Un référendum dans un contexte inédit

Les Calédoniens étaient appelés aux urnes dimanche pour un troisième référendum en trois ans. Ce dernier scrutin a été marqué par une très forte abstention, mais également par la prise en compte de la crise sanitaire et du déploiement important des forces de sécurité. Retour en images sur une journée malgré tout, historique.

Plusieurs jours avant le vote, des banderoles appelant à la non-manifestation ont fleuri un peu partout en Nouvelle-Calédonie. Un message entendu par les électeurs indépendantistes qui se sont très peu rendus aux urnes, notamment aux Loyauté.

Les électeurs sont arrivés tôt à l’école Marie Courtot au 6e kilomètre. Ils ont parfois attendu plus d’une heure sous un soleil de plomb. Cela a été le cas également aux Orchidées, à Logicoop, le bureau pourtant dédoublé de Daniel-Talon.

À Païta, la fréquentation a été très inégale selon les bureaux de vote. Très faible voir quasi nulle dans les tribus, comme à l’école Jean-Ounou-Cottin du secteur Saint-Laurent, Bangou et col de la Pirogue, mais régulière à l’Arène du sud, où le maire Willy Gatuhau tenait un bureau.

Suliana est venue votée avec sa sœur à l’école Perraud, située aux Villages de Magenta, où le Oui était passé de 42 % en 2018 à 52 % en 2020. Un peu par obligation. « Ce n’est pas si important pour moi, je souhaiterais l’entente et l’égalité entre tous et je trouve que le référendum n’arrange pas, il envenime les choses. »

La commune de Koumac gérée par Wilfried Weiss a perdu 88 voix pour le Non dimanche par rapport à 2020, montrant une relative stabilité entre les deux scrutins, mais l’abstention a elle bondi de 35 %.

Nicolas Metzdorf lors du vote dans sa commune. À La Foa, le Non a enregistré 95,38 % des suffrages. 1 774 voix contre 1 840 en 2020.

La différence est saisissante entre les deux scrutins de 2020 et 2021 à Gustave-Mouchet à Montravel. La longue file d’attente a laissé la place à une cours d’école vide. La faible participation a été largement favorable au Non, le Oui ne faisant que quelques points alors qu’il dépassait les 70 % l’an dernier.

Les forces de l’ordre ont été déployées sur l’ensemble du territoire afin de veiller au bon déroulement du scrutin. À Nouméa, des camions de gendarmes étaient visibles à de nombreux ronds-points, comme à l’Orphelinat, à Kaméré/Tindu et à Berthelot (photo). 2 000 renforts humains étaient présents dont 1 400 gendarmes.

Très faible mobilisation à Ko We Kara, bureau délocalisé de Lifou à Nouméa, où seuls quelques électeurs se sont rendus comme Marie-Hélène. Un rendez-vous qu’elle juge important. « C’est mon rôle de venir ici. Ce que je voudrais, c’est que tout redevienne comme avant, quand c’était calme. »

Dans les bureaux de vote, une attention particulière est portée aux mesures d’hygiène, notamment au nettoyage des isoloirs et des tables. Le troisième scrutin a été organisé dans un contexte sanitaire inédit. La distanciation et l’élargissement des horaires des bureaux ont également été mises en œuvre pour éviter au maximum les contacts entre les personnes et il était conseillé aux électeurs d’apporter leur propre stylo.

À Poya, faible participation au Nord, avec 27,26 % des 2 216 électeurs qui se sont déplacés, mais massive au Sud, où 171 des 191 inscrits ont déposé un bulletin dans l’urne.

À la mairie de Dumbéa, il y avait trois bureaux de vote comme les années précédentes et un flux continu d’électeurs tout au long de la journée. 62,29 % des inscrits sur la commune se sont déplacés. 10 925 bulletins Non ont été enregistrés contre 11 250 en 2020. C’est 96, 90 % des votes.

Dans le bureau de Saint-Louis à La Coulée (école de la Rizière), les électeurs étaient très rares. L’abstention a atteint 90,12 % sur 1 073 inscrits. Résultat : 72 bulletins Non et 20 bulletins Oui.

Au bureau délocalisé de l’Île des Pins et de Maré à la salle Anewy, à la Vallée-du-Tir, à Nouméa, l’ambiance est très calme, quelques électeurs arrivent au compte-goutte.

Vers 8 h 30, un premier bulletin a été déposé dans l’urne du bureau délocalisé de Belep à la salle Veyret à Rivière-Salée. Il est longtemps resté seul. Il faut dire que le taux de participation de l’île, 0,65 %, avec six votants, est le plus faible des 33 communes, suivi par Hienghène (1,17 %), Canala (1,38 %) et Pouébo (1,42 %).

À la salle Veyret de Rivière Salée à Nouméa, bureau délocalisé d’Ouvéa, certains ont bravé le mot d’ordre pour venir glisser un bulletin dans l’urne. « Ce qu’il se passe dans l’isoloir, c’est personnel, témoigne César. J’ai une vision pour mon pays et je veux l’exprimer. Je veux un pays où il y est la paix, le destin commun, le vivre ensemble. Blanc, noir, Oui, Non, il faut sortir de cela pour redonner confiance à nos jeunes. Et j’espère que mon vote va compter. »

Sonia Lagarde, maire de Nouméa, a clos les votes à 19 heures à l’hôtel de ville. Elle s’est dite satisfaite que les opérations se soient bien déroulées dans la capitale et que les Nouméens aient pu s’exprimer « sereinement ». Le Non s’est imposé avec 97,58 % des voix, mais il y a eu 1 000 voix de moins en faveur du Non par rapport à 2020, 32 329 contre 33 405. La participation est particulièrement forte dans certains bureaux, comme à ceux de l’école Mermoud, déjà champion du Non l’an dernier, où il fait cette fois plus de 98 % et 99 %.

Le scrutin s’est déroulé sous le regard d’observateurs de l’ONU et du Forum des Îles du Pacifique ainsi que des 252 délégués de la commission de contrôle. Ici, les observateurs du FIP lors du dépouillement des bulletins de vote à la mairie de Nouméa.

La soirée électorale n’a pas connu l’effervescence de l’année passée. Générations NC et Calédonie ensemble se sont retrouvés chacun dans leur QG en centre- ville de Nouméa. Seule Sonia Backès avait organisé une réception à l’hôtel de la province Sud avec retransmission de la télévision et surtout, un discours vers 21 h 15, dans lequel elle a partagé face à ses soutiens sa joie que la Nouvelle-Calédonie reste française.

Francis Lamy, président de la commission de contrôle, a annoncé les résultats définitifs du scrutin lundi matin au haut-commissariat. Il a évoqué une journée qui s’est déroulée dans le calme et a précisé que la forte abstention n’affectait pas la régularité et la sincérité du scrutin.

 

Anne-Claire Pophillat et Chloé Maingourd (© A.-C.P./C.M.)