Violences : « Il ne me respectait plus »

Les violences économiques, psychologiques et administratives ne doivent pas être sous-estimées, insiste Joy Jansen. / © G.C.

Le Comité de promotion de la santé sexuelle (CP2S) interviendra tout au long du mois. À Rivière-Salée, la séance du 7 novembre était consacrée au phénomène d’emprise, dont les victimes sont essentiellement des femmes.

Joy Jansen en a l’habitude. Ses questions d’ordre général sur les différents types de violence rencontrent souvent des réponses extrêmement personnelles. L’une des participantes évoque crûment le calvaire que fut une relation de jeunesse empoisonnée par une jalousie destructrice.

Progressivement coupée de sa famille et de ses amis, dépossédée de sa voiture, subvenant seule aux besoins du foyer… « Il ne me respectait plus, il me frappait. Mais je suis restée six ans comme ça. Moi, je suis forte mentalement. Mais pour d’autres, ça peut être très dur. » « C’était clairement de l’emprise », confirme l’intervenante du CP2S qui en revient au tableau blanc, où elle a inscrit quelques minutes plus tôt les quatre phases du phénomène.

La lune de miel, d’abord.  L’accumulation des tensions, ensuite. Puis l’éclatement des violences, ne seraient-ce que verbales. La réconciliation, enfin, qui n’est généralement que le point de départ d’un cycle plus violent.  Une jeune participante évoque son attachement à la deuxième chance, issu de sa foi chrétienne. « La réconciliation permet de tout remettre à plat », plaide-t-elle. « Oui… Dans une relation saine », oppose Joy Jansen. « À quel moment faut-il sortir de ce cercle vicieux ? »

La petite assemblée hésite, les réponses divergent : avant, après les coups… ? « Dès l’accumulation des tensions, énonce la formatrice. Les gens décèlent souvent le moment où le ton monte ou celui du passage à la violence physique. Mais avant cela, il y a, la plupart du temps, des signes précurseurs, des drapeaux rouges que la victime n’a pas vus. »

Même la prise de conscience ne suffit pas toujours. Celles qui portent plainte la retirent souvent quelques jours plus tard. Celles qui partent reviennent, notamment pour des raisons économiques. « On estime qu’une victime fait en moyenne huit allers-retours avant de quitter définitivement son conjoint », explique Joy Jansen qui insiste sur l’importance des structures d’accueil, comme le Relais.

Gilles Caprais