Des pièces à la fintech, comment peut-on payer ?

Chèque, espèces, carte bleue, téléphone… L’argent liquide n’a pas dit son dernier mot face aux nouvelles technologies et au sans contact des cartes bancaires.

Payer n’a jamais été aussi simple que ce mouvement du poignet validé d’un « bip » discret. La carte bancaire, avec le déploiement du sans contact, se positionne en haut du classement des moyens de paiement les plus utilisés par les Calédoniens. « En 2020, puis en 2021, la crise sanitaire a contribué à freiner davantage l’usage de la monnaie fiduciaire », note l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) dans son rapport d’activité 2021.

Conséquence : « la population a de plus en plus privilégié la carte ». « Le sans contact permet de payer de petites sommes dans de nombreux commerces », relève Ronan Daly, secrétaire du Syndicat des commerçants.

Entre 2005 et 2021, le montant payé par carte a ainsi diminué de 2 900 francs. L’augmentation du plafond autorisé avec le sans contact a accéléré cet appétit. En 2020, les paiements par carte bancaire ont augmenté de 12,7 %. En 2021, ils ont progressé de 14 % pour atteindre 32 millions de transactions et 186 milliards de francs. Depuis 2005, le nombre de transactions a été multiplié par six, détaille l’IEOM. « Le numéro un, c’est la carte de crédit », confirme Jean-Pierre Cuenet, président du Syndicat des restaurateurs.

SOU FÉTICHE

Les bonnes vieilles espèces sonnantes et trébuchantes n’ont pas pour autant été détrônées. Renouvelés en 2014 et 2021, les billets et les pièces trouvent toujours leur place au fond des poches et des porte- monnaie. Surtout celui de 1 000 francs. « Selon les établissements, la clientèle et le ticket moyen, les gens payent toujours avec », relève Jean-Pierre Cuenet.

Dans un rapport sur l’argent liquide et les moyens de paiement daté de 2019, l’IEOM constate que les billets et les pièces sont préférés, mais « en net ralentissement » ces dernières années. « La Nouvelle-Calédonie se caractérise par une présence de l’argent liquide relativement modérée, supérieure à la Polynésie française, mais inférieure à la France métropolitaine », analyse l’institut.

En 2021, l’IEOM observait une deuxième année consécutive de baisse des opérations de retrait dans les distributeurs. Cette diminution concerne autant le nombre d’opérations que leur montant. « Ceux qui n’ont pas de carte bancaire paient toujours en argent liquide pour éviter de faire un chèque », explique Ronan Daly.

CHÈQUE EN BERNE

La popularité des chèques suit la même tendance. « Son utilisation est de moins en moins facilitée », analyse l’IEOM, qui pointe la lutte contre les impayés. Les professionnels préfèrent les refuser pour des raisons de sécurité. « Nous n’avons pas de garan- tie d’avoir un paiement, contrairement à la carte. Nous avons toujours des chèques qui ne passent pas », poursuit le secrétaire du Syndicat des commerçants.

La fraude au chèque (97 millions en 2020) est la deuxième plus importante sur le territoire, après celle à la carte bancaire (142 millions). Le ralentissement de son usage tend à la faire reculer. « Dans la restauration, nous ne refusons pas les chèques, reprend Jean-Pierre Cuenet. Les clients payent quand même de moins en moins avec. »

En 2021, le nombre de chèques échangés a ainsi chuté de 11 %. Leur montant reste élevé (76 500 francs en moyenne), mais diminue. « Depuis 2011, qui correspond au point haut de son utilisation, le nombre de chèques émis a plus que diminué de moitié pour un montant divisé par près de trois, précise l’IEOM. Il reste toutefois un moyen de paiement important, notamment pour l’achat de biens ou de services aux prix élevés. »

Pour Ronan Daly, les chèques sont « voués à disparaître » dans les années à venir. « À Sydney, plus personne ne paye par chèque ou en espèces, prend exemple Jean-Pierre Cuenet. C’est la tendance mondiale. En Nouvelle-Calédonie, il y a encore de la marge.»

À l’international, les téléphones portables deviennent encore plus omniprésents et s’imposent dorénavant comme moyen de paiement. Si la pratique demeure timide localement, l’IEOM estime qu’elle devrait s’installer dans le futur. « On commence à voir des commerçants qui proposent de payer avec le téléphone, observe Ronan Daly. On va y venir, c’est intéressant pour tout le monde parce que c’est dématérialisé, il n’y a pas de code à connaître et on perd moins souvent son téléphone que sa carte. Pour nous, quand le paiement est valide, cela prouve qu’il y a des fonds sur le compte. »

« On nous le demande, mais ceux qui veulent payer par téléphone ont toujours leur carte sur eux », nuance Jean-Pierre Cuenet. D’autres technologies, dites « fintech » ou technologies financières, pourraient bientôt rattraper le territoire. En Suède, indique l’IEOM, il est par exemple déjà possible de payer avec une puce électro- nique implantée sous la peau.

Brice Bacquet

Les nouvelles technologies font évoluer les méthodes de paiement dominées par la carte bancaire et les espèces. / © B.B.