Kea Trader, les Calédoniens mécontents

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La Finc, le Medef, la CCI, la CPME, le cluster maritime et des entrepreneurs calédoniens ont tenu une conférence de presse, le jeudi 22 février. Objectif commun : passer des messages au haut-commissariat et à l’armateur du Kea Trader. Si rien n’est encore arrêté, les entreprises locales redoutent de ne pas être associées du tout au chantier de l’enlèvement de l’épave.

Le 12 juillet 2017, l’annonce de l’échouement du Kea Trader sur le récif Durand était à peine croyable. Aucune version officielle n’a encore été délivrée par les autorités et le traitement du dossier est loin de satisfaire l’ensemble des acteurs calédoniens. C’est le cas de certaines associations de protection de l’environnement, qui sont montées au créneau afin de dénoncer des pollutions. C’est également vrai pour les entreprises potentiellement concernées par le chantier de déconstruction de l’épave. Tout le monde s’accorde sur un manque de transparence et de communication du haut- commissariat quant à l’avancement du dossier.

Manque de transparence

C’est du moins ce qu’ont rappelé à plusieurs reprises des représentants de la Finc, du Medef, de la CPME, mais aussi la présidente de la CCI, ainsi que celui du cluster maritime. Ces acteurs de l’économie calédonienne s’interrogent sur l’avis favorable donné par les services de l’État à la solution technique proposée par l’armateur qui consiste à ren ouer les deux morceaux du bateau et les convoyer en Chine afin d’être démantelés. Cette technique, développée par la société d’État Shanghai Salvage, suscite des interrogations dont a fait part le collectif d’acteurs calédoniens au travers d’un courrier adressé au haut- commissaire début février. La première question porte sur le délai de préparation de neuf mois. Les professionnels locaux estiment que l’état de l’épave du Kea Trader aura largement le temps de se dégrader, rendant d’autant plus incertaine l’issue de la manœuvre. Il est par ailleurs rappelé que plus d’un hectare du récif a déjà été impacté, notamment par les mouvements de la partie avant du navire. Le courrier souligne ensuite la difficulté de se mettre à couple avec le Kea Trader. Le récif Durand, surnommé « la poêle à frire du diable », est soumis à de forts courants et une houle importante. Une situation qui pourrait compromettre le ren ouage, selon les calculs des spécialistes. Le collectif s’interroge en n sur l’o re de la compagnie chinoise qui n’est jamais venue constater le problème. Selon des sociétés qui se sont rendues sur place, le passage du cyclone Gita aurait encore dégradé le Kea Trader.

3 milliards de retombées ou rien

Les parties prenantes regrettent de ne pas avoir eu de réponses aux questions des services techniques de l’État, d’autant plus que la solution chinoise, qui semble avoir les faveurs de l’armateur Lomar Deutschland GmbH, n’associe pas ou très peu les partenaires calédoniens. Si l’État peut se prononcer uniquement sur la solution technique et non sur le choix du prestataire, Jennifer Seagoe, la présidente de la CCI, déplore un manque de concertation des entreprises calédoniennes qui disposent pourtant d’une expertise utile. Les autres offres qui associent des entreprises locales proposent de démanteler l’épave sur place, une solution technique plus sûre que le ren ouement et qui serait une deuxième mondiale après celui du ferry sud-coréen, Sewol. Et ce n’est pas un détail puisque les retombées du projet sont estimées à près de trois milliards de francs pour l’économie calédonienne avec la création d’une centaine d’emplois. Des contrats qui seraient les bienvenus dans un contexte économique morose. Déjà, une dizaine d’entreprises, sans compter les sous- traitants, ont pu béné cier de chantiers pour un montant de l’ordre de 1,7 à 2 milliards de francs, sans compter les embauches.

M.D