Yugo, Hivy et Wigo : les applis de la mobilité

Avec Wigo, Nolann Charles (photo) et son associé Pierre Hénaff ont aussi remporté un appel à projets en Polynésie française pour y installer leur application de covoiturage. (© A.-C.P.)

Wigo, une application de covoiturage, vient d’être lancée à destination des entreprises. Une première phase de déploiement nécessaire avant de la proposer aux particuliers.

Wigo, c’est la petite dernière des applications développées par l’équipe de One Shot, dont Nolann Charles est l’un des fondateurs et associé. « Le dernier chaînon d’un écosystème » que l’équipe s’évertue à construire autour de la mobilité. L’histoire a commencé avec Yugo, « la première brique », qui vise à simplifier et optimiser la gestion du parc de véhicules des entreprises. Une interface de réservation dédiée que le salarié peut utiliser en toute autonomie. « Cette méthode peut amener à réduire la taille d’une flotte de 20 à 30 %, sachant que c’est un poste de dépenses important. »

À l’époque, la notion de covoiturage est déjà présente. « On a créé un module, parce qu’on s’est aperçu que des employés allaient à la même réunion avec des voitures différentes. » C’était il y a quatre ans. Aujourd’hui, Enercal, l’OPT, la Chambre d’agriculture et de la pêche, la ville de Dumbéa, le CHS, Lagoon et la CCI ont confié la gestion de leur parc à Yugo.

Et puis il y a eu l’apparition des premiers véhicules électriques. C’est là qu’est né Hivy, une joint-venture constituée avec Enercal. L’application sert à superviser les bornes de recharge, gérer le tarif, et pour les utilisateurs, trouver celles qui sont disponibles, réserver sa session de recharge et payer. Hivy, avec Enercal et Engie, envisage désormais de déployer des unités rapides – « 150 Kwh contre 22 Kwh en moyenne aujourd’hui avec la plus grosse à 50 à Apogoti » – dans le cadre d’un appel à projets de l’Ademe.

UNE SORTE DE TICKET RESTAURANT POUR SE DÉPLACER

L’application de covoiturage Wigo a, elle, été retenue par la province Sud. Pour la tester, Nolann Charles et son associé  Pierre Hénaff se sont d’abord rapprochés des entreprises, qui représentent, avec les salariés, un flux potentiel de trajets important. « On souhaite atteindre un maillage sur lequel viendraient se greffer les particuliers. » Wigo est officiellement lancée en janvier. Deux entreprises l’utilisent. « Il en faudrait cinq pour que ça démarre vraiment. »

Le principe est que les sociétés financent les déplacements de leurs collaborateurs. Une enveloppe de 1 000 francs de crédit mobilité serait par exemple payée à l’employé chaque mois. « Et on rémunère le conducteur à raison de 12 francs le kilomètre, sans faire payer le passager. » Pour inciter les entreprises à s’engager, Nolann Charles envisage de s’appuyer sur l’ACE, Agence calédonienne de l’énergie, en lui demandant de financer une partie des crédits mobilité, afin de favoriser une impulsion au départ.

La prochaine étape ? La création d’une plateforme – « d’ici la fin de l’année » – qui permettrait d’utiliser ses crédits en fonction de ses envies, dans Wigo pour le covoiturage, Hivy pour recharger sa voiture électrique, ou dans un ticket de bus. « Si on arrive à le démocratiser, on arrivera à améliorer les façons de se déplacer et à mettre les entreprises face à leurs responsabilités. On estime qu’une société de 25 salariés émet 28 tonnes de CO2 par an pour le transport. »

A.-C.P.