Michel Quintin : « Quand on part pour les Jeux, c’est toujours pour gagner »

Michel Quintin dispose d’un budget de 120 millions de francs apporté par la Nouvelle-Calédonie, pour le déplacement à Honiara des quelque 300 membres de la délégation. / © G.C. 

Le directeur du Comité territorial olympique et sportif (CTOS) n’envisage qu’une nouvelle victoire aux prochains Jeux du Pacifique, en novembre aux îles Salomon, malgré les absences liées à l’obligation vaccinale et au décalage de la compétition.

DNC : Comment se déroule la préparation des Jeux ?

Michel Quintin : Certaines disciplines sont très avancées, elles terminent les sélections. D’autres ont mis du temps à se lancer. Elles préparent des sortes d’opérations commandos, des préparations intensives au dernier moment.

Ce sont des choses que l’on souhaiterait éviter, parce qu’elles entraînent souvent des blessures. À chaque édition des Jeux, on observe ce phénomène. Les athlètes et les entraîneurs sont amateurs, leur sport leur demande du temps et des moyens. Et il faut aussi dire qu’il a été difficile de relancer la machine après le Covid.

Il y a eu une démobilisation pendant quasiment deux ans dans certaines disciplines, par absence d’objectifs en dehors du territoire.

On a des athlètes potentiellement médaillés d’or qui ne seront pas du déplacement.

Comment changer cela ?

On a mis en place des tests préventifs pour éviter les blessures. Les kinés mesurent les déséquilibres musculaires. Les athlètes passent des tests d’effort, de détente verticale, on évalue leur état de forme et leurs capacités. Mais toutes les disciplines n’ont pas souhaité y participer.

La double vaccination reste obligatoire aux îles Salomon. Combien d’athlètes calédoniens ne pourront pas participer ?

On a des athlètes potentiellement médaillés d’or qui ne seront pas du déplacement. Dans les sports collectifs, ça ampute parfois une partie de l’équipe. Avec Tahiti, on est certainement ceux qui souffriront le plus de cet effet,car il y a un très fort taux de vaccination dans les autres pays du Pacifique.

La date des Jeux [novembre au lieu de juillet, les Salomon ayant obtenu en 2021 un délai supplémentaire en raison des perturbations liées au Covid, NDLR] va aussi nous amputer dans les sports collectifs : ceux qui jouent en Métropole seront en pleine saison, les clubs pros ou semi-pros les libéreront difficilement.

Et pour les scolaires, ce sera un peu rock’n’roll… La philo et le grand oral tombent durant la deuxième semaine des Jeux.

On a un objectif, c’est que la Nouvelle-Calédonie figure en haut du classement

En termes de résultats, quel est votre objectif ?

On n’a pas un objectif de médailles chiffré. La grande inconnue, c’est le niveau des autres pays. Tout le monde a été touché par le Covid, tout le monde a connu une démobilisation. Mais quand on part pour les Jeux, c’est toujours pour gagner.

D’une médaille ou de 20, on a un objectif, c’est que la Nouvelle-Calédonie figure en haut du classement. C’est de plus en plus compliqué aussi, parce que les pays voisins progressent.

La candidature pour accueillir les Jeux de 2035, c’est décidé ?

C’est notre volonté. Après, il faudra obtenir l’accord des collectivités. Les Jeux olympiques de 2032 auront lieu à Brisbane : on aimerait se servir de ce tremplin pour mettre à niveau nos infrastructures sportives.

On peut bénéficier de cet apport grâce à la venue des équipes de France et des budgets qu’on pourrait récupérer pour rénover la piste d’athlétisme, qui en a besoin, et pour la construction d’autres infrastructures.

Les Jeux sont toujours un levier de développement : le campus universitaire avait été construit pour l’édition de 2011.

On espère accueillir des équipes de France dès la fin des JO de Los Angeles 2028.

Si Nouméa n’est pas retenue pour préparer Brisbane 2032, la candidature est-elle réaliste ?

On n’envisage pas que la Nouvelle-Calédonie ne soit pas un lieu de préparation pour Brisbane 2032 ! On l’avait été pour Sydney 2000. Triathlon, boxe, escrime, gymnastique… On avait reçu une dizaine d’équipes de France. Et ça avait très bien marché. On y travaille déjà.

En Métropole, on en a parlé. La semaine dernière, on était avec le consulat de France à Brisbane. Brigitte Henriques [la présidente du Comité olym- pique et sportif français, NDLR] nous a rendu visite et nous soutient.

On mise beaucoup là-dessus. On espère accueillir des équipes de France dès la fin des JO de Los Angeles 2028.

Propos recueillis par Gilles Caprais

Ultradomination

La Nouvelle-Calédonie, territoire le plus riche de la zone, avait obtenu en 2019 à Apia sa 13e victoire en 16 Jeux du Pacifique, avec 182 médailles dont
76 d’or, loin devant la Papouasie-Nouvelle-Guinée (130 médailles, dont 30 d’or), qui avait gagné à domicile en 2015 et en 1991, comme Fidji, lors de la première édition, en 1963.