Pollution : hausse des dépassements des seuils à Nouméa en 2016

L’association Scal’Air a surveillé pour la neuvième année consécutive la ville de Nouméa et pour la quatrième année le Sud. Sur 2016, elle note que les valeurs limites annuelles de pollution ont été respectées partout, mais que des dépassements ponctuels conséquents et nombreux des seuils ont été enregistrés dans la capitale.

Quel air avons-nous respiré en 2016 ? L’association Scal’Air œuvre depuis 2006 pour répondre à nos questions sur les substances polluantes présentes dans l’air ambiant, grâce aux mesures effectuées quotidiennement sur ses différentes stations, à Nouméa et dans le sud de la Grande Terre.
Parmi les grandes particularités du territoire, ou en tout cas de cette zone sud, observées dans ce type de rapport annuel : les concentrations en dioxyde de soufre (SO2), les poussières fines en suspension (PM10), liées essentiellement à l’activité industrielle et au trafic routier, le dioxyde d’azote (NO2) et l’ozone (O3). (Le taux de nickel aux valeurs importantes et des métaux lourds en général font l’objet d’analyses séparées.)
L’année 2016 a montré des valeurs en deçà des limites annuelles européennes pour l’ensemble des polluants mesurés, mais aussi une augmentation importantes des pics de pollution au soufre et, toujours, des inégalités face aux risques selon les zones géographiques, Montravel, Logicoop et Vallée-du-Tir toujours plus touchées.

Nombreux dépassements à Nouméa

Scal’Air observe une hausse significative du nombre de dépassements horaires en dioxyde de soufre (SO2), polluant dont la principale source est essentiellement industrielle et qui peut provoquer, on le rappelle, des irritations des muqueuses et voies respiratoires. Ces dépassements concernent Logicoop, Montravel et la Vallée-du-Tir et se sont déroulés pour moitié aux mois de septembre et octobre : il y a eu 41 heures de dépassement au cours de l’année contre 9 heures et 8 heures en 2014 et 2015, ce qui rappelle les niveaux atteints en 2011 et 2013 (47 heures en moyenne). L’organisme de surveillance observe, par ailleurs, que si l’on se réfère à la valeur de référence de l’Organisation mondiale de la santé à la journée (20 μg/m3 en moyenne sur 24 heures), il y a eu 116 dépassements contre 69 en 2015 et 63 en 2014. « Cette augmentation des dépassements peut surprendre puisque l’interdiction de l’utilisation du fioul à haute teneur en soufre en 2013 avait eu jusqu’ici pour conséquence la baisse des émissions de SO2 », note Alexandra Malaval-Cheval, qui donne plusieurs explications à ces pics : des conditions de vent favorables, des taux d’émission de SO2 en hausse sur ces périodes à la SLN…

En ce qui concerne les poussières fines en suspension dans l’air (PM10) liées aux activités industrielles, au trafic routier (en particulier les véhicules diesel) et aux poussières naturelles qui peuvent altérer la fonction respiratoire et qui sont reconnues comme pouvant être « mutagènes et cancérigènes », l’association note une augmentation des niveaux sur Montravel, station historiquement la plus impactée (cinq dépassements du seuil d’information) et Logicoop, où les taux restent néanmoins dans les normes. L’amélioration de la qualité de l’air constatée en 2015 sur les stations du Faubourg-Blanchot et de l’Anse-Vata se confirme en revanche. Quant aux autres polluants surveillés par l’association – le dioxyde d’azote (NO2) et l’ozone (O3) – ils ont affiché des taux respectant les valeurs de référence à ne pas dépasser.

Le Sud épargné

Dans le Sud, où Scal’Air opère également, les niveaux de dioxydes de soufre et d’azote mesurés sur les stations fixes (base-vie, Forêt- Nord, pic du Grand Kaori et Port-Boisé) sont restés « faibles à très faibles » et « respectent les valeurs de référence à ne pas dépasser pour la santé humaine ». L’objectif de qualité annuel pour les poussières fines a également été respecté sur l’ensemble des sites. L’organisme relève néanmoins que la station Usine a été la plus impactée en 2016 par la pollution atmosphérique et ces composants en particulier, avec six dépassements de la valeur limite horaire pour la protection de la végétation et deux dépassements de la valeur limite journalière pour la protection des écosystèmes. On aura compris que cette station, située dans l’enceinte de l’entreprise de Vale, a vocation à surveiller la qualité de l’air pour la protection des végétaux et non pas les seuils de santé humaine…

En ce qui concerne les particules fines, l’objectif de qualité annuel ICPE, installation classée pour la protection de l’environnement, est respecté sur l’ensemble des sites. Habituellement la plus impactée par la pollution de pointe aux poussières fines, la base-vie n’a pas connu de dépassement cette année. Et c’est également le cas à Forêt-Nord. Scal’Air note, pour cette étude, l’arrêt de la station-surveillance de Prony et les « faibles taux de fonctionnement » des stations du pic du Grand Kaori et de Port-Boisé, « en raison de problèmes d’alimentation électrique ».

Si Scal’Air se réfère toujours aux valeurs issues des réglementations métropolitaines, européennes et des ICPE en vigueur, les prochains rapports annuels pourraient voir l’avènement de normes adaptées à la Nouvelle-Calédonie. La délibération sur la qualité de l’air, votée en début d’année par le Congrès, devrait, en effet, faire l’objet d’arrêtés du gouvernement « avant la fin de l’année ».

C.M. ©Scalair