Le BTP craint le pire

Un des principaux chantiers en cours à Nouméa, celui de la rénovation de la bibliothèque Bernheim. (© Archives A.-C.P.)

Depuis la fin des grands chantiers, le secteur du bâtiment et des travaux publics traverse une « crise structurelle », note l’IEOM, l’Institut d’émission d’outre-mer, dans son rapport annuel 2022.

Fini le temps des années fastes, des constructions d’usines, de projets immobiliers, notamment dans le logement social, d’infrastructures, du Médipôle. La Fédération calédonienne du BTP a lancé un nouveau cri d’alarme sur la situation le 19 février, parlant d’un secteur « sacrifié », d’une perte potentielle de 3 000 emplois en 2024 – près de la moitié des 6 369 recensés en 2023 par l’Isee. Pas assez de chantiers, « des investissements gelés par l’avenir institutionnel », des collectivités mauvais payeurs… Les raisons sont multiples, explique la FCBTP.

Résultat, le nombre d’emplois a diminué de 34 % en 2022 par rapport à 2011. Soit plus d’un tiers de salariés en moins. Alors que le BTP représentait 15 % de l’emploi privé en 2011, ce chiffre est tombé à 9 % en 2022. Le nombre de sociétés suit la même courbe descendante pour la cinquième année consécutive. C’est « un secteur particulièrement fragile et impacté par le ralentissement de l’économie », souligne l’IEOM. La consommation de ciment poursuit une chute inexorable depuis 2010 (plus que divisée par deux), et la valeur ajoutée du BTP, estimée à 88 milliards de francs en 2021, est inférieure à son pic de 2013 au-dessus des 110 milliards. Le poids du secteur dans la création de richesses se situe autour de 10 % depuis 2016. Certes, moins qu’en 2013 (13 %), mais un peu plus qu’au début des années 2000, avant le démarrage des grands travaux.

Benoît Meunier demande la mise en place d’une cellule de crise afin de soutenir l’activité, dont le déclin affecte les petites et les grandes entreprises, même si ces dernières sont plus résilientes. Les chantiers prévus dans les contrats de développement ne permettront pas de redresser la barre, estime le président de la FCBTP. Et la fameuse prison à 60 milliards annoncée par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti lors de son déplacement à Nouméa ? Avec un début de construction annoncée en 2029, « on sera déjà morts ». Alors quelles perspectives, sachant que le marasme touche les autres secteurs de l’économie, pour lesquels de nombreux signaux sont au rouge. Réunis au sein du collectif Agissons Solidaires, leurs représentants demandent un plan de relance « immédiatement ».

A.-C.P.