Toujours pas de président au gouvernement

Nouvel échec pour l’élection du président du 17e gouvernement. Comme lors de la précédente séance, les indépendantistes campent sur leurs positions. L’exécutif ne peut entrer en fonction et la Nouvelle-Calédonie semble se diriger vers une mise sous tutelle de l’État.

On s’en doutait : la deuxième tentative d’élire le président du 17e gouvernement a tourné court. Convoqué mardi par le haut- commissaire, Laurent Prévost, les membres de l’exécutif sont restés sur leurs positions. Les mêmes candidats ont été présentés, mais aucun n’a eu suffisamment de voix : Thierry Santa pour l’Avenir en confiance (AEC) en a recueilli quatre, Samuel Hnepeune pour l’UC- FLNKS et Nationalistes trois, tout comme Louis Mapou pour l’Union nationale pour l’indépendance (UNI). Calédonie ensemble a voté blanc. L’élection du président est donc une nouvelle fois reportée.

« Casser l’équilibre institutionnel »

Pour l’Avenir en confiance, la situation est problématique à plus d’un titre sur le plan institutionnel, économique et social. Comme l’a souligné Isabelle Champmoreau, membre du 16e et 17e gouvernement pour l’AEC : « J’ai envie de dire tout ça pour ça ! Tout ça après avoir fait chuter le gouvernement dans la précipitation, comme l’ont d’ailleurs reconnu certains élus indépendantistes, tout ça pour casser un équilibre institutionnel fragile dans cette dernière ligne droite de l’Accord de Nouméa au détriment de la vie quotidienne des Calédoniens ». L’AEC a précisé dans un communiqué que « le gouvernement actuel reste, par conséquent, en affaires courantes. Dans ce contexte, l’Avenir en confiance poursuit son action au service de tous les Calédoniens, notamment dans la gestion de la crise du Covid ».

« On poursuit les discussions »

Du côté des indépendantistes les discussions vont se poursuivre, selon le membre de l’UC, Gilbert Tyuienon. « Pour rassurer la population du pays, au niveau du FLNKS et avec nos amis du Palika, on poursuit les discussions. On est dans ce qu’a indiqué ce week-end à la télévision le président Wamytan. On prend le temps pour essayer de trouver les meilleurs équilibres possible ». Ce que n’a pas contredit Yannick Slamet, membre de l’UNI : « J’espère que nous allons nous réunir à nouveau très bientôt. Les discussions sont encore d’actualité, mais elles n’ont pas encore abouti, c’est pour cette raison qu’aujourd’hui, on est resté sur ce statu quo ».

Vers la mise sous tutelle

Avec cette situation, la question du budget 2021 de la Nouvelle-Calédonie reste toujours en suspens sachant que l’échéance approche. Il doit être voté par l’exécutif avant le 31 mars. D’ici là, s’il n’est pas constitué, le territoire sera placé sous la tutelle de l’État. Pour Yannick Slamet, « le budget est certes un souci. Le haut- commissaire nous a fait une information sur l’éventuelle mise sous tutelle, mais les délais sont très courts ». Selon Gilbert Tyuienon, « de toute manière, passé le 31 mars, la Nouvelle- Calédonie ne sera pas sans budget, ce sera arrêté par l’État ». Et de rajouter : « Cela fait tellement longtemps que nous ne sommes pas aux affaires du pays, que ce n’est pas un budget qui va changer les choses. À partir du moment où on sera à la manœuvre, les réformes seront menées. La gouvernance devra changer. Il faut donc laisser du temps au temps. Soyons rassurés en nous disant que, tôt ou tard, les choses seront réglées ».

D.P.

©C.M. DNC