Tout savoir sur la santé de nos jeunes

L’Agence sanitaire et sociale (ASS-NC) vient de publier le premier baromètre santé jeunes de Nouvelle-Calédonie. Cette vaste enquête a été réalisée auprès d’enfants et d’adolescents scolarisés, de 10 à 18 ans. On y apprend notamment que huit jeunes sur 10 jugent leur état de santé bon, mais que leur consommation d’alcool et de cannabis est importante ou qu’il existe un sentiment notable de mal-être chez une grande partie de la jeunesse. Décryptage.

Cette enquête a pour objectif de décrire les comportements des jeunes Calédoniens sur les thèmes suivants : activité physique et sédentarité, alimentation, santé orale, consommation de tabac, alcool, cannabis, mal- être, sexualité, comportements à risque au volant et violence. « Le but est de mieux comprendre les problématiques de santé de nos jeunes afin de permettre l’adaptation des politiques publiques dans leur ensemble et, plus spécifiquement, celles des interventions en promotion de la santé en direction de ce public, explique Laurence Huyghe, statisticienne et responsable de ce baromètre à l’ASS-NC. Il s’agit d’une première photographie afin de juger de l’évolution de la santé des jeunes et d’évaluer régulièrement l’impact des politiques de santé d’un baromètre à l’autre, idéalement tous les cinq ans. »

Un bon été santé général

La première partie se base sur les caractéristiques sociodémographiques et l’état général de santé. On apprend que les deux tiers des jeunes Calédoniens vivent dans un foyer biparental, recomposé ou non. 50 % déclarent vivre en ville, 16 % en tribu et 12 % en internat et qu’un jeune sur dix considère que sa famille a des difficultés financières. Au final, 80 % d’entre eux jugent que leur état de santé général est bon, voire très bon. On remarque tout de même une disparité : les filles affirment qu’elles sont en moins bonne santé que les garçons. « Sont-elles plus honnêtes ou plus préoccupées par les questions de santé ? On ne peut en avoir la certitude. C’est une piste de réflexion pour les prochaines études », précise Laurence Huyghe.

Activité physique et alimentation dans la moyenne

Selon le baromètre, globalement, la proportion de jeunes ne déclarant aucune ou une légère activité physique est faible (moins de 6 %). Les activités sédentaires sont plus importantes en province Sud qu’en province Nord. Le sport est moins important chez les filles. « La pratique des activités physiques est proche de ce que l’on trouve en métropole. Les jeunes paraissent toutefois plus sédentaires que dans les pays voisins », précise l’Agence sanitaire et sociale. Concernant leur alimentation et en regard des recommandations sur les bonnes habitudes, les jeunes Calédoniens ne prennent pas de petit-déjeuner assez régulièrement et ne mangent pas assez de fruits, de légumes et de produits laitiers. On note des disparités entre provinces. Ce sont les jeunes du Sud qui déclarent des habitudes alimentaires moins favorables. La consommation de boissons sucrées est comparable à celle observée en métropole. Les quantités n’ont pas, quant à elles, été recueillies lors de l’enquête.

Les dents, à surveiller

Si 85 % des jeunes déclarent se brosser les dents quotidiennement, on observe que 30 % se plaignent de problèmes bucco-dentaires et qu’un jeune sur 10 déclare avoir manqué l’école à cause d’un mal de dents dans l’année écoulée. De plus, moins de 50 % des jeunes sont allés chez le dentiste dans l’année. On constate également que les problèmes bucco-dentaires sont plus récurrents en province des Îles.

Les fléaux : alcool, kava, tabac et cannabis

Le baromètre confirme les multiples enquêtes réalisées par les services sanitaires. Près de 60 % des jeunes ont déjà expérimenté l’alcool et 40 % en ont consommé dans les 30 jours. C’est en province Nord que la consommation est la plus répandue (44 %). La quantité augmente avec l’âge, 11 % des 10-12 ans consomment occasionnellement de l’alcool, ils sont 60 % des 16-18 ans. « La comparaison à la métropole laisse penser que la consommation d’alcool est moins répandue en Nouvelle-Calédonie, mais que les quantités y sont plus importantes étant donné la proportion de jeunes déclarant avoir été ivres dans le mois (36 % des 16-18 ans). »

Concernant le kava, la consommation reste marginale (13 % des jeunes déclarent en avoir déjà consommé et 5 % dans les 30 jours). Pour la cigarette, si près de 70 % avouent être exposés au tabagisme de leur entourage, un jeune sur deux a déjà fumé, une proportion nettement plus élevée que dans d’autres pays (36 % en Nouvelle-Zélande et 22 % à Fidji). Enfin, pour le cannabis, environ 20 % des 10-18 ans déclarent en avoir déjà fumé et 14 % rapportent en avoir consommé au cours du mois précédent. 26 % des 16-18 ans déclarent fumer du cannabis de manière régulière. La consommation étant plus répandue en province Nord et Sud qu’aux îles Loyauté.

Prévalence au suicide inquiétante

Point sensible de l’enquête qui porte sur l’amitié, la solitude, les inquiétudes, la tristesse ou les idées suicidaires. Et il en ressort un sentiment de mal-être exprimé par une partie de la jeunesse. Bien que la grande majorité déclare avoir plusieurs amis proches (8 sur 10), ils sont moins nombreux qu’en métropole. Un jeune sur dix s’est fait du souci dans les douze derniers mois et près d’un jeune sur trois déclare s’être senti triste ou désespéré au quotidien. Un sentiment plus présent chez les filles que chez les garçons mais identique, quelle que soit la province. « C’est sur la question du suicide qu’il va falloir creuser au regard des données enregistrées. Elles sont plus importantes qu’en métropole », avance Laurence Huyghe.

Sur l’ensemble des 10-18 ans, 15 % déclarent avoir sérieusement envisagé de se suicider au cours des douze derniers mois (3 % en métropole). Toutes les provinces sont touchées, les filles étant beaucoup plus nombreuses (22 %) que les garçons (8 %). « Notons que les notions de suicide et tentative peuvent recourir différentes réalités propres à chacun. Cela est d’autant plus vrai dans un territoire multiculturel et plurilinguistique comme la Nouvelle-Calédonie, où les représentations sont hétérogènes et parfois métissées. Il convient de rester prudent sur les conclusions », prévient la statisticienne.

Une sexualité précoce

Le baromètre santé démontre que 4 jeunes sur 10 ont déjà eu des rapports sexuels. Ils sont 12 % des 10-12 ans, 32 % des 13-15 ans et entre 58 et 72 % des 16-18 ans. L’âge médian étant de 15 ans. La proportion est proche entre les trois provinces. 4 % des 10-18 ans avouent également avoir eu des rapports homosexuels et bisexuels. Enfin, entre 50 et 62 % utilisent systématiquement un préservatif masculin lors de leurs rapports sexuels. « L’entrée en sexualité semble être plus précoce que dans les autres pays comme la métropole, Fidji, le Vanuatu et Wallis- et-Futuna. En Nouvelle-Calédonie, 32 % des 13-15 ans ont déjà eu un rapport alors qu’ils sont 18 % en métropole et 12 % au Vanuatu, par exemple », précise le baromètre.

C.S. 

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