Un raid dans notre immense lagon

Philippe Bru et Stéphane Bouquillard, prêts à relever le défi. Sur l’ensemble des destinations, la Nouvelle-Calédonie est jugée comme étant « la plus aventureuse ». / © C.M.

L’Asptt Nouméa glisse (ANG) et Défi Wind organisent, du 19 au 25 novembre en province Sud, la première édition du Défi Wind Pacific Ocean, une étape d’un circuit international émergent de longue distance (World Series) destiné à faire briller la discipline et des spots emblématiques. En raison de la crise requin, cette première sera resserrée sur des stars de la planche à voile. Visibilité garantie.

Le Défi Wind, pour les fans de wind- surf, c’est un peu le « Woodstock de la glisse », le plus grand rassemblement de riders au monde sur des courses longue distance, un festival organisé chaque année à Gruissan (Aude) qui célébrait cette année sa 21e édition avec 2 000 participants d’une cinquantaine de pays et une victoire du Calédonien Nicolas Goyard.

Pour les plus anciens, ce sont aussi les duels et autres traversées mythiques des années 80-90 organisés par Wind Magazine dans des endroits somptueux entre les stars du windsurf comme Robert Teriitehau ou Antoine Albeau, pour ne citer qu’eux. Ce sont ces défis qui ont d’ailleurs inspiré Philippe Bru (Gruissan Windsurf) et Gilles Debrix, alors rédacteur en chef de Wind Magazine, pour Gruissan dans les années 2000. Ils l’ont fait grandir, l’ont ouvert aux amateurs et aux autres disciplines, kite, wingfoil.

En 2020, un défi de « Superstars » s’est tenu au Japon préfigurant d’autres rendez-vous. Puis en 2022, des explorations internationales ont permis d’envisager le Défi Wind – World Series 2023, incluant six à huit épreuves par an (Corse du sud, Miyako Island au Japon, Cuba et Bonaire dans les Caraïbes, île Maurice, le sud Maroc).

AVENTURE

C’est dans ce cadre que Philippe Bru a atterri en Nouvelle-Calédonie. « Je me suis intéressé au territoire en raison du nombre de champions que vous sortez. Je me suis dit qu’il devait y avoir quelque chose d’intéressant ici ». Avec l’ANG, pionnière dans l’organisation d’événements d’envergure internationale (PWA, Bluescope Race) et sa présidente Stéphane Bouquillard, ils organisent en novembre 2022 une édition de repérage pour jauger la faisabilité d’une étape calédonienne en ouverture des World Series.

Sarah Hebert, Antoine Albeau, Matteo Iachino, Blanca Alabau, Pierre et Marion Mortefon, les jeunes Jimmy Thiémé et Basile Jacquin, quelques-uns des meilleurs de la planète, sont de la partie. Et c’est une réussite. « Le plus grand lagon fermé au monde » offre tout ce dont on peut rêver pour une épreuve XXL dans un nouveau format du type « Paris-Dakar des mers ». « Vous avez un lagon juste incroyable avec des marques naturelles, des îlots, des hauts-fonds, avec un vent qui permet des explorations sur des centaines de kilomètres », résume Philippe Bru.

La logistique est importante dans un lagon de 20 km de large pour une descente d’environ 150 km. Mais la Nouvelle-Calédonie offre une vraie capacité nautique et des balises naturelles. / © ANG, eyeflypacifique.com

La première saison se déroulera dans le lagon ouest du Mont-Dore à Boulouparis, en passant par le phare Amédée et Goéland. À cause de la crise requin, 25 athlètes parmi les meilleurs mondiaux et cinq VIP s’affronteront dans une formule « Superstars » uniquement en windsurf, qui permet de rester un maximum « hors de l’eau » (heureusement, puisqu’une campagne de « régulation des requins » est prévue à ces dates). Ils parcourront entre 60 et 100 kilomètres par jour. « Il faudra faire preuve d’endurance et d’esprit marin, prévient Philippe Bru. Rien n’est joué d’avance et même les meilleurs peuvent échouer. »

« CRÉER DU RÊVE »

La course sera retransmise en direct sur les réseaux mondiaux par le biais d’une « grosse production ». L’objectif des World Series est de captiver le public avec ces épopées, de promouvoir la discipline ainsi que les plus beaux endroits pour la pratiquer.

Une belle opportunité pour la Nouvelle- Calédonie qui pourrait renforcer sa place dans le top des destinations incontournables de la glisse. Sud Tourisme et Aircalin sont d’ailleurs partenaires. « Quelque part, on crée du rêve, lance Stéphane Bouquillard, on peut imaginer que la course devienne un produit de niche, avec des catamarans suiveurs. » Voyageurs par essence, les athlètes sont en demande. Et les foils augmentent considérablement le terrain de jeu. « On peut se permettre de proposer des choses complètement dingues puisque les limites sont minimes », explique Philippe Bru.

La promesse de primes importantes peut rendre ces dates attrayantes dans des calen- driers chargés. À terme, un titre pour la longue distance pourrait même être envisagé. En ce qui concerne les amateurs calédoniens, en 2024, le souhait est bien de mettre « du monde dans l’eau », de « repartir sur le projet initial », confirme Philippe Bru, avec des qualifications à Nouméa pour se frotter aux meilleurs du monde dans la partie exploration. Un vrai festival pourra alors voir le jour.

En attendant, pour cette édition, des rendez-vous sont prévus entre les athlètes et le public. Par le biais de la glisse, à nouveau, la Nouvelle-Calédonie met un pied dans l’un des plus grands événements sportifs mondiaux.

Chloé Maingourd