Une maison seconde main

Le canapé en cuir et le miroir font partie des objets favoris de Stéphanie Robveille, qu’elle possède depuis de nombreuses années. L’écueil du marché de l’occasion, estime-t-elle, est de s’en servir pour « se donner bonne conscience en surconsommant ».

Stéphanie Robveille est tombée dedans il y a 16 ans et n’en est jamais sortie. Vêtements, meubles, livres, électroménager : une grande partie de ce qu’elle utilise au quotidien est d’occasion. Elle réalise ainsi des économies, consomme moins et mieux, tout en faisant un geste pour l’environnement.

De la terrasse au salon, de la chambre des enfants aux affaires de camping, chez Stéphanie Robveille, la seconde main est partout, même si elle ne se voit pas. Impossible de faire la différence avec du neuf.

L’histoire a commencé il y a 16 ans, à la naissance de son premier enfant. « J’ai trouvé ça ridicule de mettre autant d’argent dans une chambre de bébé. » Elle prend alors tout d’occasion. « C’est un monde qui s’est ouvert à moi. » Un monde de bonnes affaires. Notamment pour les vêtements, qui se portent très peu. « J’ai ce souvenir d’avoir investi trois euros dans une veste taille trois mois vendue 90 euros dans le commerce. »

Stéphanie Robveille vit en Métropole et se fournit dans les vide-greniers. « J’ai commencé comme ça, et ça s’est accéléré. » Surtout depuis qu’elle réside en Nouvelle-Calédonie. « Ce système fonctionne très bien, on trouve beaucoup de choses en très bon état. » Habits, meubles, électroménager, appareils électroniques, vélos… Avant d’acheter, elle regarde d’abord ce que propose le marché de la seconde main. C’est plus ou moins long. Il lui a fallu trois mois pour dénicher un lave-vaisselle.

Mais cela lui permet aussi de réfléchir à l’utilité de son acquisition. « En la différant, je réalise souvent que ce n’est pas nécessaire, que je peux me débrouiller autrement. » Conséquence : elle consomme moins. Et quand elle trouve, c’est la double récompense. « On est content de dégoter l’objet en question, il y a un vrai bonheur à fouiner, et l’attente décuple le plaisir, donne davantage de valeur aux choses. » Le neuf, c’est quand elle n’a pas le choix. Et à une condition : que ce soit de la qualité.

NE PAS S’ENCOMBRER DE SUPERFLU

Stéphanie Robveille a converti toute la famille. « On utilise 30 % de notre garde-robe, alors je leur ai dit qu’on allait s’en contenter. » L’aînée de la fratrie adhère complètement. À tel point qu’elle ne demande même pas d’aller faire les boutiques. « Elle adore chiner dans les brocantes. Une fois, on était dans un mall en Australie, et elle m’a dit, “toutes ces fringues uniformes, c’est étouffant”. » Les tenues déjà portées sont un moyen, a contrario, d’exprimer son individualité. D’ailleurs, dans sa chambre, tout a déjà été utilisé. Lit, bureau, étagère, fauteuil, ordinateur, piano.

Chaque objet a son histoire. Je peux dire pourquoi, où et dans quel contexte je l’ai acheté. C’est une sensation agréable.

Plusieurs déménagements ont aidé Stéphanie Robveille à ne plus s’encombrer du superflu et à sélectionner. « Je me suis sentie oppressée par tout ce qu’on avait, alors en venant ici, on a décidé de ne garder que ce qui est important, utile, je n’ai plus envie d’avoir trop de choses. » Une simplicité qui donne
de la proximité avec les objets. « Chacun a son histoire. Je peux dire pourquoi, où et dans quel contexte je l’ai acheté. C’est une sensation agréable. »

L’argent ainsi dégagé, Stéphanie Robveille l’investit avant tout dans les activités extrascolaires de ses trois enfants, « dans des biens non matériels ».

« C’EST LIBÉRATEUR »

Avec son engagement bénévole au sein de la Ressourcerie en 2019, elle réalise les conséquences de la surconsommation. « Se tenir devant les montagnes de vêtements que l’on reçoit… Tu t’arrêtes et tu te dis : bon, ça ne sert peut-être à rien d’arriver en premier à une braderie pour trouver la bonne affaire. Cela a un effet libérateur. C’est difficile de lâcher au début, mais ça fait tellement de bien. »

Stéphanie poursuit son cheminement. Il y a eu les couches lavables pour les enfants. Aujourd’hui, le papier toilette a laissé la place (sauf pour les invités) aux lingettes lavables et à une douchette. La seconde main s’est fait une large place à Noël et l’offre d’activités (accrobranche, etc.) a remplacé le traditionnel cadeau aux anniversaires.

« Si, au départ, je me suis mise à l’occasion pour une raison pécuniaire, la démarche est devenue environnementale. » Un mot revient régulièrement. La sobriété. Stéphanie veut aller plus loin. « Cela fait 16 ans et il reste encore une grande marge de progression. »

Anne-Claire Pophillat (© A.-C.P.)

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