UNC : Financement inédit pour une étude sur la « paix inclusive »

Le laboratoire de recherches juridique et économique de l’Université de la Nouvelle-Calédonie (Larje) intègre, avec une enveloppe de 54 millions de francs, un projet de recherche international regroupant 20 partenaires universitaires sur les processus de paix inclusive.

Le concept évoque l’inclusion des citoyens dans les règlements de partage de pouvoir. Dans quelle mesure ils sont associés, consultés, perçoivent les différents compromis possibles, etc. Un mécanisme généralement fragile qui nécessite une réadhésion régulière, notamment avec le renouvellement des générations.

Le projet d’étude est financé par des agences de recherche canadienne, française, japonaise et britannique et se déroule sur sept terrains d’enquête présentant des sociétés divisées (religions, ethnies, etc.) qui tentent ou ont tenté de dépasser des situations de conflit pour arriver à des accords générateurs de paix : l’Irlande du Nord, l’Afrique du Sud, le Liban et la Bosnie-Herzégovine pour lesquels il existe déjà des travaux, puis Chypre, Mindanao aux Philippines et enfin la Nouvelle-Calédonie.

L’Université bénéficie d’un financement de près de 54 millions de francs sur un budget global de 170 millions. Il s’agit du budget de recherche le plus important obtenu en sciences sociales depuis la création de l’établissement.

« UNE CHANCE »

Le projet, prévu sur trois ans, a été lancé officiellement la semaine dernière en présence de trois chercheurs internationaux : Neophytos Loizides de l’Université de Kent au Royaume-Uni qui a initié le projet et travaille depuis deux décennies sur ces questions. C’est lui qui s’est rapproché de la France et a pris connaissance de l’histoire calédonienne : il a alors contacté le Larje, il y a un an et demi.

Le laboratoire a montré de quelle façon le cas de la Nouvelle-Calédonie pouvait contribuer au projet et la réponse, positive, est intervenue fin 2022. Également présents, Allison McCulloch de la Brandon University au Canada et Yuji Uesugi de la Waseda University au Japon. Les chercheurs ont rencontré les autorités institutionnelles et travaillé sur les questions de méthodologie avec l’équipe du Larje.

Au second semestre, une enquête va notamment être réalisée dans ce cadre sur le territoire par un institut de sondage. Les résultats feront l’objet de présentations annuelles au public et de publications scientifiques. « Clairement, ce projet de recherche s’inscrit dans les travaux de l’Université pour accompagner les évolutions institutionnelles de la Nouvelle- Calédonie, commente Anne Rouault, chargée de mission internationale auprès de la directrice de l’UNC, Catherine Ris. Et à ce titre, on devrait au travers des enquêtes produire de nouvelles données, notamment sur les dimensions de compromis éventuels auxquels les citoyens consentiraient ou seraient à même de consentir. »

Pour Anne Rouault, « c’est une véritable chance pour le laboratoire et pour la Nouvelle-Calédonie de travailler sur des questions de ce type avec des experts internationaux d’un très haut niveau qui ont des méthodes scientifiques déjà éprouvées et qui apportent aussi du détachement émotionnel ».

Chloé Maingourd

Photo : L’équipe du Larje avec les chercheurs internationaux. / © DR