Venez parler des règles chez Nénette

Les femmes et jeunes filles réglées trouveront toutes les informations et les articles nécessaires à leur confort dans la boutique d’Aurélie Dinclaux. © L'Oeil de Cha

D’ici la fin de l’année, Aurélie Dinclaux va ouvrir la première boutique menstruelle du territoire. Un lieu accueillant et bienveillant qui a pour objectif de réduire cette charge mentale qui pèse sur les femmes.

Car elles reviennent tous les mois, qu’on ne peut y échapper, mais qu’on peut les accueillir de la meilleure des façons si on a toutes les informations à notre portée. « Venez, on en parle. » C’est le leitmotiv d’Aurélie Dinclaux et de son projet qu’elle s’apprête à ouvrir d’ici la fin de l’année : une boutique entièrement consacrée aux règles, au centre-ville de Nouméa, place des Cocotiers.

Un endroit insolite, mais indispensable, où toutes les femmes (et aussi les hommes !) pourront se rendre afin de s’équiper au mieux et tenter d’atténuer ce poids qui revient, en moyenne, tous les 28 jours. « Venez pour en parler ! Apprenez, comprenez, pour qu’on puisse alléger cette charge mentale », insiste-t-elle.

Dans ce temple de la menstruation, en pleine préparation depuis plus d’un an, on trouvera des cups, des culottes, des strings, des shortys, des maillots, mais aussi des disques. « Il y aura les gels pour nettoyer, des tisanes pour apaiser les maux. » Mais surtout, des kits destinés aux jeunes filles qui découvrent leurs premières règles.

Cette box contiendra une bouillote, des culottes, « et pourra être complétée avec des serviettes lavables », des goodies ainsi qu’un livret pédagogique qui explique tout, de A à Z. « Je l’ai écrit suite à des discussions avec ma sage-femme, d’autres mamans, avec mes recherches… On pourra l’ouvrir avec un membre de sa famille. »

Mettre des mots sur ce qui arrive aux filles pour que cette étape de la vie se déroule sereinement. Une fois bien renseignées, elles n’ont plus qu’à dénicher la ou les protections qui leur conviennent. Et ce n’est pas toujours chose facile. « On se retrouve dans les magasins face à toutes ces boîtes et on ne sait pas quoi prendre. On va nous dire que ça dépend de notre flux mais pas que. Il y aussi notre anatomie, notre vie derrière. La cup, qui fonctionne pour une copine, ne va pas fonctionner chez une autre. On est toutes différentes », souligne-t-elle.

UN LIEU DE PARTAGE ET D’ÉDUCATION

Aurélie Dinclaux a dû se renseigner, tester. Indispensable pour communiquer sur le sujet et conseiller. Il n’était pas question de vendre ses articles comme elle vendrait des stylos. Sinon, elle aurait créé un site en ligne. Non, ce qu’elle souhaite, c’est qu’en poussant la porte de son magasin, ses client(e)s se sentent bien et aient envie de se confier. Comme si les filles et les garçons se retrouvaient dans la chambre d’un ami, assis au pied du lit. « J’ai envie de cette ambiance-là. »

Nénette sera un lieu de partage et d’éducation. Des mannequins seront à disposition pour expliquer de quelle façon s’utilisent une cup ou un disque. Où se trouvent le vagin, l’utérus. Que tous ses visiteurs repartent avec les informations dont ils avaient besoin et, surtout, tout le nécessaire.

« Je pense aux étudiantes qui ne vont pas en cours parce qu’elles n’ont pas les protections. Ce n’est pas normal de louper les cours une semaine par mois. Je ne pourrai pas lutter contre la précarité mais je veux pouvoir en parler et que, chez moi, on trouve les outils pour être équipée. »

Cette charge mentale en moins, les femmes peuvent s’attaquer pleinement au reste de leur vie, en réalisant tout ce qui leur fait envie. Maman de deux filles, Aurélie Dinclaux tenait simplement à améliorer la condition féminine pour elles et toutes les Calédoniennes.

Edwige Blanchon