[DOSSIER] Ils les connaissent sur le bout des nageoires

Ces chercheurs et bénévoles, forcément passionnés, de l’association Opération Cétacés observent chaque saison les baleines à bosse. Ils entrent dans leur intimité pour en apprendre davantage sur elles. Ces observateurs privilégiés racontent leurs rencontres, leur première fois et leur travail auprès de ces majestueux animaux sauvages.

 

Véronique Pérard, 67 ans, à la manœuvre

« Ce sont des moments exceptionnels »

« Je suis rentrée dans l’association Opération Cétacés en 2000. J’ai rencontré Claire Garrigue, la responsable et la créatrice de l’association, dans le cadre de mes activités nautiques.

J’avais envie de m’investir pour cette cause de protection des océans, des lagons et des animaux qui les peuplent. Mon rôle s’est très vite porté sur le pilotage du bateau de recherche. Claire ayant besoin de remplacer une collaboratrice repartie vivre dans son pays d’origine, la Nouvelle-Zélande.

Un grand privilège »

J’amène donc les personnes chargées des prises de photos d’identification et des biopsies, au plus près et dans la bonne configuration. En respectant la sécurité de l’équipage et des animaux. La première fois que je me suis trouvée sur le zodiac à l’approche d’une baleine, Claire m’a expliqué ce qu’elle attendait de moi et j’ai pu aussitôt me sentir en confiance.

Les journées sur l’eau en présence de ces animaux sauvages sont des moments exceptionnels que je goûte, chaque année, comme un grand privilège. »

 

Julie Buttin, 28 ans, à la photographie

« Il faut attraper l’instant »

« Je participe aux saisons depuis trois ans comme biologiste marin. Je photographie les baleines, en prenant des notes avec un dictaphone pour les retranscrire. On photographie les caractères morphologiques de chaque baleine : le dos, la dorsale et la caudale. L’image doit être la plus nette possible parce que les animaux ont des marques caractéristiques. Leurs caudales sont blanches le plus souvent, avec différentes cicatrices et tâches.

Quelques secondes »

Aux extrémités, des sortes d’échancrures, comme une dentelle, nous permettent de les identifier. Il faut attraper l’instant, c’est une histoire de quelques secondes. C’est encore plus difficile avec des groupes reproducteurs. Plusieurs mâles rivalisent pour une seule femelle. C’est impressionnant de les voir se taper dessus.

J’adore l’équipe, l’adrénaline, l’émotion, c’est tellement… Je ne sais pas comment l’expliquer ! Le suivi des baleines à bosse est super important : c’est incroyable de pouvoir bosser là-dessus avec de telles données.»

 

Hugo Bourgogne, 33 ans, à l’arbalète

« J’ai des frissons à leur contact »

« Je suis arrivé en 2016 en tant que biologiste marin saisonnier. Ma principale contribution, c’est d’être matelot ! Je m’occupe des biopsies avec une arbalète qui récupère les bouts de peau et de graisse. On a plusieurs outils pour suivre les populations de baleines : photographie, écoute des chants et biopsie. Cela consiste à récupérer un bout de peau et à l’analyser. La flèche est équipée d’un carottage, un tube de 2 cm qui se plante dans le dos de la baleine et tombe à l’eau. Un flotteur permet de le récupérer.

Passionné »

Il faut s’approcher à moins de 15 mètres et être rapide. Il y a un temps imparti. On doit tirer au moment où elles font le gros dos pour replonger. Je suis admiratif de ces animaux, j’ai des frissons à leur contact. Tu te sens tout petit à côté.

Mais au-delà des émotions, je suis surtout passionné de biologie marine depuis toujours. Avec l’association, je participe à la recherche, à la conservation et au développement des connaissances sur ces animaux. C’est exceptionnel. »

 

Claire Bonnevile, 30 ans, à l’analyse

« Ce sont des animaux mystiques »

« J’ai toujours été passionnée par les mammifères marins, spécialement les baleines. Ce sont des animaux complètement fascinants, mystiques. J’en ai vu plusieurs centaines et je suis toujours impressionnée par leur taille et leurs comportements en surface.

Toujours impressionnée »

Je travaille comme biologiste marin, mais je reste dans l’association pour continuer à m’impliquer dans leurs recherches. J’analyse les biopsies. J’extrais l’ADN des différents tissus et je réalise des manipulations pour obtenir son séquençage.

Nous réalisons une centaine d’analyses génétiques par saison. Elles nous permettent d’identifier une baleine, de connaître son sexe et sa carte génétique. Il existe plusieurs populations de baleines dans le Pacifique. En Nouvelle- Calédonie, nous travaillons avec un groupe de recherche du Pacifique Sud. Nous partageons les séquences génétiques des baleines de Nouvelle-Calédonie, de Nouvelle-Zélande ou d’Australie pour étudier la connectivité et estimer les transferts entre les populations.

 

Propos recueillis par Brice Bacquet

Photos Opérations Cétacés

 

Dans notre dossier

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La biologiste marin Solène Derville travaille pour l’association Opération Cétacés. Ses bénévoles observent chaque saison les baleines à bosse et tentent de percer les secrets qui entourent ces mastodontes des mers.

Des colosses aux secrets bien gardés
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