Une Républicaine bien placée pour succéder à Sonia Lagarde

Aucun risque que la 1re circonscription ne bascule dans le clan indépendantiste. Mais aucune consigne de la députée sortante qui ne se représente pas : la maire de Nouméa, Sonia Lagarde. Dans son (ex)-famille politique, Calédonie ensemble, deux candidats sont en lice : Philippe Dunoyer, estampillé Gomès, et Alain Descombels, érigé en turbulent trouble-fête. Dans la famille Les Républicains, deux candidats et une candidate se disputent la vedette. Avec un avantage pour la candidate de la Calédonie française, qui a animé cette campagne depuis le début….

Le silence de Lagarde. – Attention, pas de sortant à Nouméa et dans les Îles. Logiquement, Philippe Dunoyer partait favori dans cette 1re circonscription qui lui était promise par Sonia Lagarde, touchée par la loi sur le cumul des mandats. Sauf que, pour l’heure, la députée-maire n’a pas fait un geste en faveur du prétendant Calédonie ensemble. Un silence éloquent ? Madame la Maire de Nouméa ne fait jamais rien « par hasard ». Or, ses convictions loyalistes et de droite ne pourraient être prises à défaut. Donc…

Le passif Germain en héritage. – Porte-parole du gouvernement Germain, Philippe Dunoyer en assume aussi les échecs économiques, la pression fiscale accrue au fil des deux dernières années, les faillites d’entreprises, le chômage qui ne cesse de gonfler la dette sociale de la Calédonie et la vie chère, qui s’est encore accrue avec la mise en place chaotique de la TGC et sa « marche à blanc ». Un bilan lourd à porter pour un candidat à la députation. Dur à assumer en campagne électorale, lorsqu’il serait plutôt de bon ton de promettre des « lendemains meilleurs »…

Juste la paix ! – Aussi, le candidat Calédonie ensemble de la 1re circonscription a préféré emboîter le pas à Philippe Gomès sur le thème plus politique de la sortie de l’Accord. Un discours martelé à coups de slogans faute de d’arguments : « À quoi servirait-il de gagner le référendum si on perd le vivre ensemble ? » et la quête « d’un avenir aux couleurs de la paix ». Décodage : « Si certains s’érigent en chefs de guerre, moi je souhaite être un chef de paix ! ».

Le spectre de l’indépendance-association.– Philippe Dunoyer doit consacrer beaucoup de son temps de parole à défendre son parti, accusé de préparer « l’indépendance-association dans le dos des Calédoniens ». Et moins à convaincre du bien- fondé de sa candidature.

Dunoyer = Gomès. – Philippe Dunoyer a donc calqué sa campagne dans la première sur celle de Philippe Gomès dans la seconde. Tant et si bien que pour l’électeur lambda « voter Dunoyer, c’est voter Gomès ! » : même leur propagande électorale est identique, avec seulement un habillage différent des pages de couverture. Ce choix stratégique serait un « plus » si son mentor avait le vent en poupe, un handicap quand celui-ci est accroché par ses adversaires… Une faille dans laquelle s’est glissé Alain Descombels, ex-élu de Calédonie ensemble, qui axe sa campagne sur « le plein emploi » et songe surtout à se venger de ses ex-amis politiques en distillant dans les médias quelques affaires bien senties…

Yanno, le retour espéré. – Face à Dunoyer encore, l’indépendantiste du Palika Charles Washétine ne fera que de la figuration. Et c’est tout à son honneur, vu la structure de l’électorat. Gaël Yanno, qui avait occupé le poste entre 2007 et 2012 avec un talent et un bilan indéniables, espère retrouver les 10 880 voix du premier tour de 2012. Pour ce faire, il a bâti une campagne sur le thème : moi, c’est comme les autres loyalistes, mais en mieux, avec l’expérience en plus. Un peu court pour être pertinent, cinq ans après.

Deladrière vers la lumière. – En face toujours, Bernard Deladrière : franc et posé, profil politique idéal, mais homme de l’ombre ; signataire de l’Accord de Nouméa, mais plus missi dominici de Pierre Frogier qu’acteur de sa propre carrière politique. Les meilleurs candidats sur le papier n’en font pas les plus prisés des électeurs. Et s’il a pris fait et cause pour François Fillon dès le début de la primaire de la droite et du centre, il en assume pareillement la déconfiture.

Sonia, la benjamine. – Reste pour l’électeur de droite, la benjamine du lot, mais certainement pas la moins aguerrie : Sonia Backes. Depuis le début de la campagne dans la première, elle donne le la et la tonalité de la campagne. D’abord, avec la publication, en janvier, d’un livre intitulé « Libre, ma passion calédonienne » : un succès inattendu en librairie pour une première, à 40 ans, qui lui a valu bien des jalousies…

Un sérieux background. – Élue, chef de file des Républicains au Congrès, dans cette assemblée délibérante, où elle ne sait pas se taire quand ses convictions sont en cause, et ex-membre du gouvernement de la Calédonie qui lui doit les premiers textes sur les énergies renouvelables, comme les premières classes bilingues de Nouméa, la benjamine de cette élection n’en possède pas moins un sérieux background politique.

Pas de faux-semblant chez Backes. – Sa campagne dénote aussi de celle des autres candidats : quand certains affidés attendent leur candidat pour lui « garer » sa voiture, elle vient en booster : « écologie certes, mais histoire aussi de diminuer les frais de campagne ». Quand certains se perdent en phoning pour remplir des salles, toujours plus petites pour paraître pleines, elle préfère les apéros-débats où elle discute sans fard avec la vingtaine ou la trentaine de personnes venues pour cela et non pas pour entendre la messe. Sa soirée femmes du 8 mars à bord du MaryD, baie de la Moselle, en a fait bisquer plus d’un… qui n’avait pas eu l’idée. Bref, pas de faux-semblant chez Backes : le contact direct prime. Et souvent convainc.

Une certitude. – Alors, si l’élection au deuxième tour devait se jouer entre Sonia Backes, Bernard Deladrière ou Gaël Yanno, la certitude d’élire un ou une député(e) pro- France serait totale. Le reste, une question de génération !

M.Sp.


Les 12 candidats de la 1re circonscription

Dans l’ordre d’inscription au haut- commissariat :

1 – Alain Descombels, (suppléant, Elia Sione). 2 – Sonia Backes, (Jean-Gabriel Favreau).
3 – Philippe Dunoyer, (Annie Qaeze).
4 – Louis Manta, (Francine Baumann).

5 – Lina Balmelli, (Jean-Paul Glaudel).
6 – Charles Washetine, (Rolande Trolue).
7 – Michel Hanocque, (Xavier Chombeau).

8 – Gaël Yanno, (Sacha Benisti).
9 – Germaine Némia-Bishop, (Sonia Seiko-Hotere). 10 – Bernard Deladrière, (Eugène Ukeiwé).
11 – Philippe Gras, (Karen Lopez).
12 – Macate Wenehoua, (Angélina Piepe-Gargani).