KNS : les réactions politiques

(© Archives A.-C.P.)

Nicolas Metzdorf, député Renaissance

« Il faut trouver un repreneur »

(© Archives Y.M.)

« La priorité absolue est le maintien de l’activité économique et des emplois. Il y a deux leviers. Des mesures à prendre au niveau des collectivités concernées, province, gouvernement et État, pour soutenir ceux qui perdent en rémunération en raison de la mise en sommeil de l’usine du Nord. Je pense aux sous-traitants en premier lieu. Dans le même temps, nous devons nous activer, également au niveau des collectivités concernées, et de façon coordonnée, pour la recherche d’un repreneur. Il faut être très pragmatique dans ces moments-là. Il faut trouver un repreneur. Mon rôle en tant que député est d’insister auprès de l’État pour atteindre cet objectif.

Mais, il ne faut pas le nier, nous ne sommes pas en position de force. Le marché du nickel est très bas, nos usines perdent de l’argent. Mais je suis confiant dans la mesure où la Nouvelle- Calédonie regorge de nickel. Toutefois, les potentiels repreneurs ne vont pas venir en étant des philanthropes.

L’impact économique va être assez flagrant dans le bassin de consommation de VKP et du Nord de manière générale. »

 

Victor Tutugoro, 3e vice-président de la province Nord (UNI)

« KNS n’a pas beaucoup bénéficié de fonds de l’État »

(© Archives B.B.)

« C’est une catastrophe pour les salariés et les sous-traitants, pour la Nouvelle-Calédonie, l’outil de rééquilibrage politique, la province Nord. Tout le monde va être touché dans la zone VKP et les communes alentours. Les politiques doivent accompagner la recherche d’un repreneur, ils ont les clés pour faciliter les discussions au niveau diplomatique. Concernant la fermeture, l’environnement général du secteur n’est pas positif et, dans son modèle, KNS n’a pas beaucoup bénéficié de fonds de l’État, si ce n’est une aide à travers la défiscalisation sur une partie de la centrale électrique.

Depuis, l’État n’a jamais mis un franc dedans, contrairement à la SLN qui est sous perfusion et l’usine du Sud. Et l’État n’a pas joué franc jeu. L’aide de 24 milliards proposée est en partie un prêt, qui était conditionnée à son remboursement et à l’export de minerai, ce que ne voulait pas KNS. J’ai l’impression que cela va avoir des conséquences sur le pacte nickel voulu par Bruno Le Maire. Selon moi, KNS va se retirer des discussions, ayant des choses plus urgentes à gérer. »

Daniel Goa,président de l’UC

« La solution, ce n’est pas à coup de subventions »

(© Archives Y.M)

« L’État a annoncé qu’il contribuerait à essayer de relancer l’usine, ça n’a pas suffi. Il faut que Glencore absorbe la dette. Les actionnaires doivent prendre leurs responsabilités. L’État reprend la main sur un secteur qui a été transféré à la Nouvelle-Calédonie pour alimenter les usines de batteries européennes. Cela m’inquiète que ça se fasse entre les industriels et l’État, alors que c’est nous qui avons la compétence. La solution pour que les usines fonctionnent n’est pas à coup de subventions.

Et concernant le pacte nickel, il faut aller plus loin, c’est du chantage : “on vient vous aider à condition que vous augmentiez l’exportation”. On est contre pour préserver la ressource pour les générations futures. À part le nickel, on n’a rien. Il faut le faire durer, ne pas faire comme à Nauru. L’Europe a besoin du nickel calédonien. Mais il y a une contradiction entre les besoins de l’État et ceux des Calédoniens. C’est aussi un ensemble avec les discussions institutionnelles. Dans l’Accord de Nouméa étaient prévus les transferts miniers. »

 

 

Philippe Gomès, élu Calédonie ensemble au Congrès

« Pacte nickel : où est l’État stratège ? »

(© Archives Y.M.)

« Je souhaite dire aux familles que des perspectives sérieuses existent, mais à condition que celles et ceux qui nous gouvernent traduisent leurs paroles en actes.

Les engagements français et européens s’inscrivent dans une seule et même perspective : préserver une souveraineté économique nationale et européenne dans le domaine de la transition écologique et numérique. Je peine, malgré une attention soutenue, à trouver trace de ces engagements de haut niveau stratégiques dans le pacte nickel calédonien qui se dessine péniblement… En effet, sur ces bases politiques solides, nous étions fondés à attendre de l’État et de l’Europe qu’ils s’engagent à faire pour le nickel calédonien ce que la Chine a fait pour le nickel indonésien : sécuriser l’accès à « l’or vert » et investir dans une industrie métallurgique puissante, compétitive et décarbonée.

L’usine du Nord mobilise ses propres forces pour construire un nouvel horizon industriel dans les six prochains mois. Espérons simplement que la vision stratégique d’un “nickel calédonien, chance pour la France et pour l’Europe” ne se résume pas à faire les fins de mois des entreprises métallurgiques. »

 

Propos recueillis par Y.M. et A.-C.P.