Le collectif NC Éco s’alarme de la situation économique

Le mouvement qui regroupe l’ensemble des organisations patronales a tenu une conférence de presse, le 5 février, afin d’alerter l’opinion publique sur les risques de faillite de l’économie calédonienne.

Si la situation pour la SLN et Vale NC demeure critique, le reste de l’économie calédonienne pourrait bien se retrouver dans des conditions similaires. Comme l’a souligné Samuel Hnepeune, le président du Medef-NC, les patrons se sentent impuissants face à des dossiers tels que le référendum, Vale, la chute du gouvernement. « On ne voit pas comment s’en sortir, lâche le président de la fédération patronale. Nous avons interpellé les collectivités, l’État… Il ne s’est rien passé. Nous souhaitons interpeller l’opinion publique pour faire avancer les choses. Actuellement, les politiques font régner un silence lourd qui est juste insupportable. Malgré toutes nos actions, il ne se passe pas grand-chose. »

Les patrons sont d’autant plus inquiets qu’ils expliquent s’organiser depuis plusieurs mois afin d’éviter l’aggravation de la situation qui prendrait la forme de licenciements. « C’est une bombe sociale qui va exploser », mettait en garde le responsable du Medef-NC, alors que la rentrée et les échéances fiscales se profilent et impliqueront des besoins d’argent. « Nous avons reçu des appels de gens dont l’activité n’est pas directement liée à la mine, ajoutait Yann Lucien, le président de la CPME-NC. Il y a beaucoup de pertes de chiffre d’affaires et les chefs d’entreprise ne savent plus trop comment payer les salaires. On ne veut pas faire peur, mais on fait le constat que l’économie va s’effondrer. On ne veut pas que la population se révolte et c’est pourtant ce qu’il risque d’arriver ».

Dans l’auditorium de la Chambre de commerce et d’industrie, une trentaine de chefs d’entreprise ont fait le déplacement, le 5 février au matin, les uns pour soutenir les représentants de NC Éco, les autres pour faire entendre leur voix. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les patrons sont remontés. « On ne gagnera pas la partie, lâchait, un peu désabusé, Pierre Krafft, le directeur d’Office plus. La semaine dernière, il y avait une séance du Congrès, personne n’y était pour défendre nos idées. Il faut moins de réflexion et plus d’action. » Un autre chef d’entreprise prenait moins de gants en appelant littéralement à prendre les armes.

Effet domino

S’il y a urgence à réagir, notamment de la part des pouvoirs publics, la situation politique complique tout de même grandement les choses. Alors que le précédent plan de relance ne semble pas avoir eu d’impact notable, la chute du gouvernement devrait retarder la mise en œuvre du prochain. Ce qui est sûr, c’est que les régimes sociaux ne tiendront pas longtemps et ne s’adapteront pas aux atermoiements des élus calédoniens. Comme la rappelé Jean-Rémi Buraglio, le président de la Cafat au titre du Medef-NC, « nous avons des réserves pour financer un mois ou deux du régime de chômage partiel spécial Covid mais pas au-delà, pas jusqu’au mois de juillet quand il est prévu de rouvrir les frontières. Pour le chômage partiel classique, le régime est exsangue, nous avons à peine de quoi couvrir deux à trois mois tout au plus ».

Plus inquiétant encore, le président de la Cafat explique que la Direction du travail et de l’emploi, qui doit valider les dossiers de demande de chômage partiel avant de les transmettre à la Cafat pour rembourser les entreprises, dispose de 1 500 dossiers qu’elle ne peut pas envoyer à la caisse. Leur transmission impliquerait une hausse des indemnisations de près de 700 millions de francs. Une somme que les entreprises ont dû avancer, mais que la Cafat n’a pas les moyens de prendre en charge. Selon Jean-Rémi Buraglio, sans même parler de ces dossiers nouveaux, la Cafat ne sera plus en mesure de payer personne d’ici mi-mars. « Le conseil d’administration devra alors faire des choix. Se sont probablement les hôpitaux qui seront les premiers impactés, ensuite ce sera au tour des professionnels de santé avant que l’on ait des difficultés à rembourser les frais médicaux des Calédoniens. »

Ce que redoute les patrons, c’est une sorte d’effet domino alimentant un cercle vicieux. Le ralentissement forcé de l’activité minière a généré une baisse de chiffre d’affaires beaucoup plus générale, du chômage qui implique le versement de moins de cotisations sociales et un amoindrissement de la trésorerie des entreprises. Le cycle créé, s’il venait à se confirmer, provoquerait une baisse d’activité entraînant du chômage qui conforterait la baisse d’activité et donc du chômage. Dans le même temps, le système de protection sociale serait incapable de jouer son rôle d’amortisseur social.

M.D.