Les abeilles ne chôment pas en Nouvelle-Calédonie. Du sud au nord, en passant par les îles, les insectes pollinisateurs travaillent avec les apiculteurs pour produire un miel de qualité, reconnu localement. Tour d’horizon de cette petite filière agricole.
Près de 500 apiculteurs
La Nouvelle-Calédonie recense près de 500 apiculteurs. Selon la dernière enquête apicole de 2019, le rucher calédonien se compose de 10 195 colonies. Le cheptel moyen de l’apiculteur est de 29 colonies. 63 % ont moins de 25 ruches et 6 % gèrent plus de 100 colonies.
Comme dans de nombreux payś, l’apiculture calédonienne est une activité modeste. Elle occupe une main-d’œuvre équivalente à 76 emplois à plein temps, pour un chiffre d’affaires évalué à 227 millions de francs en 2018.
145 tonnes
de miel ont été produites en 2019, sans comptabiliser la production des propriétaires de moins de trois ruches.
C’est une activité complémentaire pour une grande majorité de producteurs. Ils sont un peu plus d’une quinzaine à consacrer plus de trois quarts de leur temps à la profession.
Plus d’hommes que de femmes
Le métier est majoritairement masculin. Trois apiculteurs sur quatre sont des hommes (75 %).
En 2018, comme en 2010, la moyenne d’âge du chef d’exploitation, tout sexe confondu, est de 51 ans. Les femmes sont légèrement plus jeunes (50 ans) que les hommes (52 ans).
Les moins de 40 ans ne représentent que 15 % des chefs d’exploitation.
Trois grands pôles
Parmi toutes les ruches réparties sur le territoire, trois grands pôles se détachent réellement. Le plus important regroupe les apiculteurs entre Bourail et Dumbéa. Le plus connu se situe à Lifou. Et le dernier rassemble les professionnels entre Koumac et Ouégoa. En 2019, 188 apiculteurs se trouvaient en province Sud, 70 dans le Nord et 47 aux Loyauté. Historiquement, le miel calédonien provient du niaouli.
20 kg
de miel sont produits en moyenne dans une ruche par an.
« Le miel de niaouli est très connu, il fait partie du patrimoine. La fleur donne un goût très fort, très intense », explique Romain Gueyte, responsable du Centre d’apiculture de Nouvelle-Calédonie. Mais la répartition géographique permet à la filière de proposer différentes variétés. « Les ruches sont dans les plaines agricoles, les piémonts des chaînes ou le littoral, détaille le professionnel. Le concours des miels a été organisé pour mettre cette large palette en avant. »
Difficultés pour s’installer
Les conséquences de la crise sanitaire se font ressentir jusque dans les ruches. Les apiculteurs et les aspirants doivent gérer l’augmentation des coûts du matériel et du fret. « Cela ne s’est pas encore répercuté sur le prix du miel, mais les nouvelles installations sont impactées, annonce Romain Gueyte. Se lancer est compliqué. Tout le matériel doit être importé si l’on veut se professionnaliser : les ruches, les cadres, l’extracteur, les pots de conditionnement, etc. »
Moins de candidats se pressent au Centre d’apiculture pour apprendre les ficelles du métier. « On a passé l’époque où les gens estimaient que c’était facile de faire du miel », considère Romain Gueyte. Entre 2011 et 2019, l’activité apicole avait progressé de 70%, passant de 5 276 ruches à 8 951 en 2019.
« Manque de structuration »
Pour le président du syndicat Philippe Lemaître, la filière apicole se porte bien mais mérite des améliorations. « Elle manque de structuration. Nous, les apiculteurs, on n’a pas su se fédérer. C’est une situation compliquée mais depuis quelques temps on a des réunions, les choses avancent. »
2,8 tonnes
En 2018, en complément de la production locale totale de 128,7 tonnes de miel, la Nouvelle-Calédonie a importé́ 2,8 tonnes pour satisfaire la demande
du marché.́
L’objectif du président est de réglementer la filière et notamment de revoir quelques points qui lui semblent aujourd’hui dépassés. « La réglementation en matière d’étiquetage des pots de miel, par exemple, date de 1980. On doit en discuter avec le gouvernement. »
Brice Bacquet et Edwige Blanchon
Photos : E.B.
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