Les femmes n’hésitent plus à prendre la parole pour dénoncer les violences obstétricales et gynécologiques qu’elles ont subies. Une page Facebook vient d’être créée en Nouvelle-Calédonie pour relater leurs témoignages et faire évoluer les mentalités.
« ON A L’IMPRESSION D’ÊTRE UN NUMÉRO »
Avec ces expériences gravées à jamais dans leurs mémoires, certaines femmes en arrivent à renoncer à consulter des professionnels de santé. Elles ne veulent plus revivre ce lundi matin où ce gynécologue annonce « qu’il serait temps de penser à avoir des enfants ». Elles ne veulent plus être touchées sans leur consentement préalable, que leur douleur ne soit pas entendue.
Eva* a changé plusieurs fois de médecin avant d’être diagnostiquée d’une pathologie au bout de cinq ans. On lui expliquait que ses symptômes (douleurs quotidiennes) étaient dans sa tête. « J’ai eu tout un tas de traitements inadaptés qui n’ont fait qu’empirer mon cas. ». Elle pointe du doigt un manque d’écoute, d’empathie. « On a l’impression d’être un numéro. Il faut reraconter son histoire à chaque rendez-vous. » Et pour certaines, ce sont les histoires les plus douloureuses sur lesquelles il faut revenir : avortement, fausses couches. « Il y a aussi cette pratique qui consiste à faire écouter le battement du cœur en cas d’avortement… Alors qu’ils connaissent déjà la décision de la patiente. »
Rose* se sent également démunie à chaque visite. « Il y a ce sentiment d’être considérée parfois comme du bétail. Ça ne nous met pas en confiance dans une situation où on livre déjà toute son intimité. » Elle, et beaucoup d’autres, ont fait le choix de se tourner vers des sages- femmes, qu’elles trouvent « plus bienveillantes ».
Edwige Blanchon
VIOLENCES OBSTÉTRICALES ET GYNÉCOLOGIQUES ?
« Ce sont les comportements, actes, paroles, pratiques sexistes ou omissions commis par le personnel de santé, qui ne sont pas justifiés médicalement ou sont accomplis sans le consentement libre et éclairé d’une personne, d’une patiente, d’une femme enceinte, d’une parturiente ou d’une jeune mère. Ces violences font partie des violences médicales et sont incriminées par le Code pénal lorsqu’elles portent atteintes à l’intégrité, à la liberté, à la dignité et à la personnalité de la patiente », explique le collectif.
Quelques exemples : la révision utérine réalisée sans anesthésie, les touchers vaginaux sans consentement, les humiliations, les paroles dévalorisantes, dégradantes, infantilisantes, le mépris de la douleur, le non-respect du projet de naissance, etc.
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