Ce qu’apprennent les enfants en classe

De la maternelle à la terminale, un enfant passe environ 15 ans à l’école. Mathématiques, français, sport, langues… Que  contiennent les programmes ? Comment sont-ils adaptés à la Nouvelle- Calédonie ? Éléments de réponse.

« L’originalité du premier degré », indique Érick Roser, vice-recteur, c’est que la Nouvelle-Calédonie est désormais le point de départ de l’apprentissage en histoire, avant de s’élargir « sur l’environnement océanique, l’Europe et le monde ». C’est elle qui définit les programmes du cours préparatoire jusqu’au CM2.

À partir de la 6e, les contenus, s’ils sont adaptés locale-ment, deviennent nationaux. En ligne de mire, le brevet et le baccalauréat. « On ne peut pas échapper au fait d’avoir la même chose », poursuit Érick Roser, également directeur général des enseignements. Cependant, le contexte calédonien est pris en compte. « Ce ne sont pas vraiment les mêmes programmes qu’en Métropole, puisque des parties y ont été ajoutées, comme l’histoire contemporaine récente. »

C’est également le cas pour les sciences du vivant, la géographie. « On donne des outils aux enseignants pour que les supports qu’ils utilisent correspondent à leur environnement. On étudie le monde marin, oui, mais celui de la Nouvelle-Calédonie. » Même en mathématiques, les problèmes sont (ou devraient être) adaptés, « afin qu’ils aient du sens dans la vie quotidienne ».

SAVOIRS FONDAMENTAUX ET IMPORTANCE DE L’ORAL

À chaque début de cycle, les élèves sont censés avoir acquis des savoirs dits « fondamentaux ». À l’entrée en 6e, il s’agit, en français, d’être capable de lire un texte, d’en comprendre le sens, d’écrire, de savoir structurer et communiquer sa pensée. En mathématiques, de maîtriser les outils de calcul et de raisonnement, notamment la compréhension géométrique de ce qui nous entoure.

L’arrivée en seconde constitue un vrai changement. « Le collège, c’est encore la formation générale de tous les jeunes, ils doivent avoir le même socle de connaissances et de compétences. Au lycée, on commence à se différencier », même si une base commune est conservée en français, en histoire et en mathématiques notamment.

La création récente du Grand oral impose aux élèves de présenter un projet sur lequel ils ont planché toute l’année. « Ils doivent être clairs et en mesure d’argumenter quand on leur pose des questions. » Ce qui sous-entend d’avoir développé sa confiance en soi et appris à gérer ses émotions. « Les inspecteurs ont vraiment insisté là-dessus lors de la réunion de rentrée avec les enseignants : l’oral s’exerce dans toutes les disciplines. » Et, normalement, à tous les niveaux.

MIEUX COMPRENDRE LE MONDE

Les scolaires apprennent d’autres choses qu’il y a 30 ans. L’école sensibilise désormais à des thématiques tels que le gaspillage, la sécurité routière, la santé, et a la responsabilité de transmettre des connaissances culturelles à partager, estime Érick Roser. « On forme un vivre-ensemble, il faut que nos jeunes en aient des références. Et puis, il faut comprendre les enjeux qui se trament autour de l’évolution climatique et ce que cela va entraîner. Voilà ce qu’on veut que nos élèves aient compris, pour qu’ils regardent ce qui les entoure avec l’éclairage intellectuel de ce qu’on leur a donné à l’école. » D’où la mise en place, également, d’un cours de culture kanak et l’ouverture aux langues vernaculaires.

Outre les connaissances académiques, l’école doit apprendre aux enfants à réfléchir, considère le vice-recteur Érick Roser. / © A.-C.P.

ÉDUCATION AUX MÉDIAS ET ALLÈGEMENT DES PROGRAMMES

Le contenu est amendé en fonction des besoins, des changements sociétaux, de l’évolution des enjeux, des savoirs ou des compétences à renforcer : au célèbre « lire, écrire, compter », s’est ajouté, entre autres, « un temps d’éducation aux médias et à l’information », afin d’acquérir des aptitudes informatiques et numériques. Ou, complète le vice-recteur, « parce qu’on constate qu’il y a des manques, des oublis ou des parties qui n’ont pas été assimilées ».

Très sollicitée, l’institution a peut-être perdu de vue l’essentiel. En témoigne une baisse de niveau en mathématiques et en français. Cette année, la priorité est de se recentrer sur ces fondamentaux, en écho à une directive nationale. Une volonté de « simplifier les enseignements » et « d’alléger les programmes », explique Romain Capron, directeur de l’enseignement primaire, en « proposant des outils pédagogiques pour guider le personnel », dont la formation va être revue.

Une modification qui doit être formalisée en 2024, précise Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge du secteur. « Des groupes de travail vont plancher sur la façon d’amener au mieux chaque élève à acquérir ce socle de connaissances, ce qui va aussi dans le sens d’un allègement de la journée de travail afin de tenir compte du rythme des élèves. »

Anne-Claire Pophillat

Photo : La rentrée en maternelle, ici les Capucines à la Vallée-des-Colons, constitue le début d’un long cursus scolaire. / © A.-C.P.

 

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