Un pas de plus vers la réhabilitation des sites miniers

Samedi dernier, les membres du Comité consultatif environnemental se sont donné rendez-vous sur la mine de Thio pour constater l’évolution des travaux de réhabilitation engagés depuis plusieurs années. Cette visite va nourrir les discussions dans le but de faire évoluer les pratiques imposées par le Code minier depuis dix ans.

Comment le Code minier a-t-il influencé le processus de réhabilitation des sites ? Où en sont les travaux et faut-il proposer des ajustements ? Pour répondre à ces questions, les neuf membres du Comité consultatif environnemental (CCE), des représentants institutionnels et associatifs se sont rendus sur le terrain le 1er juillet. La visite s’est déroulée sur la mine de Thio, berceau de l’industrie du nickel avec plus de 140 ans d’exploitation. « La-bas, cette activité a fait de gros dégâts sur l’environnement, mais aussi sur l’organisation sociale, explique Charles Washetine, président du CCE et élu Union nationale pour l’indépendance au Congrès. En 2013, il y a eu des accords signés entre la SLN et les habitants pour engager une importante réhabilitation. Depuis, des travaux ont été effectués pour améliorer la gestion des cours d’eau avec le curage ou des opérations de revégétalisation, par exemple. On veut maintenant voir où ça en est. Pour nous, Thio est un peu un site pilote ».

Exercice pédagogique

C’est la première fois qu’une telle initiative collective est menée. L’idée proposée par le WWF, membre du CCE, a abouti à cette visite pédagogique de terrain en présence des habitants de Thio, d’agents de la SLN, de la Direction de l’industrie, des mines et de l’énergie (Dimenc), du Bureau de recherches géologiques et minières et d’associations environnementales. La délégation a pu apprécier deux ouvrages de restauration opérés par l’industriel. La journée s’est poursuivie avec des conférences de la SLN, du Fonds nickel, qui a consacré un tiers de son budget à la réhabilitation sur Thio, de la Dimenc et de l’Observatoire de l’environnement (Œil). « Il y a eu un véritable exercice de clarification. La plupart des gens dans le CCE ne sont pas des experts de la mine. Or pour avoir des discussions techniques, il est important d’avoir un même niveau de langage et je pense qu’on a bien avancé, commente Jean-Sébastien Baille, directeur adjoint de la Dimenc et directeur du Fonds nickel. Maintenant, des discussions techniques vont pouvoir avoir lieu au sein du CCE. C’est plus facile pour se comprendre et proposer des ajustements si besoin ».

Le changement climatique en question

Pour Hubert Géraux, expert conservation et plaidoyer au sein du WWF, le bilan de cette rencontre est également positif. « C’est la première fois que je vois cet alignement possible entre tous les acteurs. La protection de l’environnement est une attente de la société civile et on a fait d’énormes progrès concernant la réhabilitation », estime l’ancien président du WWF. Même si les avancées sont notables depuis dix ans, la situation est loin d’être parfaite, notamment sur Thio où le passif minier est important.

Plus globalement, le WWF constate que « 90 % des forêts humides sur sol ultramafique (minier) ont été détruites. Pouvons-nous, par exemple, décider que nous ne détruirons pas les derniers 10 % restants et l’inscrire dans le schéma minier ? » Il se demande également si « les conséquences du changement climatique ont été prises en compte dans le dimensionnement des ouvrages construits. Il est important d’être efficace dans la réduction des empreintes, mais l’augmentation des épisodes pluviométriques liés au changement climatique peut changer les choses ».

Après ce travail de dialogue et de compréhension, les membres du CCE devraient pouvoir approfondir les discussions sur le sujet. « Nous allons formuler des recommandations pour nourrir le débat de société. L’idée est de rendre la mine plus respectueuse des hommes et de l’environnement. J’espère qu’on aboutira, vers octobre ou novembre, à un avis collégialement construit », précise Hubert Géraux.

V.G.

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