« C’est quand même drôle pour une île de 270 000 habitants d’aller tous les ans chercher encore plus dans la poche des Calédoniens et d’avoir un quart d’une ressource mondiale qui vaut 100 000 dollars la tonne*. » Cette réflexion, formulée lundi par Nicolas Metzdorf, de Générations NC, résume une situation effectivement énigmatique. Les cours du nickel sont en plein boom, récemment portés par la guerre en Ukraine, mais les acteurs miniers locaux s’en réjouissent à peine publiquement, tout comme les responsables politiques.

De fait, souligne Générations NC, compte tenu de la fiscalité minière calédonienne, ce contexte favorable « ne bénéficiera pas aux Calédoniens ». Il ne bénéficiera pas non plus au budget de la Nouvelle-Calédonie pourtant au plus mal et pour lequel le gouvernement a prévu un « endettement historique de 200 % » et 30 milliards de taxations.

Le parti rappelle que les textes sur les redevances d’extraction et d’exportation sur le minerai brut dorment au Congrès depuis quasiment un an. À dessein, selon Nicolas Metzdorf. « On pense que les indépendantistes sont pieds et poings liés avec les multinationales. Qu’elles exercent des pressions sur eux afin de ne pas taxer le nickel. On disait que les prises de participation seraient une manière d’obtenir des recettes, finalement c’est plus une manière de tenir les élus politiques. » Nina Julié note au passage que les indépendantistes ont récemment fini par autoriser des exportations supplémentaires (NDLR + 2 millions de tonnes pour la SLN), mais se sont gardés de les taxer, ce qui devait être un corollaire.

Mais Générations NC n’épargne pas son propre camp. « Aucun des partis politiques indépendantistes et non-indépendantistes qui se sont succédé aux affaires n’ont fait adopter une fiscalité nickel qui profite à tous. »

La richesse des Calédoniens

Le parti plaide pour une redevance sur l’exportation du minerai de nickel brut non valorisé (hors usine offshore pays) avec une distribution des recettes directement aux Calédoniens. Ils proposent une redevance de type « royalties » utilisée dans de nombreux pays miniers, basée sur la valeur du minerai, le cours du LME et la teneur en nickel du minerai. La taxe serait à 7 % du prix de vente avec un plancher de 11 000 dollars la tonne, au-dessous duquel il n’y aurait pas de redevance.

Selon Générations NC, en se projetant sur une moyenne du LME à 20 000 dollars la tonne, cette redevance pourrait rapporter 3,12 milliards de francs et « environ 10 000 francs par Calédonien, ce qui n’est pas négligeable dans un contexte de vie chère et de baisse du pouvoir d’achat », souligne Cynthia Jan.

Plus largement, estime Générations NC, il faut sortir d’une gestion « infantile » de la ressource et faire en sorte que le nickel devienne « un symbole fédérateur » pour tous les citoyens calédoniens, sans exclusion. Cette proposition s’inscrit dans le projet de réunification calédonienne du parti, qui considère que le nickel doit faire l’objet d’une stratégie pays et non plus provinciale.