SLN : nouveau directeur, mêmes ambitions

La réorganisation de la société Le Nickel se poursuit. Après la nomination de Dominique Katrawa à la tête du conseil d’administration, le nouveau directeur, Bernard La amme, vient de prendre ses fonctions. Le Québécois, nouveau dans le nickel, a une longue expérience dans la réduction des coûts.

La SLN n’est pas sortie de l’auberge. C’est son nouveau directeur général qui l’assure, malgré les bons chiffres annoncés récemment par Christel Bories, la présidente-directrice générale d’Eramet, maison mère de la société Le Nickel. Les résultats sont encourageants, mais Bernard Laflamme, qui vient de prendre ses fonctions de directeur général, souligne que l’entreprise a encore pas mal de chemin à faire avant de rejoindre le groupe des industriels performants. Pour y parvenir, le coût de production devra être ramené dans la fourchette des pays à bas coût, soit entre 3,8 et 4,2 dollars la livre de nickel. Fin 2017, le coût cash était établi à 4,76 dollars la livre. Pour n 2018, l’objectif est xé à 4,5 dollars et il sera ensuite de 4 dollars à l’horizon 2020. À noter qu’en 2016, le coût était 5,06 dollars la livre et à 6 dollars en 2015.

Bernard Laflamme a justement été recruté pour remplir cette mission. Si le Québécois a une expérience relativement limitée dans la mine, il est en revanche spécialisé dans le sauvetage d’entreprises lorsqu’elles ont des problèmes de compétitivité. Et le nouveau DG a quelques atouts dans sa manche. Pour la SLN, 2017 a été plutôt positive, même si l’entreprise continue de perdre de l’argent, environ 15 milliards sur l’année. Ce devrait encore être le cas, selon les prévisions du conseil d’administration, mais si le plan se déroule comme prévu, les béné ces pourraient bien être au rendez-vous dès 2019.

Du mieux, mais encore des pertes

Mais en 2017, la SLN reste le premier producteur mondial de ferronickel avec 56 771 tonnes fournies par l’usine de Doniambo contre 55 227 tonnes en 2016 et ce, malgré un début d’année rendu difficile par de mauvaises conditions météorologiques. Des records ont par ailleurs été battus dans l’export. Pour la troisième année consécutive, les exportations de la SLN ont progressé, atteignant 928 000 tonnes humides. À noter toutefois que si les exportations vers le Japon, la Chine et la Corée progressent en volume, la teneur du minerai diminue (1,74 % de nickel en moyenne en 2017). Les exportations sont une « composante essentielle » du plan de performance de la SLN et permettent de valoriser des gisements inexploitables par l’usine de Doniambo.

En dehors de ces points positifs, Bernard Laflamme estime que la SLN doit faire des progrès sur les questions environnementales, ainsi qu’en santé-sécurité. Une centaine d’accidents ont été enregistrés et l’émission de poussières est en hausse. « Pour moi, l’environnement et la santé-sécurité, ce ne sont pas des priorités, mais des valeurs », souligne le nouveau directeur qui a visité l’ensemble des installations, exception faite de le mine de Tiébaghi.

Au-delà de ces questions, Bernard Laflamme insiste sur le fait que le coût de production du nickel est principalement déterminé par deux facteurs : le prix de l’énergie et la masse salariale. Sur l’énergie, des discussions sont en cours autour de la centrale au gaz C, qui viendra remplacer la centrale au fuel de Doniambo. Prévue pour 2023, elle devrait permettre de réaliser de substantielles économies, de l’ordre de 30 à 40 % du prix du kilowattheure, soit près de 0,4 dollar par livre de métal produite. Reste que la livraison de la centrale est à moyen terme. Bernard La amme entend bien, d’ici là, engager des négociations avec Enercal, notamment sur le prix de l’énergie fournie par le barrage de Yaté, revu à la hausse en juillet 2013 (de 2,6 francs du kilowattheure à plus de 10 francs).

1 700 emplois en 2020

Du côté de la masse salariale, l’entreprise va poursuivre sa réduction engagée depuis 2014. Elle rappelle, une fois encore, qu’il ne s’agit pas d’un plan social, mais d’une réduction de l’e ectif, puisque les départs ne seront pas remplacés. Et étant donné la pyramide des âges des salariés, « l’attrition » naturelle devrait permettre à la SLN d’atteindre son objectif de 1 700 salariés en 2020 contre 1 980 aujourd’hui. Mais au-delà de la masse salariale, l’entreprise a entrepris une révolution en termes de management et d’organisation.

