Merci #MeToo. Ce mouvement social qui a atteint une dimension planétaire en 2017, a encouragé la libération de la parole des femmes sur les agressions sexuelles, le viol, le harcèlement et tous les comportements sexistes à leur encontre. Un #MeToo de la gynécologie a même émergé (après #PayeTonUterus en 2015).
En France, le collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques s’est mobilisé et répandu dans les régions, jusqu’en Nouvelle- Calédonie. Sur les réseaux sociaux, dans les médias, des milliers de femmes ont fait part d’expériences difficiles au contact des professionnels de santé : des paroles sexistes, des pratiques violentes ou pouvant être perçues comme telles, des actes inadaptés, non consentis lors des consultations et des accouchements (épisiotomies, non-utilisation de l’anesthésie, etc.) longtemps restés tabous notamment parce qu’exercés sous l’autorité médicale, dans une culture qui demeure patriarcale. En 2018, un rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes invitait à « reconnaître et mettre fin à des violences longtemps ignorées ».
Localement, le sujet a fait son entrée dans l’espace médiatique en 2021 grâce à un dossier réalisé par la chaîne télévisée Caledonia. Partout, la profession prend conscience de la particularité de cette spécialité qui touche à l’intimité psychique et physique des femmes et certains professionnels s’organisent pour établir voire garantir un esprit de bienveillance. C’est le cas du service de gynécologie-obstétrique du CHT, qui a souscrit au label Maternys.
Une initiative du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) visant à distinguer les établissements et les praticiens mettant la bientraitance au centre de leurs préoccupations. Son ancien président, le professeur Israël Nisand, bien connu en Métropole, est actuellement sur le territoire pour une session de formations. De telles initiatives vont dans le bon sens, même si le chemin pour le respect total des femmes est encore long.
Chloé Maingourd
Dans notre dossier
Le CHT fait évoluer ses pratiques
Le service de gynécologie-obstétrique, dirigé par le docteur Érick Camus, a entamé en 2021 une démarche d’amélioration de ses pratiques avec le label Maternys et le professeur Israël Nisand, actuellement sur le territoire. Entretien croisé. →
Des expériences traumatisantes
Les femmes n’hésitent plus à prendre la parole pour dénoncer les violences obstétricales et gynécologiques qu’elles ont subies. Une page Facebook vient d’être créée en Nouvelle-Calédonie pour relater leurs témoignages et faire évoluer les mentalités. →