Une pierre pour l’océanisation de l’école

Le gouvernement a officialisé, vendredi 10 mars, un livret de chant en langues océaniennes qui sera distribué dans toutes les écoles primaires. Cet outil pédagogique, réalisé en partenariat avec l’ALK et le Conservatoire de musique de Nouvelle-Calédonie, s’inscrit dans le nouveau projet éducatif calédonien et la volonté d’océaniser l’école calédonienne.

Une école plus en phase avec la société océanienne. C’est tout l’objectif du nouveau projet éducatif calédonien dans lequel s’inscrit pleinement ce répertoire pour les écoles primaires. Chants d’ici et d’ailleurs regroupe un ensemble de 18 chants, comptines et berceuses en langues océaniennes. On y retrouve l’anglais, bien sûr, mais aussi le wallisien, le tahitien ou encore le tojan, une langue parlée à Mallicolo au Vanuatu. Les langues kanak représentent une part importante des chants du répertoire, chacune des huit aires coutumières a sa place. On y retrouve des berceuses en nengone, païcî, ajië, xârâcùù ou encore en nââ drubea et des chants pour les plus grands en iaai, nyelâyu et en drehu.

La diversité des langues se retrouve également dans la nature des chansons. Certaines sont des berceuses traditionnelles, d’autres des chansons composées par des artistes contemporains qui se sont prêtés au jeu. Le partenariat, qui a réuni la Direction de l’enseignement, l’Académie des langues kanak et le Conservatoire, a permis de créer un outil complet adapté aux petites sections de maternelles aussi bien qu’au CM2.

Contextualiser les programmes aux réalités culturelles et linguistiques

Cette volonté de contextualisation de l’enseignement en Nouvelle-Calédonie répond à différents enjeux et notamment le développement d’une identité de l’école calédonienne, ainsi que la valorisation des élèves océaniens et de leur culture. Mais l’idée n’est toutefois pas de faire de l’enseignement des langues kanak. Il est plutôt question d’éveil ou de sensibilisation, y compris pour les enseignants.

Un important travail a été effectué sur le plan pédagogique par l’ALK et le Conservatoire de façon à ce des personnes non locutrices et non musiciennes puissent tout de même s’approprier cet outil. « Il y a les traductions phonétiques et un CD audio pour nous aider, explique maîtresse Flavie qui recevait Hélène Iékawé, membre du gouvernement en charge de l’éducation pour l’officialisation du répertoire. Les enfants aiment beaucoup travailler dans d’autres langues, ça leur plaît vraiment et ils rentrent bien dedans. Pour la grande section, on ne fait pas vraiment de traduction, on raconte plutôt de quoi parle la berceuse. »

Un outil accessible au non locuteur et non musicien

Si le projet est aussi abouti, c’est aussi parce que le travail s’est échelonné sur plus de quatre années. L’ALK a largement contribué à la recherche des chants traditionnels dont la plupart appartiennent, par exemple, à des clans et ne peuvent être reproduits sans leur accord ainsi qu’à la traduction des textes en phonétique. Le Conservatoire a, pour sa part, mobilisé son département musique traditionnelle et son département intervention en milieu scolaire pour travailler sur la qualité musicale et la simplification des partitions, la contrainte étant que les chants soient accessibles à des non musiciens.

Les artistes sollicités, comme Tyssia ou Edou, ont également contribué de manière importante en donnant eux-mêmes des chansons, mais également en participant à un premier concert en 2013 et aux enregistrements. Les enseignants disposent ainsi d’un CD avec les enregistrements réalisés par les élèves des classes à horaires aménagés musique de l’école Amélie-Cosnier de Nouville, Lélé, Edou, Dubaan Kâbe, Tyssia et bien d’autres artistes qui ont partagé leur musique ou enregistré avec les enfants. Un deuxième CD est constitué des playbacks des chansons qui permettent d’accompagner les classes. Le fascicule contient également un livret pédagogique sur la musique, sa place dans la culture kanak et des liens bibliographiques et linguistiques en rapport avec les langues océaniennes. Le répertoire propose, enfin et surtout, dix-huit fiches cartonnées avec les partitions, les accords, les paroles et leurs traductions et d’autres éléments facilitant l’utilisation de l’outil par les élèves et leurs enseignants qui seront complétés par des animations pédagogiques et des actions de formation continue.

Pour les personnes intéressées, d’autres pistes audio ne figurant pas sur les CD sont accessibles via le site de la Direction de l’enseignement de la Nouvelle-Calédonie (www.denc.gouv.nc). Les pistes audio sont à découvrir dans le focus sur le répertoire Chants d’ici et d’ailleurs.