[Dossier] Bientôt un chocolat 100% Calédonien

Si une filière émerge, des équipements devront être aménagés, comme des séchoirs à fèves. Ici, la plantation de Biscochoc à Malekula, au Vanuatu. © Biscochoc

La Nouvelle-Calédonie a connu plusieurs vagues d’introduction de cacao au XVIIIe, XIXe et XXe siècle, retrace, dans une note, François Japiot, à la tête du pôle végétal de la Chambre d’agriculture et de la pêche jusqu’à la fin de l’année dernière, « à l’instar des autres pays de la zone mélanésienne » avec, entre autres, des « cacaoyers hybrides de Malaisie et de Côte d’Ivoire ». Il existerait d’autres introductions « difficiles à pister » mais, pour François Japiot, « il est clair que certains ont une origine américaine plus ou moins directe », en raison de la présence de Criollo à fèves blanches. La variété qui fonde le caractère « rare » et « exceptionnel » du cacao calédonien. Des arbres « originaux et productifs », d’après l’expert Philippe Bastide, au comportement « remarquable ». « Certains individus peuvent porter plus de 60 cabosses [la moyenne mondiale étant de 12 cabosses/arbre/an] », mentionne François Japiot.

Philippe Bastide, en mission sur le territoire en 2022, confirme le potentiel dans son rapport. Vu les coûts de production élevés et la qualité du chocolat, « il faut s’orienter vers une filière de niche à forte valeur ajoutée ». Plus de cent ans après les premières expérimentations inspirées du Vanuatu, l’aventure est sur le point d’être relancée.

Depuis trois ans, la Chambre d’agriculture anime un groupe de travail cacao visant à structurer une filière porteuse d’espoirs, reposant sur des cacaoyers sauvages présents un peu partout, notamment sur la côte Est, région au climat favorable à la pousse de ces végétaux exigeants (du soleil mais pas trop, de l’ombrage, peu de vent, de la pluie mais pas d’eau stagnante…) et sensibles aux maladies et aux ravageurs. Un nouvel axe de développement économique pour les cultivateurs.

L’opération pilote, portée par la CAP-NC, le groupement agricole des producteurs de la côte Est et Biscochoc, prévoit de réaliser un test grandeur nature de collecte et traitement des fèves en vue de produire la première gamme de tablettes au chocolat calédonien à la fin de l’année, lors de l’inauguration de sa nouvelle usine à Nouville. Ce projet s’inscrit dans la stratégie de la société de chocolaterie axée sur le Pacifique. Après le Vanuatu, pays de provenance de la totalité du chocolat fabriqué à Ducos, Biscochoc se tourne vers la Nouvelle-Calédonie et vise les Salomon. Au-delà de l’industriel, estime Philippe Bastide, des chocolatiers seraient également intéressés « pour satisfaire une demande réelle et forte et pour valoriser l’image locale ».

A.-C.-P.