Le panier de consommation en hausse de près de 5 %

L’UFC-Que choisir vient de publier son enquête sur les prix. Le constat est sans appel, depuis la fin de l’encadrement des prix, ces derniers ont augmenté de l’ordre de 4,9 % entre septembre 2019 et avril cette année. L’association émet également quelques critiques de la nouvelle application, prix.nc.

Les prix subissent-ils l’effet du Covid-19 ? Oui, si l’on en croit l’UFC- Que choisir, qui vient de publier les résultats de sa dernière enquête. Entre septembre 2019, période où les marges étaient contrôlées, et avril 2020, période où le dispositif d’encadrement avait été suspendu, l’association indique que son panier composé de 106 produits très consommés par les Calédoniens a augmenté de 4,9 %. L’Union fédérale des consommateurs rappellent que les prix avaient baissé de 2,7 % entre septembre 2018 et septembre 2019, c’est-à- dire avec le passage à la TGC (taxe générale sur la consommation) à taux plein et l’application du contrôle des marges.

Les témoignages de Calédoniens ayant constaté cette augmentation sont nombreux. Certains expliquant, par exemple, que le montant de leur propre panier a été multiplié par trois. Le membre du gouvernement en charge de l’économie, Christopher Gyges, s’est lui-même étonné que les relevés de l’Institut de la statistique et des études économiques montrent une augmentation relativement faible. Selon l’Isee, l’indice des prix est en progression de 0,2 % en mars et de seulement 1,2 % pour les produits alimentaires. Des chiffres qui n’ont pas grand-chose à voir avec les constats de l’UFC et le sentiment des consommateurs.

L’Observatoire des prix « mieux saisi » ?

Si l’on ne peut que constater l’augmentation des prix des produits alimentaires, les raisons sont encore mal connues. Le membre du gouvernement avait pourtant saisi l’Observatoire des prix sur la question, l’objectif étant d’éviter une flambée des prix. Christopher Gyges a ainsi annoncé que l’Observatoire serait prochainement « mieux saisi ». Une annonce surprenante puisqu’en dehors de l’évolution des prix, le gouvernement avec sa Direction des affaires économiques dispose désormais d’un outil permettant de faire toute la lumière sur les marges des entreprises : la TGC.

La transparence des prix était un des principaux arguments pour l’instauration de cette taxe. Chaque mois, l’ensemble des entreprises doit déclarer les recettes de TGC, ce qui donne d’emblée une indication sur le comportement. Toujours sur cette question, l’Autorité de la concurrence a également été saisie le 2 janvier. Son avis est toujours en cours d’instruction

Christopher Gyges a par ailleurs repris l’argument du syndicat des importateurs qui fait valoir une augmentation du coût du fret. Ce dernier a effectivement quasiment triplé avec les avions cloués au sol. Un problème majeur qui complique notamment l’approvisionnement en matériel médical et concerne l’ensemble des territoires ultramarins. Annick Girardin, la ministre des Outre-mer, a été saisie de la question sans que des solutions n’aient encore pu être proposées. Sur le plan alimentaire, le fret aérien représente toutefois une part infime des importations. En 2017, selon l’Isee, il était d’environ 4 000 tonnes, soit à peine plus de 2 % des importations, alors que l’arrivée des produits alimentaires par voie maritime était de l’ordre de 190 000 tonnes.

Le coût du fret en question ?

Le coût du fret maritime a toutefois lui aussi augmenté mais pour d’autres raisons et bien avant l’intensification de la crise liée au Covid-19. De nouvelles normes environnementales en matière de carburant ont renchéri les prix du transport maritime. Un importateur local estime qu’elles ont fait augmenter le prix de revient des marchandises de l’ordre de 2 %, et ce, depuis le mois de janvier. De fait, les chiffres relevés par l’UFC sur le site de l’Observatoire des prix pour son panier laissent apparaître une légère augmentation à partir de janvier, mais sans commune mesure avec la hausse observée en avril. Si le coût du fret contribue à tirer les prix vers le haut, ce n’est sans doute pas la seule et principale explication, d’autant que le prix du pétrole connaît un effondrement historique et que la concurrence fait rage entre les transporteurs maritimes.

Si les sources de cette inflation peuvent être connues, le gouvernement dispose du moins des éléments pour les identifier. Il reste qu’une grande partie des Calédoniens subit actuellement une double peine : faire face à une augmentation des prix de l’alimentation alors même qu’une partie de leurs ressources a été amputée par le confinement. Dans ce contexte, le pouvoir d’achat d’une bonne partie de la population pourrait être particulièrement dégradé.


Les chiffres de l’Isee

Pour rappel, l’Institut de la statistique et des études économiques est un établissement public dont le conseil d’administration est composé de représentants de l’ensemble des institutions et collectivités de Nouvelle- Calédonie ainsi que des chambres consulaires. L’indice des prix établi par l’Isee est un exercice difficile en raison du manque d’agents pour effectuer les relevés. Il repose par ailleurs sur une pondération des prix en fonction des poids des postes de dépenses dans le budget des Calédoniens. Cette pondération est définie au travers d’enquêtes spécifiques, réactualisées tous les cinq ans afin de refléter au mieux la réalité. La dernière de ce type remonte à 2008. Une nouvelle est actuellement en cours et les premiers résultats devraient être connus d’ici la fin de l’année. En attendant, l’indice des prix s’appuie sur des éléments qui ont probablement sensiblement évolué.

M.D.