, les lieux où se pratiquent les différentes activités devront aussi être repensés. Les villes vont être contraintes de prendre en compte cette problématique dans leurs futurs aménagements. « Essayer de favoriser des endroits avec plus d’ombre, des parcs, des points d’eau, augmenter la ventilation naturelle des salles », développe David Esposito. Pour que les sportifs puissent toujours s’épanouir et pratiquer, sans se mettre en danger. « En Nouvelle-Calédonie, il y a un manque cruel de système d’ombrage, dans les zones de workout par exemple », relève Angélique Plaire.

LE VÉLO, LE SPORT D’AVENIR ?

À terme, certaines disciplines risqueraient même de se raréfier. On pense bien sûr aux sports d’hiver : ski, biathlon, snowboard… Mais aussi aux sports nautiques, comme le surf. Le VTT, lui, semble échapper à ce phénomène. « Au niveau mondial, la pratique sportive du VTT, je pense qu’elle n’est pas du tout menacée, au contraire. C’est en vogue. Pas besoin de carburant et on n’émet aucun gaz à effet de serre… Et en plus d’être à la mode, c’est intéressant pour la santé », indique David Esposito.

La pratique du vélo a explosé ces dernières années. La montagne, par exemple, mise davantage sur cette activité afin de compenser le manque de neige certains hivers. « On voit naître de plus en plus de stations de sports d’hiver qui développent des équipements pour le VTT. » Entre la crise sanitaire et le changement climatique, « tous les feux sont au vert » pour les fous du vélo.

Edwige Blanchon

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