Une planète chaude et à crédit

Depuis le 2 août, l’humanité a consommé la totalité des ressources que la planète peut renouveler en un an et elle vivra donc « à crédit » jusqu’au 31 décembre. Autre mauvaise nouvelle de la semaine, les scientifiques sont toujours sceptiques sur notre capacité à limiter le réchauffement à 2 °C…

Le premier calcul a été effectué par l’ONG Global Footprint Network qui note, avec le WWF, que ce moment charnière de « dépassement » intervient de plus en plus tôt (fin septembre en 1997) et que pour subvenir à nos besoins, il nous faudrait aujourd’hui 1,7 planète. L’ONG prend notamment en compte l’empreinte carbone, les ressources consommées pour la pêche, l’élevage, les cultures, la construction et l’utilisation d’eau. Et elle insiste : le coût de la surconsommation se concrétise déjà par les pénuries en eau, la désertification, l’érosion des sols, la chute de la productivité agricole et des stocks de poissons, la déforestation, la disparition des espèces… « Vivre à crédit ne peut être que provisoire parce que la nature n’est pas un gisement dans lequel nous pouvons puiser indéfiniment », s’alarment le WWF et Global Footprint.

Du mieux ?

Selon ces organisations, les émissions de gaz à effet de serre représenteraient à elles eules 60 % de notre empreinte écologique mondiale.Prenant en compte les dernières données scientifiques, Global Footprint recalcule chaque année la date du «jour du dépassement» depuis que ce «déficit écologique» a commencé à se creuser au début des années 1970. Elles notent néanmoins à ce sujet des « signes encourageants ». En effet, « malgré la croissance de l’économie mondiale, les émissions de CO2 liées à l’énergie n’ont pas augmenté en 2016 pour la troisième année consécutive », relèvent- elles. Et cela pourrait s’expliquer en partie par le développement important des énergies renouvelables dans l’électricité.

Seulement 5 % de chance de limiter le réchauffement à 2 °C

Malheureusement, l’heure n’est pas au triomphalisme, car en étant honnête, difficile de croire en notre capacité à changer rapidement la donne. À ce titre une équipe de scientifiques basée aux États-Unis s’est récemment intéressée à nos chances de limiter le réchauffement climatique à 2 °C en utilisant des projections de croissance de la population pour estimer la production future et les émissions de carbone dues à l’utilisation d’énergies fossiles. Elle intègre aussi les efforts pour limiter l’utilisation des énergies fossiles sans prévoir pour autant un basculement massif, ou soudain, vers les énergies renouvelables. Et sur la base de ces données, l’augmentation de la température se situe, selon les chercheurs, entre 2 °C et 4,9 °C, avec une valeur médiane de 3,2 °C. De fait, nous aurions 5 % de chance de réduire le réchauffement à 2 °C et 1 % de chance d’atteindre l’objectif de 1,5 °C. Et cela supposerait « que l’intensité en carbone baisse bien plus vite que dans le passé récent ».

La communauté internationale s’était engagée, on le rappelle, à la Conférence de Paris sur le climat, en décembre 2015, à limiter la hausse des températures mondiales « bien en deçà de 2 °C » et à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5 °C », par rapport au niveau d’avant la révolution industrielle afin d’éviter les conséquences dévastatrices du changement climatique. Depuis longtemps les scientifiques estiment que cet objectif sera difficile à atteindre.

C.M.