Point d’orgue à ce stade des « 10 jours pour Kanaky » organisés par la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) des mouvances indépendantistes contre la réforme du corps électoral pour les élections provinciales. Une marche a réuni mercredi 8 mai des milliers de personnes dans les quartiers sud de Nouméa.
L’événement a mobilisé les familles, la jeunesse en ce 8 mai férié, quelques heures après le passage du projet de loi constitutionnelle en commission des lois à l’Assemblée nationale, dans une ambiance plutôt festive.
Mais le message était bien là, symbolisé par une myriade de drapeaux Kanaky. Au son des baffles, régulièrement : « À bas la justice coloniale » entre autres morceaux de reggae et de kaneka. Régulièrement, quelques mots sont prononcés au micro pour « la liberté, l’indépendance ». Quelques voix s’élèvent : « Ici, c’est chez nous, ici c’est Kanaky ! », prononcés dans ces quartiers choisis.
Des milliers de personnes ‒ quasi exclusivement mélanésiennes et métisses ‒ 9 000 selon le haut-commissariat, entre 20 000 et 30 000 selon les organisateurs ont afflué de tout le territoire, du Nord à l’Île des Pins, pour prendre part à ce rassemblement et soutenir la cause.
Marie* est venue d’Auteuil avec ses enfants. « Je suis là pour eux, pour leur avenir, afin qu’ils aient un travail plus tard. Je leur explique pourquoi c’est important. Le peuple premier doit être reconnu. Pourtant, c’est encore difficile pour nous. » Esther et Marion, 25 ans, ont saisi l’occasion de « sortir de la maison, voir du monde et profiter de la bonne ambiance ». « C’est émouvant de voir tous ces drapeaux et d’être réunis aujourd’hui. »
Pierre, originaire des îles et habitant à Dumbéa, est aussi accompagné de sa famille. « Tout le monde est venu. » Il ne cache pas son bonheur. « Quand tu regardes les couleurs du pays, ce n’est pas un bon moment, c’est un magnifique moment ! Quand j’ai vu arriver les clans de la mer, j’avais les larmes aux yeux, ça me touche beaucoup. » Pour Pierre, la mobilisation est porteuse d’espoir. « C’est un jour important et le plus important ce sera quand on aura l’indépendance. Même si ça va mettre du temps, on y croit. »
La CCAT va continuer à mobiliser jusqu’aux 13 et 14 mai, jours de l’examen et du vote solennel à l’Assemblée nationale du projet de loi. Des manifestants s’étaient positionnés les jours précédents devant les gendarmeries du territoire, à proximité du Camp-Est, à la tribu de Tiendanite à Hienghène. Des manifestations contre le dégel ont aussi eu lieu à Paris ou encore à Montpellier.
Chloé Maingourd
