Un projet soutenu par les banques

Les établissements bancaires de la place ont financé la création de CF-Pay, satisfaits de l’émergence d’un outil favorisant la dématérialisation des espèces, un usage qui leur « coûte très cher ».

Les cinq banques du territoire ont participé au financement de CF-Pay, développé par la Calédonienne solutions business (CSB), qui a nécessité « des investissements conséquents », explique Ndatté Seydi, directrice générale.

BCI, BNC, BNP, SGCB et l’OPT ont appuyé la démarche, désireuses de voir naître un moyen de paiement électronique local encore inexistant sur le territoire, indique Cédric Glorieux, directeur général de la Banque de Nouvelle-Calédonie. « On a décidé d’allier nos forces et de faire porter le projet par la CSB pour le compte commun de l’ensemble des banques, au lieu que chacune y aille de sa propre initiative avec des dispositifs qui n’auraient peut-être pas été interconnectés. »

« CELA NE REMPLACE PAS UN COMPTE BANCAIRE »

L’idée est de substituer la petite monnaie par le franc Pacifique numérique. Jusqu’à l’éliminer complètement ? « Il y a des pays d’Europe du Nord qui ont supprimé l’usage du cash, mais je ne pense pas qu’on en arrive là. En revanche, c’est une trajectoire vers laquelle on peut tendre si on veut que la Nouvelle- Calédonie se modernise et innove. »

Cédric Glorieux évoque la simplicité de gestion, puisque tout se fait à partir de son téléphone. L’application faciliterait même le suivi et le contrôle de ses dépenses. « C’est très facile de regarder l’historique des paiements, donc c’est sans doute rassurant, notamment pour des petits budgets, plutôt que de voir l’argent filer sans se rendre compte où il est passé. Mais, cela ne remplace pas un compte bancaire pour des raisons de conformité, c’est très important. »

PAS DE BAISSE DES TARIFS

Au-delà du soutien financier, les établissements bancaires sont impliqués à deux niveaux. Ils vont promouvoir CF-Pay auprès de leurs clients particuliers « pour qu’il y ait un usage massifié de cette solution ».

Et, dans un deuxième temps, quand suffisamment de Calédoniens l’utiliseront, ils proposeront à leurs clients commerçants d’adhérer au dispositif afin de pouvoir acquérir de la monnaie électronique dans leur magasin ‒ « ils ont tout intérêt à l’accepter » ‒ et ainsi en « embarquer le plus possible ».

Ce système intéresse les banques. L’emploi du cash leur « coûte très cher » ‒ « on doit maintenir un réseau de distributeurs, payer des convoyeurs de fonds, etc. » ‒ et, par ricochet, coûte aussi aux particuliers via la tarification des services bancaires. « Si on arrive à avoir un usage du cash moins important… », entame Cédric Glorieux, les tarifs pourraient diminuer ? « Non, mais cela peut empêcher leur inflation. »

Anne-Claire Pophillat

L’application doit servir à transférer de petites sommes et ainsi remplacer le cash, « un moyen de paiement encore fortement utilisé, notamment en Brousse », considère Cédric Glorieux, directeur général de la BNC. / © A.-C.P.

Sécurité assurée

En concevant CF-Pay, la CSB est devenue un établissement de paiement, l’obligeant à suivre le « long processus » d’obtention d’agrément par l’ACPR, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, affiliée à la Banque de France.

L’organe de régulation est chargé de l’agrément et de la surveillance des établissements bancaires, d’assurance et de leurs intermédiaires et ce, dans un double intérêt, « de leurs clientèles et de la préservation de la stabilité du système financier ».

Le développement de l’application est très encadré. « Ils sont très regardants sur les aspects sécuritaires, la lutte contre le blanchiment, la fraude et la protection des consommateurs », développe Charlotte Vergès, directrice clientèle et innovation. Et le dispositif doit être sécurisé « en cas de vol ».

Les données, elles, « sont 100 % protégées, personne ne sait à qui est remis l’argent ». L’utilisation de CF-Pay est soumise à une double authentification. « Quand on le télécharge et qu’on s’inscrit, on s’identifie, puis on a un code à mettre à chaque transaction », précise Ndatté Seydi, directrice générale.

En cas de perte ou de vol de son téléphone, le propriétaire peut bloquer son compte lui-même, « c’est ce qu’on appelle le “safe care” », sur le site internet www.cfpay.nc ou le demander via la hotline, un numéro dédié pour accompagner les utilisateurs en cas de difficulté.