À KNS, les salariés n’ont « jamais connu ça »

Le quotidien des salariés de KNS va changer à partir du 1er mars. (© Archives A.-C.P.)

L’inquiétude, prédominante chez les salariés, s’est atténuée à l’annonce de la préservation de l’ensemble des postes pendant les six prochains mois. Tous les espoirs se portent sur la reprise du site par un nouvel industriel.

La fuite de l’information sur les réseaux sociaux, lundi 12 février, a déstabilisé les employés, qui attendaient une annonce officielle mardi. Même si « ça penchait dans ce sens-là, on ne s’y attendait pas », déclare Théophile Homboé, représentant CSTNC à Koniambo Nickel. Notamment au vu de la proposition de l’État d’apporter une aide de 24 milliards de francs. « On n’a jamais connu ça », poursuit le syndicaliste en référence à la mise en veille de l’usine, « le choix de Glencore ». « Ça a été dur », soutient Norman Leconte, délégué syndical Usoenc.

La confirmation du maintien des salaires par l’actionnaire pendant six mois rassure un peu les salariés profondément inquiets pour leur avenir. « On n’est pas encore arrivés au stade du licenciement, c’est malgré tout une bonne nouvelle. » « Cela donne un second souffle », ajoute Norman Leconte. « C’est une épreuve pour tout le monde, il faut garder la tête haute », souligne Théophile Homboé, qui s’emploie à remonter le moral de ses collègues et des prestataires extérieurs. « Ce n’est pas toujours facile, mais malgré le contexte, on essaye de préserver une bonne ambiance, de rester optimistes et soudés », poursuit Norman Leconte, pour qui KNS représente bien plus qu’un travail. Douze ans qu’il se charge de la maintenance de l’usine, après avoir participé à la construire. « C’est ma deuxième famille, elle représente une grande partie de ma vie. » Et une opportunité de développement pour tout le Nord. « Elle a permis de développer toute une activité à côté. »

« DES PISTES »

Une activité désormais en danger, en premier lieu celle des sous-traitants, que les salariés côtoient parfois au quotidien sur le site. « On est très proches d’eux. » Ce qui a été fatal pour KNS ? Le coût de production, notamment de l’énergie nécessaire à faire tourner les fours. Mais aussi l’environnement international. « Maintenant, c’est l’Indonésie qui fait la pluie et le beau temps », explique Théophile Homboé. Il faudrait s’attarder à la rentabilité en augmentant, entre autres, la production. « Il y a gros travail à faire pour que les fours fonctionnent de façon optimale. » Le syndicaliste, basé sur mine, espère un repreneur, la seule solution qui permette la survie de l’outil. « Il y a des pistes, on attend que les négociations aboutissent. »

Les regards se focalisent maintenant sur les semaines à venir. Les réunions s’enchaînent. Avec la direction, d’abord, à raison d’une par semaine depuis septembre, qui « a toujours été transparente ». Mercredi après-midi, les syndicats rencontraient le député de la 2e circonscription, Nicolas Metzdorf.

Une réflexion doit d’abord être engagée dans les jours à venir sur une réorganisation inédite au sein de l’entreprise, qui nécessitera la tenue d’un comité d’entreprise exceptionnel. « Du personnel en quart va devoir repasser à la semaine, ce qui implique un changement d’horaires. Car si les fours seront toujours alimentés en courant, il y aura besoin de moins de personnes. » À partir du mois de mars, ce qui devrait occuper au quotidien, c’est la maintenance. « Il y a toujours quelque chose à faire, réparer, ranger, remettre au propre, etc. L’objectif étant de faire en sorte que l’équipement, quand on souhaite le redémarrer, reparte tout de suite. »

LE GOUVERNEMENT ACTIVE UNE CELLULE DE SUIVI

La cellule de suivi et d’accompagnement des entreprises et des salariés affectés par les difficultés que traversent la filière nickel s’est réunie pour la première fois mardi 13 février sous l’égide du gouvernement, qui l’a mise en place. Un point a été fait sur la situation des trois opérateurs miniers, en présence de représentants des trois provinces, des deux associations des maires et de l’État. Si, selon le gouvernement, la SLN et Prony Resources « ont obtenu un répit, jusqu’en avril pour le premier et août pour le second », la poursuite de leur activité est menacée. La cellule se laisse une semaine pour recueillir des informations, recenser les besoins et établir un diagnostic afin de proposer, dès la prochaine réunion, le 20 février, « les mesures à mettre en place et apporter les réponses les plus appropriées ». La structure doit se retrouver chaque mardi.

 

A.-C.P.