Sonia Backes, secrétaire d’État : Macron assume la fin de l’impartialité

France's Secretary of State to the Minister of the Interior and Overseas Territories, responsible for Citizenship Sonia Backes (C) ajusts her glasses as she delivers a speech, flanked by her successor France's Secretary of State to the Prime Minister, in charge of the Social and Solidarity Economy and Associative Life Marlene Schiappa (R) and France's Minister of Ecological Transition and Territorial Cohesion Christophe Bechu (L) during a handover ceremony Hotel Beauvau in Paris on July 4, 2022. - French President reshuffled his government in search of a fresh start for his second term, dogged by his failure to win a parliamentary majority last month. While he finally ceded to public pressure by removing Damien Abad, facing a rape probe, there was little sign of a major renewal that could turn Emmanuel Macron's fortunes around. (Photo by Sameer Al-Doumy / AFP)

Lundi 4 juillet, La présidente de la province Sud a été nommée secrétaire d’État à la citoyenneté, un niveau de responsabilité inédit pour un élu calédonien*. Loyalistes et indépendantistes partagent la même analyse : le président de la République affiche plus clairement que jamais sa position, à la veille de négociations sur l’avenir institutionnel qui s’annoncent difficiles.

Comment interpréter la nomination de Sonia Backes ? C’est « la preuve de la place que le président de la République entend donner à la Calédonie » a déclaré la présidente de la province Sud qui, depuis Paris, compte « poursuivre son engagement au service d’une Calédonie entreprenante ». Les partis de la majorité présidentielle sont encore plus explicites. « En nommant pour la première fois au gouvernement un Calédonien, Emmanuel Macron vient montrer que notre place est bien au sein de la République », écrit Ensemble !.

« Elle obtient une faveur »

« Madame Backes a soutenu Emmanuel Macron. En retour, elle obtient une faveur, un poste. » Pour Jean-Pierre Djaïwé, secrétaire général du Palika, cette nomination est révélatrice. « Elle marque une volonté politique très nette de maintenir la Calédonie dans la France » de la part d’un président qui « ne s’inscrit plus dans l’esprit de l’Accord de Nouméa ».

À son sens, « l’impartialité de l’État commanderait que Madame Backes ne s’occupe pas du dossier calédonien », ce qui semble improbable. Les négociations sur l’avenir institutionnel sont-elles mal parties ? « Oui. Mais on veut reprendre les discussions. On souhaite que l’État joue son rôle pour trouver un terrain d’entente, la voie médiane. »

Outre-mer et Intérieur réunis, bonne ou mauvaise nouvelle ?

La secrétaire d’État à la Citoyenneté est placée sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. Le ministre délégué aux Outre-mer l’est également, désormais.

Pour le député Nicolas Metzdorf, « l’union de ces deux ministères est une excellente nouvelle pour notre territoire » du point de vue de la sécurité. Dans son communiqué, il établit carrément un lien avec ̀ Saint-Louis. « Gérald Darmanin, que j’ai déjà eu l’occasion d’interpeller sur les problèmes d’insécurité ́ à Saint-Louis, sera un excellent interlocuteur pour les Calédoniens. »

Daniel Goa, président de l’Union calédonienne, y voit plutôt une mauvaise nouvelle. « L’Intérieur est un ministère de rapport de force. Ça veut dire que Macron est en train de durcir le ton », ce qui annonce « un renforcement de la présence policière et militaire ».

Gilles Caprais (photo AFP)


Emmanuel Macron s’en tient aux résultats des référendums

À l’issue du sommet de l’Otan, jeudi 30 juin à Madrid, Emmanuel Macron a répondu à une question sur la position de la France dans le Pacifique. « La France a mené un processus inédit du point de vue des Nations unies et a pu clarifier sa place dans la région », a lancé le président de la République, pour qui « ces trois référendums ont confirmé clairement le choix des Calédoniens ».

« Nous avons maintenant cette vocation indopacifique qui est importante pour la France dans son entièreté, pour la Nouvelle- Calédonie et la Polynésie française, mais aussi La Réunion et Mayotte », a également déclaré Emmanuel Macron.

Gérald Darmanin en Calédonie le 26 juillet

Sur BFMTV/RMC, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé une visite en Calédonie en compagnie du ministre délégué aux Outre- mer, Jean-François Carenco. Les deux hommes arriveront le 26 juillet pour discuter de l’avenir institutionnel.

« Je veux entendre les questions qui se posent de la part de ceux qui étaient loyalistes, c’est-à-dire ceux qui voulaient rester français, mais aussi de la part des Kanak », a-t-il déclaré. On remarquera l’usage de l’imparfait, qui renvoie la question de l’indépendance au passé, la catégorisation d’une ethnie…