Une hygiène bucco-dentaire insuffisante

À l’occasion de la Journée mondiale pour la santé bucco-dentaire, nous avons voulu en savoir plus sur la situation en Calédonie. Les résultats sont alarmants par rapport à la métropole et démontrent une hygiène bucco-dentaire insuffisante.

Bien que la santé bucco-dentaire des Français se soit globalement améliorée au cours des dernières décennies, chez les enfants en premier (depuis 1987 le nombre d’enfants avec des dents cariées ou obturées a été divisé par quatre passant sous le seuil des deux dents touchées par enfant à 12 ans), la Nouvelle-Calédonie reste en queue de peloton. « Nous n’avons jamais fait d’étude concernant les adultes ou les adolescents. Les seules données dont nous disposons concernent les enfants et nous savons que les chiffres sont plus élevés qu’en métropole avec deux dents en moyenne cariées, traitées ou absentes chez les enfants de 12 ans », précise le Dr Hélène Pichot, responsable du programme de promotion de la santé orale à l’Agence sanitaire et sociale. Plus éloquent, en Calédonie, à 6 ans, plus de la moitié des enfants présentent des signes de gingivite (inflammation de la gencive) et plus de la moitié ont également une ou plusieurs dents temporaires ou permanentes cariées non traitées. « Plus embêtant encore, c’est la fréquence des caries dentaires non soignées. À 6 ans et à 9 ans, trois enfants sur cinq ont besoin de soins dentaires et à 12 ans, un enfant sur deux a besoin d’être soigné », ajoute Hélène Pichot.

Manque de consultation

En se référant aux chiffres de l’UFSBD (Union française des soins bucco-dentaires), qui vient de fêter ses 50 ans, la consultation de prévention est loin d’être un réflexe puisque 45 % des Français se rendent encore en cabinet pour une urgence et seulement 36 % sont conscients que les problèmes bucco-dentaires peuvent avoir une incidence sur leur santé générale. « En Calédonie, il n’y a aucune chiffre, mais ils sont sûrement plus élevés qu’en métropole. On sait juste que la consultation n’est pas encore assez systématique chez les enfants. À 6 ans, la moitié des enfants ne sont encore jamais allés chez le dentiste alors qu’il est recommandé de les emmener pour la première fois à partir de 3 ans », explique le médecin.

Les inégalités sociales en cause

Pour l’UFSBD et l’OMS, les inégalités sociales sont un véritable frein à l’accès aux soins dentaires, une réalité qui fragilise davantage les publics déjà précarisés. Selon le Dr Sophie Dartevelle, présidente de l’UFSBD, « près de 40 % des Français ne se rendent jamais chez le dentiste. Nous souhaitons une prise de conscience et des actions de la part des pouvoirs publics. » De son côté, le Dr Hélène Pichot avance qu’« on retrouve les mêmes inégalités de santé ici. Les enfants issus des familles les plus défavorisées, ressortissants de l’aide médicale versus couverture Cafat + mutuelle, sont deux fois plus touchés par la carie dentaire ».

Les autres raisons

Les chiffres sont donc plus importants en Calédonie qu’en métropole pour les enfants et sûrement pour le reste de la population. Cela s’explique, d’après le Dr Pichot, par « une consommation, ici, trop fréquente d’aliments et de boissons sucrés. Plus d’un enfant sur trois en consomme de manière quotidienne. » L’hygiène dentaire est également trop peu régulière. « Un tiers des enfants de 6 à 9 ans et à près de la moitié des enfants de 12 ans ne se brossent pas les dents tous les jours. » Enfin, concernant l’absence de recours aux soins dentaires, les services sanitaires sont en train d’étudier la question. Pour le Dr Pichot, « les conditions matérielles des usagers jouent pour beaucoup, mais il y a d’autres facteurs qui freinent le recours aux soins, comme la peur du dentiste ou le manque d’information sur l’importance de la santé dentaire pour la santé générale ».

C’est ainsi que depuis 2014 l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie coordonne le programme « Mes dents, ma santé » en collaboration avec les services sanitaires provinciaux, les organismes de protection sociale, les directions de l’enseignement et les professionnels libéraux de santé. Campagne annuelle de prévention, brossage dentaire supervisé à l’école, soins de prévention gratuits aux élèves de CP, autant d’initiatives qui sont mises en place auprès de la population jeune pour améliorer leur situation bucco-dentaire. « Et puis, c’est bien sûr avec la prise de conscience des parents que le capital santé des enfants est préservé », conclut le Dr Pichot.

C.S.

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Les effets d’une mauvaise hygiène bucco-dentaire

La santé bucco-dentaire est essentielle pour l’état général et la qualité de la vie. Une mauvaise hygiène peut entraîner des douleurs, des troubles cardio- vasculaires, du diabète, l’absence de sensation buccale ou faciale, un cancer buccal ou pharyngé, des infections, des tendinites chroniques, de la parodontopathie (affection touchant les gencives), déchaussement et perte de dents, et d’autres maladies et troubles qui limitent la capacité de mordre, mâcher, sourire et parler d’une personne, et donc son bien-être psychosocial.