Grâce à la Ressourcerie, rien ne se perd, tout se récupère

Lionel Rieux, vice-président de la Ressourcerie, est aussi responsable du pôle réparation. / © E.B.

Le lieu situé rue de l’Alma fait partie intégrante du paysage calédonien. Depuis sa création en 2019, près de 100 tonnes d’objets vendus à prix mini ou distribués à des associations ont trouvé une seconde vie grâce à l’implication des bénévoles et des salariés.

Certains mots ne figurent pas dans le dictionnaire des ressourceurs : démodé, gaspiller. En revanche, le vocabulaire est très riche à la page des « r » : revaloriser, réutiliser, réparer, recycler…

Ces mots illustrent le travail hors norme réalisé par les membres de l’associa- tion depuis 2019. Quatre ans que les objets qui passent entre les mains des bénévoles et salariés de la Ressourcerie retrouvent une nouvelle famille. Quatre ans que leurs actions ont conquis le public.

Les Calédoniens donnent, récupèrent et font de plus en plus de bien à la planète. « Ils se sentent un peu plus concernés. Il y a une vraie prise de conscience. Il n’y a pas besoin d’aller très loin. On observe à l’œil nu l’impact du changement climatique en Nouvelle-Calédonie », souligne Amélie Toureau-Tabard, coordinatrice.

Aujourd’hui, tout le monde s’est approprié ce lieu, aussi incroyable que la caverne d’Ali Baba. Un pari réussi pour toute l’équipe qui contribue à le démocratiser et à déculpabiliser ceux qui le fréquentent. « Il y avait une gêne de certaines personnes qui disaient avoir les moyens d’acheter neuf. Ils avaient l’impression qu’en venant ici, ils empêchaient ceux en situation de précarité de pouvoir en bénéficier. Ça a été un gros travail de communication.»

À la recherche de nouveaux locaux

Depuis 2020, la Ressourcerie occupe l’ancien centre de tri de l’OPT qui leur a été mis à disposition gracieusement dans le centre-ville. L’association doit libérer les locaux au premier semestre 2024.

La seule solution pour que l’équipe poursuive ses activités serait qu’un local leur soit financé. « On est reconnu d’intérêt général donc on est éligible au mécénat », rappelle Amélie Toureau-Tabard. Les personnes intéressées peuvent contacter l’association par mail : ressourcerienoumea@gmail.com

 

Cette fois, les Calédoniens l’ont bien compris. Tout ce qui entre ici doit retrouver une nouvelle vie. Peu importe par quel circuit. « La vente va nous permettre de faire tourner l’association. Le don va faire rayonner la Ressourcerie. On a ensuite le circuit de la transformation où on va réparer », explique la coordinatrice.

TOUT SE TRANSFORME

Cette mission incombe au vice-président, Lionel Rieux, responsable du pôle réparation. Avant, c’était chez lui qu’il passait des heures à bidouiller les appareils électroniques et le petit électroménager. « Dans ma famille, ça fait des décennies que je répare tout », confie- t-il.

Il sait remettre à peu près n’importe quoi en état… mais passe une majorité de son temps à démêler des câbles. Et lorsque la machine qu’il a entre les mains lui donne trop de fil à retordre, il démonte tout en pièces détachées. Des trésors parfois très recherchés qui auront prochainement leur espace de vente dans la boutique.

© E.B.

Comme Lionel Rieux, une soixantaine de bénévoles sur une centaine s’investissent à 200 %. Il y a ceux qui refont les puzzles chez eux afin de vérifier qu’ils sont complets, ceux qui trient des montagnes de vêtements, ceux qui fignolent de la petite couture. Michèle, 74 ans, est chargée de revaloriser les sacs, les casquettes, les valises. « Je viens aussi souvent que possible », dévoile-t-elle.

Quand tous ces efforts surhumains ne suffisent pas à remettre les objets sur pied, Emma Pala prend le relais. La styliste modéliste de profession, qui pilote le pôle création, fabrique du neuf avec du vieux. Tous les déchets non réutilisables sont détournés : boucles d’oreilles, trousses, déguisements… « On peut faire avec pas grand-chose », assure-t-elle.

Grâce à l’art, elle interpelle les consommateurs sur le fléau des déchets. L’équipe de la Ressourcerie ne manque pas d’idées pour inviter à réduire au maximum son impact environnemental.

Beaucoup rétorquent que la seconde main est « à la mode ». La coordinatrice ne peut que s’en féliciter. Si les Calédoniens préfèrent acheter un jean, une robe ou de la vaisselle chez eux… Eh bien « tant mieux ! ».

Edwige Blanchon

Une ressourcerie à Boulouparis

Boulouparis aura sa propre ressourcerie d’ici la fin de l’année. L’association Boulouparis Solidarité porte le projet. Elle a reçu une subvention de la province Sud dans le cadre du budget participatif qui couvrira 80 % de l’investissement.

La municipalité a offert un terrain. « Nous voulons dynamiser le lien social, ce sera avant tout un lieu de rencontre et d’échange avec un café solidaire et une ressourcerie », explique Rosemonde Verdier, présidente de l’association créée en 2020 pour venir en aide aux plus démunis.

Le lieu accueillera des conférences, des expositions, des ateliers et d’autres animations. C’est une manière pour Boulouparis Solidarité de pérenniser son action. Avec sa quarantaine de bénévoles, l’association organise  régulièrement des événements ou des ventes de vêtements solidaires.

 

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