Sonia Backes : Pour qu’une génération France gagne largement le référendum de 2018 !

Candidate à la députation dans la 1ère circonscription, Sonia Backes a démarré sa campagne par la publication de Libre, un ouvrage dans lequel elle affiche sa « passion calédonienne ». Aujourd’hui, elle multiplie les réunions-débats à Nouméa et dans les Îles. La chef de file des Républicains du Congrès tient le référendum de 2018 « comme une chance, car cela fait 30 ans que les Calédoniens ne sont pas exprimés sur leur avenir ». Championne de la Calédonie dans la France, Sonia Backes déplore aussi que pour certains, lutter contre l’insécurité, c’est vouloir la guerre. « Pour moi, dit-elle, c’est laisser perdurer ce laxisme qui risque d’entraîner une explosion. »

Alors que certains veulent modifier la question du référendum, vous êtes, vous, favorable à ce que tout se déroule exactement comme prévu par l’Accord de Nouméa ?

Tout d’abord, je tiens à rappeler que l’Accord de Nouméa a été approuvé par 72 % des Calédoniens, donc je considère qu’eux seuls seraient en droit de le modifier et certainement pas quelques petits arrangements de couloirs. Par ailleurs, je considère ce référendum comme une chance. Une chance, car cela fait 30 ans que les Calédoniens ne se sont pas exprimés sur leur avenir. Une génération entière n’a encore jamais eu l’occasion de donner son avis. Mon obligation, en tant que députée, sera de rendre ce référendum incontesté et incontestable, puis de mettre toute mon énergie pour que les Calédoniens affirment très majoritairement leur attachement à la République.

Comment doivent, selon vous, s’organiser les discussions de sortie de l’Accord de Nouméa ?

Les discussions devront avoir lieu avant et après le référendum. Avant, il faudra traiter les questions qui ne relèvent pas du maintien dans la République : organisation du gouvernement, des provinces, clef de répartition, modèle de développement… Après, il faudra, sur la base de l’expression des Calédoniens, travailler sur les modalités d’inscription de la Nouvelle- Calédonie dans un titre non transitoire de la Constitution française et revenir sur le corps électoral.

Vous souhaitez donc revenir sur le gel du corps électoral ?

Oui, on ne construit pas un projet d’avenir sur la base de l’exclusion. Le gel du corps électoral nous a été imposé en 2007, ce n’est pas ce qui avait été décidé par les Calédoniens ; il est donc indispensable de revenir dessus. Il n’est pas acceptable que 30 000 personnes, qui ont fait le choix de vivre en Nouvelle-Calédonie, d’y fonder leur famille et d’y payer des impôts, soient exclues des décisions.

Au fil de vos réunions, vous dites que la lutte contre l’insécurité est une question de moyens, mais également de volonté et de courage. Qu’entendez-vous par là ?

Tout d’abord, je partage l’exaspération des Calédoniens face à l’explosion de la délinquance ces dernières années. Presque plus personne ne peut se prévaloir de n’avoir pas été touché, de près ou de loin, par un cambriolage, une incivilité ou une agression. Il faut que cela cesse et que la sécurité revienne dans nos quartiers. Je parle de volonté et de courage, car j’entends certains, notamment Calédonie ensemble, qui indiquent que prendre des mesures pour lutter contre l’insécurité, c’est vouloir la guerre. Pour moi, c’est tout le contraire. C’est laisser perdurer ce laxisme qui risque d’entraîner une explosion. Rétablir l’ordre pour tous en Nouvelle- Calédonie, c’est pour moi le meilleur moyen de préserver la paix et de construire sereinement l’après-2018.

Et concrètement, quelles mesures faudrait-il prendre pour cela ?

Pour inverser la tendance et sortir de la spirale infernale dans laquelle nous sommes engagés, il faut changer les mentalités. Pour cela il faut prendre un volet de mesures en même temps sur l’ensemble des sujets. Sur l’alcool tout d’abord, je souhaite la mise en place de bottle shops comme en Australie : on n’achète pas l’alcool comme un autre produit de base ! Ce qui permettrait de revenir sur les limitations d’horaires qui ne fonctionnent pas. Sur la délinquance des mineurs, avec la construction d’un centre éducatif d’insertion par le travail sur le modèle du service militaire adapté. Il faut également responsabiliser les parents. Ceux de délinquants récidivistes doivent se voir suspendre les allocations familiales. Et enfin, remettre de la présence policière dans les rues en les déchargeant de certaines tâches administratives. Il n’est pas acceptable qu’il y ait plus de 400 agents dans la police nationale et que seulement entre 8 et 12 soient présents sur le terrain, le week-end.

Alors que les cours du nickel stagnent au plus bas, les derniers indices économiques ne sont guère encourageants et la confiance des entrepreneurs ne revient pas. Peut-on encore inverser la tendance ? 

La politique économique menée par Philippe Germain et Philippe Dunoyer au gouvernement est un échec. Des prix toujours au plus haut et de multiples destructions d’emplois dans l’ensemble des secteurs d’activité. Il faut que cette politique de matraquage des entreprises cesse et que nous puissions redonner enfin de la visibilité et de la confiance aux entrepreneurs calédoniens, qui, je le rappelle, sont à 95 % des petites structures. Cela passe par une stabilité fiscale, une simplification des démarches administratives et des incitations à l’embauche par un dispositif d’allègement des charges sociales.

Coté nickel, Calédonie ensemble et les indépendantistes sont favorables à une prise de 51 % du capital de la SLN…

J’y suis fermement opposée. Il y a quelques mois, c’est l’État qui a sauvé la SLN. Si la Nouvelle-Calédonie avait été majoritaire, l’entreprise aurait fermé ou il aurait fallu multiplier considérablement l’impôt des Calédonienspourfairefaceàlacrise.

Si vous êtes élue le 18 juin, au sein de quel groupe siégerez-vous à l’Assemblée nationale ?

Je préside le groupe Les Républicains du Congrès. La droite républicaine est ma famille politique depuis mon premier engagement, car la seule à défendre sans ambiguïté la Calédonie française. Donc, évidemment, si les Calédoniens me font confiance, je siégerai dans le groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale. Néanmoins, dans la période actuelle, il nous faudra travailler en intelligence avec le nouveau président de la République et le Premier ministre, dans l’intérêt des Calédoniens.

M.Sp.