Le Vanuatu, un pays « ami »

Consolider le partenariat avec l’archipel, en particulier dans le cadre de l’axe Indo-Pacifique, constituait l’objet du déplacement de Gérald Darmanin à Port-Vila, dimanche 5 mars, le lendemain du passage du cyclone Kevin, donnant des airs de mission humanitaire à la visite diplomatique.

La Nouvelle-Calédonie est un pont pour la France dans le Pacifique. Gérald Darmanin l’a rappelé lors de sa visite au Vanuatu. Cette proximité a pris tout son sens alors que l’archipel vient d’être terriblement frappé par deux cyclones, Judy et Kevin, en moins d’une semaine. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a renouvelé le soutien et l’aide de la France, et a confirmé au Premier ministre vanuatais Ishmael Kalsakau, dans un communiqué, son « engagement pour porter aide et assistance à cet État, voisin dans le Pacifique et ami ».

Une déclaration qui s’inscrit dans la stratégie géopolitique de l’axe Indo-Pacifique voulue par le président Emmanuel Macron. « La France, en lien avec les Australiens et les Néo-Zélandais, veut éviter toute prédation, quelle qu’elle soit, des îles du Pacifique », a affirmé Gérald Darmanin dans Les Nouvelles calédoniennes. En filigrane, la présence croissante de la Chine dans la zone et, en l’occurrence, au Vanuatu.

UNE AIDE D’URGENCE

Cette volonté de rapprochement entre les deux pays s’est traduite dimanche 5 mars par l’envoi d’une aide humanitaire. Aux côtés de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande dans le cadre de l’accord régional Franz, la France a été la première à intervenir. Gérald Darmanin est arrivé à Port-Vila en même temps qu’un avion militaire – un deuxième était attendu lundi – et le D’Entrecasteaux, navire de la Marine nationale appareillé de Nouméa deux jours plus tôt.


© Jean-Baptiste Jeangène Vilmer

À son bord, du matériel d’urgence, une capacité militaire de déblaiement du Rimap et une équipe de secouristes de la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques. Près de 10 tonnes d’équipements (tentes, bâches, kits sanitaires et cuisine, rations alimentaires, stations d’épuration d’eau, jerrycans, lampes solaires…) ont ainsi été convoyées.

Les renforts devaient rouvrir les routes pour acheminer les secours, rétablir la circulation et distribuer des réservoirs d’eau à la population. Un soutien immédiat que la France aspire à maintenir dans les années à venir en vue de la reconstruction du pays.

EXEMPTION DE VISA

Lors de leur rencontre, Gérald Darmanin et Ishmael Kalsakau ont d’ailleurs parlé de coopération économique, militaire, culturelle et, selon le quotidien calédonien, la question de la revendication des îles Matthew et Hunter aurait été abordée. Le ministre de l’Intérieur a également annoncé la fin de l’obligation de visa pour les Vanuatais souhaitant se rendre en Nouvelle-Calédonie. Le document était devenu obligatoire après l’affaire des passeports dorés, vendus sans vrai contrôle, rendant difficile l’identification des personnes.

Dans un premier temps, « nous rouvrirons l’espace de libre circulation entre le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie », a-t-il déclaré. Dans un deuxième temps, après l’adoption d’un texte de loi par le Parlement vanuatais, la France entend plaider auprès de l’Union européenne pour que, en échange d’informations, « nous puissions retrouver une libre circulation ».

Anne-Claire Pophillat

Photo : Gérald Darmanin et le Premier ministre vanuatais Ishmael Kalsakau ont échangé sur la volonté commune des deux pays de renforcer leur collaboration. / © Ministère de l’Intérieur

L’archipel dévasté


© Jean-Baptiste Jeangène Vilmer

Avec Kevin, le Vanuatu a subi des dégâts « proches de ceux du cyclone Pam en 2015 », estime François Laforest, directeur territoire Engie Outre-mer : fortes pluies, vents violents, arbres arrachés, toitures envolées, maisons et écoles saccagées, routes détruites ou bloquées, eau et électricité coupées.

Deux jours plus tôt, le cyclone Judy avait déjà balayé le pays avec des vents de plus de 200 km/h, deux phénomènes de catégorie 4 auxquels s’est ajouté un tremblement terre de magnitude 6,5. L’état d’urgence a été décrété pour une période de six mois.

Un fait « historique », a déclaré la membre du Parlement vanuatais Gloria Julia King, interrogée par RNZ Pacific. Deux cyclones de cette intensité en une semaine, « c’est quelque chose que les anciens n’avaient jamais vu ».

Engie en renfort

Alors que l’alimentation électrique est fortement perturbée, 14 techniciens volontaires de Engie se sont rendus à Port-Vila lundi 6 mars grâce
à un Casa des Fanc. Une première mission

de deux semaines en appui des équipes d’Unelco Engie afin de permettre un retour à la normale
de l’alimentation électrique.

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