Si la SLN est une entreprise de classe mondiale, elle a longtemps eu une gestion des ressources humaines plutôt conservatrice pour ne pas dire paternaliste. Comme elle l’a récemment montré au travers d’une exposition de photographies, dans certaines familles, ce sont près de sept générations qui se sont succédé dans les mines et aux fourneaux. Ces dernières années, l’entreprise a engagé un nouveau virage. La fermeture des Bessemer en 2016 en est une des illustrations. La réorganisation des équipes, qui passent de cinq à quatre (soit une augmentation du temps de travail), en est une autre et l’automatisation des tâches, dans une optique de réduction des coûts, va s’accélérer. La situation s’améliore donc pour le premier mineur calédonien. Il faudra néanmoins qu’il reste vigilant étant donné la volatilité des cours au LME, d’autant que près de 60 % du prêt accordé par l’État a déjà été consommé. Et les dégradations dont est victime l’entreprise, en particulier sur ses mines, sont loin d’être anodines.


L’Autorité de la concurrence installée

L’Autorité de la concurrence est presque installée. Ne manque plus que les arrêtés qui lui permettront de récupérer les missions qui relèvent encore pour quelques jours de la Direction des a aires économiques de la Nouvelle-Calédonie. Cette première autorité administrative indépendante aura un rôle consultatif, préventif et curatif.

Les locaux apparaissaient presque trop exigus pour accueillir l’ensemble des représentants du monde politique, économique, syndical ou encore de

la justice ayant répondu à l’invitation d’Aurélie Zoude-Le Berre, la nouvelle et première présidente de l’Autorité de la concurrence de la Nouvelle-Calédonie pour son installation. L’objectif de cette première autorité administrative est de garantir le libre jeu de la concurrence, clef de la compétitivité des entreprises dans une économie libérale.

La présidente a rappelé les trois principales missions fixées par les textes votés par le Congrès et notamment la loi du 24 octobre 2013, la loi anti-trust. La première est consultative. L’Autorité pourra être saisie sur toute question de concurrence par le gouvernement, les provinces, le Congrès, ainsi que les entreprises ou les consommateurs. Elle devra également rendre des avis sur les textes réglementaires présentés au Congrès, mais aussi se prononcer sur la mise en place éventuelle de quotas, de taxes à l’importation ou encore sur la xation de prix.

Au service des Calédoniens

L’Autorité s’est par ailleurs vu con er une mission de contrôle des opérations de concentration des entreprises. De la même façon, elle aura la charge d’instruire les dossiers d’ouverture, d’agrandissement de surfaces commerciales, de changement d’enseigne, de changement de secteur d’activité et de reprise par un nouvel exploitant. L’idée étant que l’autorité s’assure de la compatibilité des projets avec les textes réglementaires.
La dernière mission de l’Autorité est curative. Elle pourra être saisie ou s’autosaisir afin d’analyser des pratiques anti-concurrentielles ou restrictives en matière de concurrence. Aurélie Zoude-Le Berre s’est voulue rassurante pour les entreprises qui pourraient s’inquiéter des pouvoirs assez étendus de l’Autorité de la concurrence, rappelant que les interdictions d’opérations étaient extrêmement rares et que les entreprises disposent de droits et de recours garantis. Elle a toutefois souligné l’importance du rôle des acteurs économiques, entreprises aussi bien que consommateurs, pour informer l’autorité en cas de dysfonctionnement sur des marchés. La possibilité de signalement directement sur le site internet de l’Autorité est envisagée, mais attention, un signalement sans éléments signi catifs a peu de chance d’être étudié.

Comme l’a rappelé Philippe Gomès, le député de la deuxième circonscription, le niveau des prix est, selon une étude de l’Insee de 2010, 89 % supérieur à celui de la Métropole. La Polynésie suit avec un niveau supérieur de 75 %, les autres collectivités d’outre-mer ayant un niveau compris entre 30 et 40 %. « Il est temps d’y voir clair », a souligné le député. Au- delà de mieux comprendre le fonctionnement de l’économie calédonienne, l’Autorité de la concurrence fait l’objet de grandes attentes notamment en matière de baisse des prix.

M.D