[DOSSIER] COP 27 : l’Australie veut faire partie de la solution

Le plus grand pays du Pacifique Sud a opéré un virage à 180° en matière climatique, depuis les élections de mai dernier et l’arrivée au pouvoir des travaillistes. La COP27 était l’occasion de montrer ce nouveau visage.

En élisant un gouvernement travailliste et de nombreux élus verts et indépendants au Parlement, les Australiens ont montré clairement en mai dernier leur volonté de voir leurs dirigeants prendre la question de la lutte contre le changement climatique à bras- le-corps, après une décennie d’inaction.

Les précédents gouvernements conservateurs de ce grand pays exportateur de charbon et de gaz figuraient parmi les plus réticents au monde, allant jusqu’à supprimer, en 2014, la taxe carbone visant les industries polluantes. Désormais, explique Annelise Young, Consule générale d’Australie en Nouvelle-Calédonie, « la responsabilité du gouvernement est de répondre à cette volonté du peuple ».

Plusieurs pays de retour

Il est intéressant de noter que cette COP27 a vu le retour de grands pays dans une dynamique plus vertueuse après des élections nationales : l’Australie, mais aussi le Brésil (candidat à l’organisation de la COP30) et les États-Unis. Une bonne nouvelle pour le monde.

 
« L’Australie veut faire partie de la solution », avait annoncé Penny Wong, ministre des Affaires internationales, en prélude de la COP27 et, selon Chris Bowen, ministre du Changement climatique et de l’énergie, « elle se réengage comme partenaire constructif, positif et volontaire pour faire face aux enjeux climatiques ».

Des enjeux qui concernent directement le pays, frappé de plein fouet par les conséquences des dérèglements climatiques (méga feux, inondations, etc.) et plus largement les États et territoires insulaires du « Pacifique Bleu », partenaires de l’Australie, et tous les pays vulnérables.

« SUPERPOWER » DU RENOUVELABLE

Depuis le mois de mai, les signaux sont effectivement au vert. Le gouvernement a attribué un ministère du Changement climatique et de l’énergie et a nommé plus récemment une ambassadrice pour le changement climatique, Kristin Tilley, chargée des négociations à la COP.

En août et septembre, la Chambre des représentants, puis le Sénat ont voté la loi du gouvernement (Climate Change Bill) revoyant à la hausse les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 43 % par rapport à 2005 d’ici à 2030 et consacrant celui de la neutralité carbone d’ici à 2050. Si certains la souhaitaient plus ambitieuse, tout le monde concède qu’elle représente néanmoins une première étape positive.

Le plan inclut un objectif de 82 % d’énergies renouvelables dans la décennie. « Le gouvernement a abondé un fonds de transmission à hauteur de 20 milliards de dollars australiens pour soutenir le développement de nouvelles lignes qui permettront d’alimenter une grande partie du pays avec ces énergies propres », détaille Annelise Young.

Dans les tuyaux également, une exonération pour les véhicules électriques, des politiques pour le secteur industriel. Dans les prochaines semaines, le ministre Chris Bowen doit présenter un inventaire exhaustif de tous les moyens qui seront mis en place pour remplir les engagements.

L’Australie pense aussi aux « immenses opportunités économiques » relatives à la transition énergétique et veut devenir un « superpower » des énergies renouvelables. Et « restaurer la crédibilité de l’Australie en matière de climat est un élément central pour attirer des investissements, garantir une énergie moins onéreuse, de nouvelles industries porteuses d’emplois ».

CANDIDATE POUR ACCUEILLIR LA COP31

La COP27 constituait une bonne opportunité pour se repositionner sur la scène internationale et régionale. Dans le cadre des discussions globales, « la délégation australienne s’est déclarée en faveur d’un objectif de réchauffement au plus près des 1,5 °C et de l’accélération de la transition énergétique », souligne la Consule générale.

L’Australie s’est également positionnée en faveur de fonds financiers distincts pour les « pertes et dommages » aux pays vulnérables et l’aide à la résilience. Le ministre du Développement international et du Pacifique, Pat Conroy, représentant à la COP le Premier ministre, s’est attelé à rencontrer les partenaires du Pacifique. « Son premier rendez-vous diplomatique était d’ailleurs consacré à Henri Puna, secrétaire général du Forum des îles du Pacifique, un message positif. »

L’Australie, premier contributeur dans la région, a annoncé une enveloppe additionnelle de 900 millions de dollars pour soutenir le développement de la « famille du Pacifique » et sa résilience en matière d’urgence climatique. Par ailleurs, le pays a officiellement annoncé qu’il était candidat pour accueillir la COP31 en 2026 avec les nations du Pacifique, une annonce « saluée par la plupart des représentants régionaux » selon Annelise Young.

Si l’Australie souhaite maintenant contribuer à rendre leur voix la plus audible possible et à se prémunir des catastrophes, à titre personnel, la Consule générale insiste sur les succès des initiatives des pays du Pacifique sur la scène internationale, comme le Vanuatu à l’ONU qui travaille à une décision de justice au sujet de la responsabilité climatique. « Ces petits pays sont de plus en plus puissants. »

Chloé Maingourd

Photo : Annelise Young est revenue pour nous sur le changement radical opéré dans la politique climatique de son pays. / © C.M.

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