Au mois de mai, à Châteauroux, la sociétaire du Club de tir calédonien (Païta) a été sacrée championne de France de tir sportif de vitesse. Elle participera aux championnats d’Europe en septembre, en Grèce.
Première participation aux champion- nats de France, première victoire, à sa grande surprise. « Il y avait du niveau en face, je ne m’y attendais pas du tout. » Typhaine Marcon, 19 ans, s’est imposée dans la catégorie reine, celle qui rassemble les concurrentes de tout âge.
Un résultat d’autant plus prometteur que la nouvelle championne de France ne pratique le tir sportif de vitesse (TSV) en compétition que depuis deux ans. Elle est cependant loin de débuter dans la discipline : chez les Marcon, le tir est une affaire de famille. Sébastien, son père, est président de la ligue de Calédonie. « Il a pratiqué toutes les disciplines » ‒ au nombre d’une dizaine. « J’avais 12 ans quand il s’est mis au TSV. Ça m’a donné envie, j’ai accroché tout de suite. J’aime la sensation de bonheur, l’adrénaline. »
PRÉCISION ET EXPLOSIVITÉ
Seule variante où le tireur se déplace entre les tirs, le TSV demande des qualités physiques. « Maintenant, je suis explosive, grâce à l’entraînement. Au départ, ce n’était pas gagné… » L’entraînement au sprint et les nombreuses séances de musculation ont produit leur effet. « Je vais plus vite, j’anticipe beaucoup mieux les arrivées, je suis mieux placée. »
Pour la précision au tir, pas de secret : il faut de la répétition. Équipée d’un STI 2011 ou d’un Double Alpha 2011, Typhaine tire deux fois par semaine, à raison de 300 coups par entraînement. Un rythme nécessaire pour acquérir l’endurance nécessaire aux compétitions, où les concurrents tirent entre 400 et 600 coups.
LES CONSEILS D’UN CHAMPION DU MONDE
Les qualités de Typhaine ont été remarquées par Éric Grauffel, neuf fois champion du monde, tout comme celles de Dylann Saberi, qui a terminé troisième chez les juniors. « Dylann et moi, il nous a pris sous son aile. Maintenant, il nous entraîne, et il nous a recrutés en équipe de France pour les championnats d’Europe », qui auront lieu près d’Athènes au mois de septembre.
Pas le temps de profiter de l’été indien sur les plages grecques, Typhaine fera un aller-retour express pour revenir rapidement à sa deuxième année de licence en Sciences et vie de la terre à l’UNC.
Gilles Caprais
Dix disciplines, 2 000 tireurs
La ligue de tir de Nouvelle-Calédonie revendique
2 000 licenciés issus de sept clubs de tir, et rassemble une dizaine de disciplines : tir sur cible, Rimfire, 22 long rifle, très pratiqué, Bench Rest (gros calibre), tir à l’arme réglementaire… Un nombre conséquent. « Les Calédoniens sont des chasseurs, ils aiment les armes », résume Sébastien Marcon, père de Typhaine, président de la ligue et entraîneur de la sélection calédonienne.
Le TSV, réservé aux tireurs expérimentés
Le tir sportif de vitesse est « un marathon composé d’une succession de sprints de 6 à 40 secondes », décrit Sébastien Marcon. Sur des parcours (stages) reconnus à la dernière minute, les concurrents doivent atteindre
le plus rapidement possible des cibles fixes ou mouvantes (Poppers).
Le mouvement des tireurs impose des contraintes « énormes » au niveau de la sécurité. « On ne commence pas par le TSV. On y vient après avoir
fait une école de tir, après avoir suivi une formation. Les moniteurs et les arbitres sont formés par la Fédération. En Calédonie, on a tout ce qu’il faut pour s’entraîner pour le haut niveau », se félicite Sébastien Marcon.
La discipline requiert également un certain budget : les compétiteurs comme Typhaine ont une consommation de près de 30 000 cartouches à l’année.